La rue pavée du quartier pavillonnaire était plongée dans la nuit. Raphaël portait son sac et son long manteau d'automne. Il franchit la porte de son appartement. Les épaules basses, il soupira de fatigue et jeta ses affaires au sol. Après avoir retiré son manteau, il se fit une infusion. Il poussa les battants de la fenêtre pour regarder le ciel étoilé et le parc de jeux inoccupés. Le calme régnait dans son quartier résidentiel, il adorait ce silence.
Dans cette douce atmosphère, la sonnette retentit. Il fronça les sourcils, ses parents ne devaient pas passer aujourd'hui, ni ses amis. Il se dirigea vers l'entrée et l'entrouvrit. Des enfants crièrent :
— Des bonbons ou un sort !
Raphaël regarda les petites créatures déguisées et leur sourit.
— Magnifique costume ! Attendez ici, je reviens, il alla chercher le saladier de bonbon qu'il avait préparé la veille.
— Tenez, les petits monstres ! Deux chacun ! Il tendit le récipient de confiseries aux enfants.
— Merci !
— Merci, Monsieur !
Les gamins piochèrent joyeusement dans les sucreries colorées. Ils remplirent leurs petits sacs et partirent.
— Au revoir ! Joyeux Halloween ! Les enfants lui faisaient signe alors qu'ils couraient vers une nouvelle maison.
— Oui, Joyeux Halloween, Raphaël referma son appartement.
Il s'assit sur son confortable fauteuil et prit une gorgée de thé. La sonnette retentit une deuxième fois. Il se lamenta jusqu'au seuil et poussa la porte avec un sourire poli.
— Des bonbons ou un sort !
— Thomas ? L'adolescent resta stupéfait quelques secondes.
— Oh Raph, c'est ta maison ? Le sportif mit ses mains dans les poches de sa veste rouge et blanche.
— Euh... Oui, je suis là depuis deux ans ! Enfin, je suppose que tu le sais puisque je n'ai pas déménagé depuis le début de la fac... Raphaël craqua ses doigts alors qu'il rougissait.
— Oui, je ne crois pas être déjà venu chez toi. Thomas parcourait la maison des yeux.
— Oh euh... Tu veux un verre ? Proposa-t-il, il sourit timidement et se décala de l'entrée.
— Non désolé, je fais le tour des maisons avec ma copine. L'étudiant indiqua la fille derrière lui.
— Bonjour, enchantée ! Elle tendit sa main vers Raphaël.
Raphaël l'analysa quelques secondes.
— Oh, euh, oui ! Enchantée ! Ça m'a surpris, je ne savais pas qu'il sortait avec quelqu'un. Le visage de Raphaël se ternit.
— Je veux bien des bonbons, Minauda la jeune fille en tendant les mains. Raphaël eut un sourire sans joie et lui apporta le saladier. Elle prit des bonbons et le remercia. Il murmura un « De rien » tandis qu'elle partait au bras de l'étudiant. Elle fit un geste de la main pour dire au revoir, mais son visage crispé en disait long, elle avait compris, elle savait. Les filles sont effrayantes.
Raphaël se précipita à l'intérieur et éteignit les lumières pour ne plus être dérangé. Il s'affala sur son lit, la tête dans les oreillers.
— J'en étais sûr. Il était trop bien pour ne pas avoir de copine... Il étouffa sa peine dans l'oreiller.
Il était allongé depuis plusieurs minutes quand son estomac gronda. Il traîna des pieds jusqu'à la cuisine et prépara un sandwich. Éclairé par les lampadaires de la rue, il mangeait en silence. Les larmes aux yeux, il finit son repas et rangea la table. Il s'arrêta devant son lit et se mit à pleurer. Cet amour qu'il avait caché par peur d'être jugé avait encore été à sens unique. Il en avait l'habitude, il n'en pouvait plus, pourquoi il ne trouvait personne comme lui. Un homme qui l'aimerait même si lui-même en était un. Ses larmes devinrent rageuses. Il frappa son oreiller et l'éventra. Des plumes volèrent dans la pièce. Il le lança et il s'écrasa mollement contre le miroir. Raphaël s'approcha petit à petit de son image. Il était décoiffé, encore plus que d'habitude. Son col roulé noir était parsemé de plumes. Il continua de se scruter, qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Trop petit ? Trop fin ? Cheveux trop noir, trop décoiffé ? Sa peau était-elle trop blanche, puisqu'il n'arrivait pas à bronzer ?
Il s'énerva, cela ne servait à rien de se regarder ! Il ne se trouvait que des défauts ! Il leva le point pour frapper son reflet. Il l'abattit et au lieu de sentir les coupures du verre ou la dureté du métal, il sentit comme de l'eau. Sa main plongeait dans une flaque. Les vaguelettes déformaient le reflet de la lune. Surpris et élancé, il se prit les pieds dans le cadre du miroir. Il plongea à l'intérieur. La dernière chose qu'il vit fut l'image pourpre de la lune tandis qu'il tombait dans le vide sombre.
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Un nouveau chapitre tous les samedis, Rejoignez l'aventure ! 🤩
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Début d'une nouvelle histoire ! J'ai hâte de connaître votre avis !😁
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État de manque - Oc Slash
RomanceRésumé : Raphaël est un étudiant curieux à la recherche du grand amour. Toujours porté par ses sentiments, il n'est jamais tombé sur sa perle rare. Après une nouvelle déception amoureuse, ayant perdu tout espoir, un événement étrange arrivera et le...