CHAPITRE 3

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A demi inconsciente, je sens une paire de bras soulever mon corps et d’un dernier souffle je réclame Atika, que j’ai vu s’écrouler sous mes yeux.

Est-ce que je vais enfin revoir mon frère, là-haut ? Est-ce que c’était le moment pour moi de rejoindre la mort ? Est-ce que je reverrais Atika au paradis ? Est-ce que j’irais au paradis après avoir menti au système ? Est-ce que les détenus ont le droit au paradis ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête.

??? : Elle se réveille ! Vite allez chercher maman !

Quelques instants plus tard, des bruits de pas s’accumulent autour de moi et je sens un tissu humide se poser sur mon front. J’essaie d’ouvrir les yeux en vain et me résigne non sans mal, je suis à bout de force, bloquée dans mon corps, un pied dans la vie un pied dans la mort.

??? : Ne lutte pas contre toi-même, c’est tout à fait normal, tu vas reprendre des forces. Elle a besoin de repos, sortez de la pièce je vais veiller sur elle.

Je trouve enfin le sommeil, après de longues heures. Tout est dissocié, le temps n’a pas de mesure, il coule comme cette rivière dans laquelle les poissons dévalaient le courant. Qu’est ce que j’aurais aimé cette insouciance…

Mais lorsque dès ton plus jeune âge la vie est synonyme de mort il n’en est rien. Un sentiment profond nait au creux de ma poitrine, un sentiment d’injustice, de révolte. Jusqu’ici ma vie n’était que survie, et maintenant que je peux la vivre enfin, mon corps me fait défaut ? Il en est hors de question. Concentrée, je recrute toutes mes forces et ouvre enfin les yeux sur le visage d’un Navi penché au-dessus de moi.

Incapable de bouger je me contente de le supplier du regard, puis il s’éloigne et quitte la pièce. Plus tard, la voix de cette femme résonne dans la pièce et je vois enfin le visage de celle qui m’a soignée ces derniers jours.

        ??? : Bonjour, n’aies pas peur je vais juste te redresser pour t’aider à respirer.

Délicatement, elle se penche sur moi et passe ses bras autour de mon torse. L’un de ses enfants redresse ce contre quoi j’étais adossée et elle me lâche doucement. Je ne sens même plus la douleur…

??? : Je m’appelle Neytiri, tu es en sécurité au sein de notre foyer, fille d'Eywa. Mon fils, Neteyam, t’as retrouvée près de la rivière. Tu t’en souviens ?

Je me souviens de la rivière, de mon poisson, d’Atika… Comme un flash, je la revois me supplier à l’aide, souffrir, je revois les images du fauve qui lui arrache le dos. Soudant les larmes me montent aux yeux et j’essaie d’articuler difficilement.

Moi : Ati-… Atika… ?

Neytiri : Elle est saine et sauve, elle attend ta guérison depuis quelques jours maintenant. Tout va bien, tu l’as sauvé.

Une larme perle sur ma joue, j’ai réussi à sauver ma sœur. Ce que je n’ai pas réussi à faire pour mon frère. Ces souvenirs douloureux ravivent en moi une douleur atroce et en face de moi, je vois dans les yeux de Neytiri beaucoup de peine. Comme si elle pouvait ressentir à quel point j’étais brisée.

Neytiri : Tu as besoin de repos, mais au vu de tes progrès tu pourras bientôt parler de nouveau, puis reprendre ta vie.


Cela fait quelques jours depuis que j’ai repris connaissance, et mon corps revient doucement à moi. La douleur aussi malheureusement, je n’ose même pas imaginer l’état de mes plaies… Refaire mes bandages est un véritable supplice.

Tous les jours, les membres de la famille Sully se relaient pour veiller sur moi. Aujourd’hui c’est au tour de Neteyam qui entre dans la pièce et s’assoie par terre avant de s’adosser au mur. J’essaie de me redresser en me hissant sur mes bras mais immédiatement une douleur transperce mon biceps droit.

L'élue - Neteyam X readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant