Arkallaz
Nous sommes le quatre décembre et Noël arrive à grand pas. Le froid s'est déjà installé dans chaque recoin de mon petit village, Arkallaz. Perdu au fond d'une montagne, le vent mord sévèrement chaque passant qui ose s'aventurer dehors. Pourtant, on peut voir un couple, bras dessus-bras dessous, faire du lèche vitrine, un groupe d'enfant épier les magnifiques jouets mis en exposition et une demi-dizaine de personnes qui vient de ressortir d'une boutique, portant en équilibre d'énormes paquets emballés de couleurs vives et brillantes. Tous ces habitants ont un grand sourire plaqué sur le visage et ils respirent la bonne humeur.
Étant petite, Noël était l'un des plus beaux jours de l'année ; car avec mes parents et mon grand frère, nous nous regroupions autour de la petite cheminée qui tombait en ruines et nous buvions du thé à la menthe en nous racontant des histoires à se tordre de rire. Mais, il y a dix ans, lors d'une année particulièrement difficile, il y eut un tragique accident. Les routes couvertes de verglas étaient très glissantes. Nous marchions le long du chemin ma famille et moi, je traînais les pied car j'étais fatiguée. Soudainement, un camion qui transportait le grand sapin qui serait exposé au milieu de la ville est arrivé très vite. Trop vite. Il n'a pas eu le temps de freiner et il a glissé. Il a massacré toute ma famille d'un seul coup. Je n'ai pu qu'assister à cette scène cauchemardesque dans un regard horrifié. Depuis cette funeste perte, je déteste Noël. Car à partir de ce moment-là, je suis devenue seule et les gens m'observent avec indifférence quand ils me croisent, alors qu'ils savent tous ce qu'il s'est produit. Comme je les hais tous, ils ne méritent pas de vivre ! Lorsque c'est arrivé, aucun habitant d'Arkallaz ne s'est inquiété de laisser une fillette d'à peine six ans se débrouiller seule. Pendant plusieurs mois, je suis restée enfermée dans la petite cave de la maison dans laquelle j'avais grandi. Je mangeais les conserves que ma mère avait préparées et je lisais les livres de mon père. Ce jour-là, je me suis fait la promesse de me venger.
Puis un jour, j'en ai eu assez de pleurer toutes les larmes de mon corps, donc je suis sortie de ce trou à rat et j'ai enfin revu la vive lumière du mois de juin qui m'inonda le visage. Il était temps. À cette époque, j'ai emprunté le sentier interdit qui plongeait droit au cœur de la forêt. Je me suis rendue dans une grande ville pour chercher un travail pour pouvoir survivre. J'étais une proie facile, et c'est pour cela qu'un groupe d'homme m'a recueillie pour me former. Ils m'ont appris l'art du combat, des poisons, de la survie. Bref, ils m'ont fait devenir une assassine. Je tuais pour leur compte et en faisant cela, je pouvais garder un tiers de la somme gagnée lors du meurtre. Je suis devenue la meurtrière la plus recherchée de cette immense ville mais jamais personne n'a réussi à m'attraper. Je n'ai jamais eu peur que les hommes qui m'avaient engagée me trompent car tout leur était bénéfique. J'agissais dans l'ombre et si j'ai réussi à atteindre ces capacités, c'est parce que je me donnais à fond. Je n'avais plus rien à perdre et je n'éprouvais pas la moindre once de pitié pour mes victimes.
Maintenant, je suis à Arkallaz et, dix ans plus tard, je vais enfin pouvoir faire payer leur cruauté de tous ces misérables villageois. Je dois commencer à préparer la première phase de mon plan : exterminer la majeure partie du village. Pour cela, je vais concocter un poison sans gout, sans couleurs et sans odeurs. Et pour cela, j'ai besoin d'l'aconit napel. C'est une plante violette qui peut faire jusqu'à un mètre cinquante de haut. À l'époque, elle était très utilisée pour tuer les loups. Mais comme deux à quatre grammes suffisent à tuer un homme adulte, c'est le poison parfait ! De plus, il n'existe jusqu'à ce jour aucun remède à cette toxine. Il me semble que nous sommes environ deux-cent-cinquante habitants. Donc il me faudrait environ sept cent cinquante grammes pour empoisonner le village entier. Si je glisse ce poison mortel dans le vin chaud qu'ils organisent cinq jours avant l'évènement tant attendu, deux tiers de la population pourrait être assassinée, en enlevant ceux qui ne boiront pas de vin chaud car ils n'aiment pas ou ils n'ont pas l'âge. Mais ceux qui en boivent devraient d'abord ressentir des picotements, puis ils auront des faiblesses musculaires et enfin ils s'écrouleront par terre à cause d'une tachycardie, d'une brachycardie ou d'asphyxie.
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Arkallaz
FantasyDans le petit village reculé d'Arkallaz vit une jeune orpheline dénommée Alia. Suite au terrible accident qui a tué l'entièreté de sa famille, la jeune fille démunie se fais rejeter par son village. 16 ans plus tard, elle revient à Arkallaz dans l'...