le Triangle d'or (titire provisoire)

Chapitre 8_ insomnie

La lumière du téléphone de Colin illuminait un visage souriant, couché sur un oreiller trop moelleux sur un lit inconfortable, il commençait à se faire tard et ses yeux se fermaient de plus en plus, peinant à se rouvrir à chaque clignement. Il discutait sur un groupe, pas n'importe lequel, son nouveau groupe.

"-Bonne nuit"

Il ferma l'application, recevant déjà par sa barre de notification d'autres messages lui souhaitant tout aussi une bonne nuit. Le garçon roula sur le côté, regardant le mur en face de lui, souriant. Ces dernières semaines avaient été un rêve, depuis que Raphaël, Léo, Loann, Arthur et Eve étaient entrés dans sa vie, les journées étaient devenues plus courtes et meilleures.Une simple après midi avec eux lui faisait oublier tous ses soucis, bien que le soir, seul dans son lit, tous ses problèmes refoulés l'étouffaient, l'arrachant à son sommeil.

À la seconde où il avait éteint son écran, la noirceur de la chambre autour de lui l'imprégnait, apportant avec elle les doutes et les tracas. Le monstre de son anxiété s'emparait de nouveau de lui, lui lacérant l'estomac de ses griffes de crainte. Un visage le hantait, encore et encore, parfois offrant une oasis de bonheur dans le désert de ses pensées, mais souvent se transformant en une tempête destructrice. Noah le regardait dans son esprit, lui souriait, lui faisait signe, avant que son visage se distorde en un orage de doutes tout le redirigeait vers lui, et c'était un supplice affreux pour Colin, qui devait tout endurer en silence.

Il tourna de nouveau, regardant le plafond. Il avait conscience de ses sentiments, il les savait vrais, mais il ne pouvait l'accepter. Que lui dirait Noah? Comment pourrait-il le regarder dans les yeux après ça ?

Après tout, Noah était son ami depuis toujours, ils avaient grandi ensemble! Il ne pouvait pas du jour au lendemain soudainement tout briser. Leur amitié était trop belle, trop précieuse. La perdre le briserais entièrement. C'était comme lui arracher le cœur à main nue, le laissant à genoux, saignant pathétiquement.

Il serra contre lui sa couverture, ultime consolation, avant d'essayer de rediriger ses pensées vers quelque chose d'autre. Mais tout le ramenait à lui.

Parfois il s'autorisait à s'imaginer heureux, tous les deux, main dans la main. Ils regarderaient le soleil se coucher, sans parler, sans se regarder, mais en sentant leur présence respective. Ils se sauraient toujours là l'un pour l'autre, et ce dans une relation plus intime qu'une simple amitié, plus belle. Colin regarderait Noah, sans parler, juste pour le plaisir de le voir, juste pour le plaisir de le savoir près de lui. Ces pensées volées le mettaient dans une attitude de bonheur intense, le monstre de son estomac ronronnant au rythme de ses désillusions.

Le fantôme d'un sourire était apparu sur le visage du garçon, alors que son esprit divaguait vers une paix méritée. Il souffrait du châtiment cruel de l'amour, qui l'éventrait avant de l'envelopper dans une sensation d'apaisement. L'amour lui faisait tant de mal, il ne savait pas s'il pouvait survivre sa torture. Mais en attendant, alors qu'une simple et fine larme coulait sur sa joue, il s'autorisait à rêver, à espérer, et à aimer.