CHAPITRE 1

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Lorsque les secondes paraissent des minutes, les minutes des heures et les heures des jours ; vous touchez pour moi ce qui pourrait s’apparenter à l’enfer. L’enfer, c’est le mot qui décrit mon quotidien depuis des années maintenant. La mort est une connaissance, mais jamais elle ne m’a embrassée. J’ai pourtant cru, il y a un mois, que c’était pour moi l’heure de la rejoindre mais aujourd’hui il n’en est rien.

Un hurlement m’arrache à ce repos des plus appréciable, par réflexe je me redresse au plus vite possible. Tous mes sens sont en éveils, mais aucun ne m’appartient ; ma vue est floue, mon odorat imperceptible et mon ouïe n’est qu’acouphènes. Pourtant, je comprends que pour cette fois, le danger n’est plus.

C’est alors qu’à travers chaque parcelle de mon corps, une douleur innommable prend vie et me retire toute sérénité. Dans un élan de lucidité, je transfère mon poids du corps et tente tant bien que mal de me lever en m’agrippant comme je le peux à l’arbre contre lequel je me suis éveillée. Un vertige me secoue, un acouphène constant m’écrase le crâne et je sens tout mon corps se plier sous la douleur. De nouveau au sol, je rampe jusqu’à ce qui semble être une nacelle de vaisseau abandonnée, j’en attrape un morceau et le reflet du soleil sur le métal dévoile sous mes yeux un majestueux cauchemar.

Je reconnais les traits de mon visage, pourtant, devant moi se dessine une Navi. Complètement sidérée, j’essaie de me libérer de cette vision pour retrouver l’humaine que je suis en vain. J’observe mon environnement et découvre la forêt enchanteresse si populaire ; celle de Pandora.

Après avoir patienté quelques minutes, ou quelques heures je ne sais pas, je reprends doucement possession de mes moyens et arrive, malgré la douleur à me déplacer plus ou moins comme je peux. Chaque mouvement représente un effort, toutes mes sensations sont décuplées et je fais preuve d’un non-sens de l’équilibre affolant.
Malgré tout je reste pragmatique : je suis dans l’un des endroits les plus dangereux de l’univers ; je ne sais rien, je suis incapable de me déplacer ou de me défendre et si la situation n’évolue pas dans les jours qui suivent je ne donne pas cher de ma peau.

Après être retournée sur les lieux de mon arrivée je découvre un sac, avec quelques vivres et une arme blanche. Est-ce encore une expérience ?

Cela fait maintenant une semaine que j’évolue dans la forêt, j’ai par miracle trouvé un point d’eau non loin de la nacelle, et je survis grâce aux quelques vivres qu’il me reste.

Mon frère m’aurait incendiée pour avoir fait confiance en la forêt si rapidement mais je n’en ai pas eu le choix… Après deux jours, ma gourde était vide et je ne saurais expliquer comment ni pourquoi mais la nature m’a appelé à elle. Un chemin s’est frayé devant moi jusqu’au lac ou j’ai instinctivement plongé dans l’eau claire.

Aujourd’hui je dois trouver un moyen de me nourrir autrement qu’avec les vivres sinon je risque de manquer dans les jours qui suivent.
J’attrape le sac en toile dans lequel je glisse ma dague, ma gourde et ce que j’ai trouvé dans la nacelle qui pourrait me servir. J’attache mes cheveux, et renoue le bandage que j’ai su me faire autour de la poitrine lors de mon arrivée.

Passant la porte que je claque derrière moi, je quitte activement le camp pour revenir le plus tôt possible ; je ne sors pas la nuit, croyance que je tiens de ma mère : ceux qui évoluent dans l’ombre sont les plus dangereux.

Mon exploration porte ses fruits puisque je trouve en chemin une sorte de plant de baies dont se nourrissent quelques animaux. J’en ramasse deux poignées que je glisse délicatement au fond de mon sac en ayant pris soin d’en enlever ma dague. Je n’ai pas besoin de plus, je laisse le reste à quiconque en aura plus besoin que moi de toute façon je dois rentrer maintenant il faut que je prépare de quoi manger.

Sur le chemin du retour j’entends ce que je considère d’abord comme une hallucination, des brins de voix suivis d’éclats de rire ; puis je comprends que je ne rêve pas, il y a bien des gens près de la nacelle. Je décide de rester en retrait pour observer ceux à qui j’ai à faire.

??? : Je veux aller voir ce qu’il y a dedans !!

??? : Non Tuk c’est hors de question ! Tu restes ici !

La petite fille décide malgré tout de s’avancer vers la nacelle, suivie de près par ce que j’imagine être sa sœur et ses frères au vu de la différence d’âge. Avant que l’un d’entre eux ne l’attrape elle réussit à tirer la porte et se faufile à l’intérieur de mon refuge.

??? : Fais chier je vais me faire tuer à cause de vos conneries moi !

??? : Neteyam calme toi, je vais la chercher. Tuk ? Attends-moi j’arrive !

Tuk : Kiri !

La ferraille de la nacelle grince et quelques instants plus tard, la plus âgée des deux sœurs passe sa tête dans l’embrasure de la porte.

Kiri : Les gars, on dirait que c’est habité…

??? : C’est bon j’y vais !

Je retiens ma respiration et tout mon corps se tend.

Neteyam : Non Loak tu n’y vas pas, et les filles vous sortez tout de suite !

Celui qui s’appelle Loak tente de se frayer un passage à l’intérieur mais son frère agrippe son bras et l’oblige à reculer d’un regard menaçant. Les deux filles sortent alors de la nacelle et je me relâche enfin. Sous mes pieds je sens le sol s’affaisser légèrement et prie pour que personne ne m’ait entendu glisser.

Kiri : C’était quoi ça ?

Neteyam : J’en ai aucune idée. Rentrez dans la nacelle avec Kiri, Loak et moi allons vérifier les alentours.

Les filles s’exécutent et moi je prie pour rester bien cachée derrière mon buisson. J’ai passé toute ma vie cachée sur un vaisseau et j’ai réussi à me faire griller en 30 secondes sur Pandora, sérieux ?! Celui que je crois être Loak commence sa ronde et s’approche dangereusement de moi, je me fais la plus discrète possible et grâce à je ne sais quel miracle un animal sors des buissons plus loin ce qui lui laisse à penser que cet animal était à l’origine du bruit.

Loak : C’était un Equidius ! Bhaha t’aurais vu ta tête mon frère !!

Neteyam : Ah parce que la tienne était mieux peut-être ?

Loak : En attendant c’est moi qui aie affronté le danger !

Neteyam : Et c’est-

Kiri : STOP ! On devrait peut-être y aller avant que celui ou celle qui vit ici ne reviennent pour de vrai cette fois.

Les deux frères se regardent et le plus âgé souffle devient l’air malicieux de son cadet, puis la fratrie repars dans la forêt aussi vite qu’elle est arrivée. C’est bien beau tout ça, mais maintenant mon refuge ne vaut plus rien.

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Et voilà le premier chapitre de cette nouvelle fiction !
J'espère qu'il vous a plu, je sais qu'il est gorgé de paragraphes plutôt massifs à lire sur mobile (j'ai essayé d'aérer le tout) mais c'est beaucoup de description pour le moment, la suite est plus fluide.

N'hésitez pas à me faire quelques retours, j'en serais ravie :D

L'élue - Neteyam X readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant