Cate DiLoren
Je suis fille unique. Certains disent que c'est pour cette raison que j'ai un caractère aussi insupportable. Mon père, Gérald DiLoren, a été le roi du Royaume de Caterly pendant plus de quarante ans. C'était un bon vivant. Il aimait rire et prendre les choses avec légèreté. Il n'était pas du genre à dramatiser. Il savait faire preuve de beaucoup de sang-froid et n'avait jamais pris de décision sur un coup de tête. Les années l'avaient un peu enrobé mais il avait toujours gardé une certaine agilité, notamment lorsqu'il montait à cheval. Il avait des cheveux blonds mi longs et une barbe qui piquait lorsqu'il m'embrassait. Ma mère, quant à elle, avait un port de reine. Dès qu'elle apparaissait en public, tout le monde se taisait. Elle possédait une autorité naturelle que personne d'autre, à ma connaissance, ne détenait. A chaque fois qu'elle se montrait en public, j'étais éblouie par sa prestance et par ses mots qui frappaient toujours justes. Ce fut grâce à elle que l'idée d'être un jour reine me plaisait. Elle était mon modèle. Bien entendu, avec elle, tout n'était pas rose. Elle s'était donnée pour premier objectif de m'apprendre à me tenir droite. Mais, j'étais une piètre élève. Loin de s'avouer vaincue, elle fit appel à un professeur de danse classique. Je débutai la danse à mes sept ans et jamais ne m'arrêtais.
J'ai été éduquée de façon à pouvoir gouverner un jour. J'ai appris à monter à cheval, à manier l'épée ou le fleuret, à parler plusieurs langues.
Pendant mon temps libre, j'aimais me transformer en aigle mais mon père n'approuvait pas.
« Imagine qu'un chasseur te tue comme du vulgaire gibier ! Allons, ce n'est pas raisonnable de se transformer de la sorte ! »
Ma mère avait eu le même pouvoir et sur le désir de mon père, l'avait totalement abandonné. Je dus en faire autant. Pour cela, on m'enferma dans des corsets dont il était impossible de se dévêtir seul. J'ai beaucoup pleuré, j'ai détesté mes parents pour ce qu'ils me faisaient subir. Et puis un jour je me rendis compte que mon pouvoir avait disparu.
Toutefois, j'eus une enfance heureuse, couverte de cadeaux et de compliments. Ma famille et moi-même habitions dans un château qui surplombait la capitale de Caterly, appelée Coterly. De la fenêtre de ma chambre, j'avais la chance de voir toute la ville, avec toute l'effervescence qui caractérisait celle-ci. Nuit et jour, je pouvais observer le flot continuel de passants, qu'ils fussent habitants de la ville ou de simples touristes. D'autre part, les marchés qui se tenaient tous les matins de la semaine à différents endroits de la ville étaient pour moi une continuelle source d'émerveillement. Le port de la ville était également un endroit qui me captivait. Il m'arrivait d'entendre les histoires que racontaient les domestiques du château sur les bars du port. Les mauvaises fréquentations, des capitaines de navires qui n'avaient rien à perdre, des femmes qui se vendaient. Toutes ces histoires me faisaient frissonner. J'adorais me cacher derrière une porte de chambre, lorsque les femmes de chambres faisaient les lits. Surtout lorsqu'il s'agissait de Carmen. Elle avait toujours une histoire à raconter.
« Les filles, l'avais-je entendu dire un jour à ses collègues, connaissez-vous Bomen, le pirate aux milles épouses ? C'est un hors-la-loi qui écume les mers et pille les navires qu'il rencontre. Les marins racontent que ses bateaux sont reconnaissables entre tous et qu'ils font la frayeur de tous ceux qui naviguent. Et bien ce Bomen était dans l'une des tavernes du port hier soir. Et en partant, il a emmené avec lui une femme qui lui plaisait. Les gens racontent que cet homme a plus de femmes que l'année ne compte de jours... J'étais dans la taverne. Je l'ai vu. Il a du charme mais il a quelque chose qui me file la trouille. Si j'avais eu le courage de m'approcher de lui, il m'aurait peut-être choisi et je n'aurais pas eu aujourd'hui à m'occuper des draps de la petite peste de princesse ! »
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Les filles de l'aventurier Sombrero
FantasíaFrançois Sombrero est un aventurier, un baroudeur. Il aime le risque, frôler le danger. Il voulait une vie trépidante. Il l'a eu. Pourtant, rien ne s'est passé comme prévu. Il ne voulait pas se marier, il a épousé une reine. Il ne voulait pas d'enfa...