Kinga

Chapitre 4

Alors que je passe sur le passage piéton, je crois apercevoir une de mes amies, Oriane. En lui faisant signe, mon téléphone tombe de ma main, je me penche au plein milieu de la route pour le ramasser.

Tandis que je suis baissée, je ne regarde plus autour de moi, la musique sur mes oreilles m'isole des lointains bruits urbains de la ville et je ne la vois pas arriver.

Pourtant, elle est là.

Elle non plus ne me voit pas.
Au coin de la rue, elle tourne et avance dans ma direction mais aucune de nous deux n'aperçoit l'autre.
Personne, ne peut empêcher de se dérouler les choses qui doivent arriver.
Les lois de la vie sont fixées, c'est ainsi.

Alors, ce qui doit arriver, arrive.
Elle me percute de plein fouet au niveau du bassin. Je suis violemment propulsée sur la chaussée.
Une dame, paniquée, sort de sa voiture en hurlant.
Je ne l'entends pas, ma vue se brouille, comme lors de mes états de transe, sauf que cette fois-ci, je me retrouve dans un vide total, sombrant dans l'inconscience.
La dure réalité de la vie me frappe désormais, au sens propre du terme.
J'ai lu beaucoup d'histoires et dans chacune d'elles, lorsque les personnages avaient des accidents ou autres, il était toujours dit, que sous le choc, ils ne ressentaient plus la douleur.
Ce n'est malheureusement pas mon cas. Malgré ma situation, je ressens tout, ma douleur semble même s'intensifier.

C'est terrible, c'est affreux !
Même dans un moment comme celui-ci, je ne peux m'empêcher de sourire en pensant que je viens de crier intérieurement les paroles du Roi Lion.

C'est les dernières pensées que j'ai avant de me perdre entièrement.

~ PDV Hanna ~

Nan !! Je ne veux pas le croire ! Je ne peux pas le croire !..

Diego m'a appelé tout à l'heure... Elle a eu un accident, avec une voiture...
C'est trop, je n'en peux plus, d'abord ma mère, la personne la plus importante à mes yeux, mon départ, et ma meilleure amie qui ..

Et si elle meurt ? Non ! Je ne dois pas penser négativement.
Je porte la main à mon cou et attrape ma croix en la serrant dans ma paume. Je ne suis pas croyante, j'ai toujours porter la croix car je trouvais ça "stylé", seulement, aujourd'hui, je prie et j'espère corps et âme que Dieu m'entend.
Qu'il m'entend comme j'entends encore la voix de Diego tremblant lorsqu'il m'a annoncé la... Tragédie.

C'est terrible, c'est affreux ! Si Kinga était là pour m'écouter, elle aurait sûrement rit devant cette phrase du Roi Lion.
Mais cette phrase ne suffit pas à me faire ne serait-ce que sourire.
Je suis bien trop triste.

J'ai envie d'aller voir Kinga. Mais je ne sais pas dans quel hôpital elle a été conduite, ses parents ne répondent pas quand je les appelle, ils déjà doivent être assez occupés...

Il n'y a personne chez moi, mon père m'a laissé quand j'avais 4 ans, je l'ai revu quelques étés. Ma mère m'a aussi laissé, pas de la même manière et ce n'était peut-être pas volontaire, mais je lui en veux. Elle me condamne à abandonner tout ceux que j'aime pour aller vivre dans un vieux trou paumé avec un père complètement fou.
Et maintenant, c'est ma meilleure amie qui veut partir, si elle meurt...

C'en est trop ! C'est trop dur ! Je ne peux plus le supporter, moi aussi je veux partir, je veux retrouver ma mère, et Kinga si elle y va.

Plus rien ne me retiens ici.

« Je suis libre comme l'air. »

Encore une de ces phrases Disney, décidément, elles sont imprégnées en moi. Je souris, plus légère.

J'avance vers ma chambre, me pose sur ma chaise et je commence à rédiger ma biographie sous forme de lettre.

~ PDV Diego ~

Nan ! Pourquoi elle n'est pas venue au rendez-vous directement ?
Elle ne serait jamais passé par là, elle n'aurait jamais eu d'accident.
Mais quesqu'il lui a pris ?

Marie, sa mère m'a appelé, elle pleurait, elle parlait vite, je ne comprenais pas.

Je sais juste que Kinga s'est fait renversée par une voiture, j'ai juste prévenu Hanna et depuis, je reste allongé sur mon lit.

Impuissant, c'est ce que je suis.
Et je déteste ce sentiment.

J'allume mon ordi et commence à écouter des musiques, une larme coule le long de ma joue. Je deviens nostalgique. Faut pas que je me laisse avoir, j'ai une réputation à conserver quand même !

Mais ici, chez moi, qui saura que j'ai pleuré et que j'ai peur ?

J'entends toquer à la porte puis le bruit de la sonnette me parvient.

~~ Ding-Dong ~~

Je sèche rapidement mes yeux, enfile un sweat noir et vais ouvrir la porte.

Une jeune fille m'attend toute souriante.
C'est qui déjà elle ? Je lui ai pas donné rendez-vous hier ? Ah si, peut-être, je l'a fais entrer sans même la regarder. Elle me suit et tandis que je me jette sur le sofa, elle reste debout face à moi.

Diego - Alors ça va princesse ?

Voilà, je sais plus comment elle s'appelle, je lui donne un surnom.

- Tu m'appelle "princesse" ? Est-ce que même on se connaît vieux ?

C'est qui cette fille ?

Diego - J'pense que oui, sinon, pourquoi tu viendrais chez moi ?
- Ptete parce que je suis juste la nièce de tes voisins et que je voudrai te demander du lait.

Je vois, elle est rebelle et elle sait répondre, elle a l'air sympa mais extrêmement chiante.

Diego - Bah dans ce cas, sers-toi, fais comme chez toi et si tu veux savoir, j'suis pas trop d'humeur à..
- Nan, c'est bon, j'ai pas envie de savoir. Mais merci quand même.

Elle sourit et passe derrière le comptoir pour chercher une bouteille de lait.
J'aime pas les gens qui ont réponse à tout.

Diego - Princesse ?
- Hum ?
Diego - Les bouteilles elles sont dans le garage.
- Ah tu peux me montrer please ?
Diego - Ouaip, c'est quoi ton nom au fait ?
- Karolina.

Je la regarde de plus près, elle est vraiment jolie en fait, de taille moyenne, brune aux yeux verts, avec de longs cils, la peau légèrement bronzée, elle est magnifique !

Lorsque nos regards se croisent, je tourne rapidement la tête et me dirige vers le garage. Je prends une bouteille de lait et ressors avant même qu'elle ne soit entrée.
Je lui tends son lait et la raccompagne jusqu'à la porte, j'ai pas envie de parler donc autant ne pas s'attarder.

Diego - Heureux d'avoir fait ta connaissance, n'hésite pas à repasser si tu as besoin d'autre chose.
Karolina - Ouais merci et au fait, c'est quoi ton nom à toi ?
Diego - J'm'apelle Diego, mais tout le monde m'appelle Chorizo. dis-je en souriant.
Karolina - Okey bah à bientôt Chorizo !

Sur ce, je referme la porte et retourne m'asseoir sur le canapé.
Elle est gentille, et plutôt simple, du genre naturelle, j'espère qu'elle va rester assez longtemps chez son oncle et sa tante.

Je remarque un objet sur la table basse, un téléphone, pourtant le mien est dans ma poche et mes parents n'auraient jamais oublié le leur.
Je vois, c'est le sien.

Apparemment, nous nous reverrons bien plus tôt qu'elle ne le pensait, je prends les clés sur le buffet, son téléphone et je sors par la même porte qu'elle a emprunté quelques instants plus tôt.