- Stupides parents, stupide "potentiel", stupide école.
Noémie marmonnait ces mots dans sa barbe, tout en traînant péniblement derrière elle sa lourde valise aux roues abîmées.
Deux mois plus tôt, le premier jour des grandes vacances, elle avait reçu une lettre de la prestigieuse Académie Perdidit Animarum. Si ses parents, ravis d'apprendre que leur fille n'était pas qu'une "simple ado excentrique sans avenir", avaient presque sauté de joie à la vue du cachet officiel de l'école, elle, en revanche, n'avait cessé de supplier sa famille de ne pas l'y envoyer. À ses yeux, c'était un établissement prétentieux avec un stupide nom latin. Et elle avait déjà prévu de partir au lycée général de son secteur avec sa meilleure (et seule) amie, Sally.
Elle n'avait rien d'une "surdouée", d'après elle. Sa moyenne stagnait entre treize et quatorze sur vingt, quinze lorsqu'elle fournissait plus d'efforts à ses études.
Elle se doutait cependant, dès l'arrivée de la lettre, qu'elle n'avait plus aucune chance d'avoir une scolarité "normale" avec son amie. Depuis la création de l'Académie, aucun parent n'a jamais refusé d'y faire étudier sa progéniture. C'est une chance trop unique.
Les élèves qui en sortent obtiennent des métiers importants et gagnent bien leurs vies. Que demander de plus ?
- Je suis sûre que tu te feras une tonne d'amis là bas ! Avait affirmé la mère de la jeune fille, ses propos aussitôt appuyés par son père.
"Ouais. Bien sûr. Vous voulez juste vous débarrasser de moi en fait-"
Ensuite, elle avait dû dire "Ciao" à sa meilleure amie et choper un billet de train.
Et désormais elle était là, au milieu de la gare, avec sa grosse valise et son téléphone à la main afin de vérifier les coordonnées de son train, essayant de comprendre où elle devait se rendre.
"Wow. Merci pour ces indications très claires, SNCF. Vous auriez pû marquer "démerdez-vous", tant que vous y étiez."
Elle songea une seconde à essayer de foncer dans un mur, comme dans Harry Potter, mais décida que se casser le nez dès le jour précédant la rentrée scolaire n'était pas une bonne manière de commencer l'année.
Elle leva la tête vers les panneaux d'affichage. Comme elle était en avance, il n'y avait que l'heure de départ de son train marqué sur l'écran, pas le quai auquel elle devait se rendre.
Elle grogna, attacha ses longs cheveux châtains en un chignon lâche pour les empêcher de tomber devant ses yeux bruns, puis remit correctement en place sur sa veste en jean l'insigne reçue avec cette maudite lettre. C'était un pins orné d'une sorte de flamme argentée, sur lequel était gravé les initiales de l'Académie. Tous les adolescents désignés étaient dans l'obligation de le porter, sans plus d'explications.
- T'es perdue ?
Comprenant qu'on s'adressait à elle, l'adolescente fit volte-face. C'était un jeune homme semblant avoir son âge qui l'avait interpelée, et Noémie remarqua que lui aussi portait l'insigne de l'école sur son blouson, juste à côté d'un petit badge arc-en-ciel. Il avait la peau mate, des cheveux bruns et courts et des yeux verts.
- Ah, désolé de t'aborder comme ça... S'excusa plus timidement l'adolescent en passant une main dans ses cheveux. T'avais juste l'air complètement... Égarée.
- Oh. C'est si cramé que ça ? Lâcha Noémie.
- Un peu. Rit le garçon. Vu qu'on va au même endroit, tu veux qu'on fasse la route ensemble ? Je sais où aller.
"Suivre un inconnu dans une gare n'est jamais une bonne idée..."
- Okay.
"... Mais j'aime vivre dangereusement. Et il n'a pas une tête de tueur en série."
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L'Académie des Âmes Égarées {En pause}
FantasyL'Académie "Perdidit Animarum", un pensionnat français, est réputée pour son mode de sélection peu commun : les élèves choisis se voient reçevoir des lettres leur annonçant que leur "immense potentiel" leur permet l'entrée de cette école, tout cela...