Elle vient en courant vers moi et elle m'attrape la main. J'ouvre la porte, ce qui laisse entrer de grandes bourrasques et juste avant de la refermer, j'ordonne de ne laisser personne d'autres entrer puis je claque la porte. Je ferme la clé et je la jette dans la neige où elle va se perdre à une vingtaine de mettre. Vu la quantité de neige qui tombe, elle sera vite introuvable. La petite fille blonde m'interroge du regard mais je l'ignore royalement et je la tire d'un coup sec devant moi pour la faire avancer. Elle étouffe un gémissement de terreur et doit courir pour parvenir à me suivre. En moins de quinze minutes, nous atteignons le hangar. Je lui donne deux couvertures dans lesquelles elle s'enveloppe et je prends un gros bidon d'essence que je fais basculer sur mon dos. Je vois dans son regard les questions qu'elle meurt d'envie de poser mais elle a la sagesse de se taire. À une vingtaine de mètres de la gare, je lui demande de me passer une couverture que je déchire en lambeaux. Je lui couvre la bouche pour qu'on ne l'entende pas crier et soudainement, elle essaye de fuir. Mais je l'attrape sans le moindre effort. Je l'attache du mieux possible et je la porte sous le bras comme un vulgaire sac à patates. Je grimpe rapidement sur le toit et je commence à l'arroser d'essence. Elle est encore trop jeune pour comprendre ce que vais lui faire subir mais son inconscient lui hurle de se débattre. Elle commence à pleurer à chaudes larmes, alors je lui dis :
- Allons, il est inutile de pleurer ma puce. De toute façon, il est trop tard maintenant.
Je lui enlève le torchon de la bouche. Elle prend une grande inspiration pour crier, mais rapide comme l'éclair, je sors le poignard caché dans ma botte gauche et je lui tranche la jugulaire. Une giclée de sang rouge imprègne la neige immaculée et je me frotte les mains couvertes de cette épaisse substance poisseuse. Cette sensation de pouvoir m'avait vraiment manqué. Je tiens le corps sans vie par les cheveux et je le jette par le trou repéré des jours auparavant. Il s'écrase dans une position impossible entre les villageois. Un cri horrifié se fait entendre et tout le monde commence à s'agiter. J'allume la torche emballée dans un torchon que j'avais déposé la nuit de mon arrivée et je l'allume. Je jette le flambeau par le même trou et saute du toit le plus rapidement possible. J'atterris dans l'épais tapis de neige et me relève sans peine. Alors que je m'éloigne à grand pas accompagnée par les cris d'agonie, l'explosion tant attendue arrive enfin. Dans un bruit assourdissant, je marche vers le reste du village avec un véritable sourire sur les lèvres. Derrière le braiser ardent, on peut apercevoir au loin un soleil rouge qui se lève.
Depuis cette rencontre, les jours ont passé à toute allure. La journée, je participe à de multiples tâches au village pour les préparations des festivités et la nuit, je me glisse sur la pointe des pieds hors de la maison. Discrète comme une ombre, je prépare le plus silencieusement possible le poison mortel et en deux nuits, j'ai déjà tout préparé concernant la grange, qui sera leur tombeau. Les jours se succèdent et nous sommes maintenant le vingt décembre. Demain aura lieu le vin chaud. Donc quand minuit sonne, je sors de la maison et je m'approche du grand pot où repose le vin, prêt à être chauffé. Je mélange le liquide violet avec le reste de la boisson jusqu'à ce que cela prenne une couleur homogène. Satisfaite de pouvoir enfin commencer ce génocide, je retourne me coucher. Le lendemain matin, nous installons encore des tables et des chaises, pendant que le groupe de musiciens fait des répétitions. À peine dix-sept heures sonnées, tout le village entier est réuni avec un verre de vin chaud à la main. Je peux voir des enfants courir partout en riant, qu'ils profitent, c'est bientôt leur fin à eux aussi. Ils ne perdent rien pour attendre. La soirée se déroule exactement comme je l'avais prévu. Alors que je danse avec un villageois, un faux sourire plaqué aux lèvres, le poison agit enfin et un premier villageois s'écroule par terre, pris de convulsions. On entend des cris d'effroi et les habitant tombent un à un en agonisant. Moins de vingt minutes plus tard, plus de deux cents cadavres gisent sur le sol neigeux. Les enfants sont en pleurs et le reste des habitants essaye de les calmer, ayant eux-mêmes des larmes qui coulent sur leur vissage paralysé de terreur. Pour me fondre dans la masse, je porte une fillette d'à peine quatre ans qui est devenue orpheline. Elle sanglote dans mes bras en bavant à moitié sur mon épaule. Comme je déteste les enfants ! Personne n'ose bouger, de peur de marcher sur un corps sans vie qui ne peut qu'être un ami, un voisin, ou un membre de sa famille. Peut-être commencent-ils enfin à comprendre ce que j'avais ressenti dix ans auparavant. Ils apprennent seulement maintenant ce qu'est vraiment un deuil. On peut compter soixante-trois enfants et dix-neuf adultes dont cinq hommes très costauds qui ne tomberont sûrement pas dans le prochain piège. Je me racle la gorge, sèche encore une larme invisible et je dis d'une voix claire :
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Arkallaz
FantasyDans le petit village reculé d'Arkallaz vit une jeune orpheline dénommée Alia. Suite au terrible accident qui a tué l'entièreté de sa famille, la jeune fille démunie se fais rejeter par son village. 16 ans plus tard, elle revient à Arkallaz dans l'...