3. La police s'intéresse à moi (ca craint encore plus !)

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Au lieu du cours de math, le prof nous permet de parler entre nous. Nous l'attendons. Je crois qu'il veut nous parler. Peut-être même insister pour que nous fassions un exercice de groupe avec la psy.

Ce n'est pas le cas de toutes les classes du lycée. Juste de la nôtre.
Enfin, la sienne. La classe d'Evan.
De ses camarades en deuil.

Je me tiens, silencieuse sur ma chaise. Mon voisin, Rom avale bonbons sur bonbons. Ça sent la menthe à m'en donner mal au crâne.

Au moins, ça ne sent pas le citron. Voyons le positif. Ça existe les hallucinations olfactive ? Je secoue mon visage et fronce les sourcils. Puis me frappe les joues du plat de la main.

Rom se tourne vers moi et me tend son paquet de bonbons.
" Tiens, le sucre ça aide."
C'est la première fois qu'il m'adresse la parole.

- Merci, je réponds d'une petite voix, que je trouve pathétique.

La fatigue et l'exaspération s'y mêlent. Rom à l'air de croire que je suis malheureuse. Il ne peut se douter que j'entends des voix.

Il hoche la tête et se détourne de moi, remontant de l'index ses lunettes à marge bord sur son nez. Rom est une armoire à glace qui a deux têtes de plus que moi. On pourrait le croire dans l'équipe de rugby ou de boxe, en réalité sa passion c'est Star Wars. Il fait partie de l'équipe nationale des bretteurs de sabre laser. Je ne lui ai jamais demandé s'il était dans le camps obscure ou non de la force. C'est évident qu'il a tout du gentil. Il a un cœur en or, le genre à sauver des animaux en détresse ou à me filer des bonbons.

Même si on s'ignore en temps normal, je l'apprécie.

" Rom, ça doit être horrible pour toi ! s'écrie Julianna. C'était ton ami.

Rom se cale contre le dossier de sa chaise et croise les bras.

- On ne parlait plus trop depuis le collège, répond-il à la fille qui nous parle. Je suis triste, mais vu ses dernières fréquentations c'était plutôt clair qu'il allait mal finir. Je pensais plus à la prison qu'au cimetière, néanmoins.

Rom remonte ses lunettes. La fille fait un "o" magnifique avec sa bouche. Choquée par la sentence de Rom ou par sa clairvoyance, je ne saurai le dire. Je plonge le nez dans mon livre de maths, mes cheveux font écran entre eux et moi. Dans moins d'une seconde, ils parleront comme si je n'étais pas présente. Passer inaperçue est mon super pouvoir.

- Mais... les lèvres naturellement roses (un rose framboise incroyable) de Juilianna se mettent à trembler. Tu ne peux pas dire ça !

Elle pose une main sur son cœur. Ses yeux se remplissent de larmes. Je ne sais pas si elle est émue ou si c'est feint.

- C'était notre ami ! Ajoute-t-elle.

Je n'ai aucune envie d'écouter cette conversation. Julianna est la déléguée et je sais qu'elle sortait avec Rom.

- Le tien peut-être. Ou même plus qu'un ami, Rom soupire.

- Mais...

- Je suis au courant, Jul'...

- Depuis quand ?

- C'est important ?

Il secoue sa boîte en carton mais rien n'en sort : fin des bonbons.

- T'étais jaloux ? elle le regarde avec crainte et j'ai l'impression un peu de fierté.

- Pourquoi ? grogne-t-il. C'était juste une fois, non ?

- Pourquoi tu n'as rien dit.

Ta copine te trompe avec un autre garçon, ce dernier disparaît des  conditions étranges. La police enquête dans le lycée... pas la peine d'être un génie pour comprendre :

- La jalousie est toujours un bon mobile,  je murmure pour moi-même.

Les deux se tournent vers moi :

- Qu'est-ce que t'as dit, Sam ? grogne Rom.
- Voyons Samantha, ça ne se fait pas ! se récrie Julianna.

Mince... je parle toujours trop.

- Désolée, dis-je sous ma masse de cheveux. C'est juste de l'humour.

Elle se penche vers moi, sa main aux ongles parfaitement manucurés se pose sur la page que je faisais semblant de lire.

- La police va nous interroger un par un, alors évite ce genre d'humour ! lâche-t-elle d'un ton glacial.

- Quand ? s'étonne Rom, devançant ma question.

- Maintenant. C'est pour ça qu'on a pas cours.

Aussitôt, deux policiers pénètrent dans la salle, accompagnés par le prof de math qui est aussi notre prof principal.

Je ne sais pas si c'est la fatigue ou l'impression d'être dans un mauvais film, mais je n'écoute qu'à moitié ce qu'ils racontent. J'ai l'impression que mon corps est entouré de ouate. J'entends mais de loin. Tout semble irréel.

😶‍🌫️😶‍🌫️😶‍🌫️

- Pensez-vous pouvoir nous aider, Mademoiselle Rossi ?

- Samantha, vous comprenez ce que vous demande les enquêteurs ? me demande le proviseur.

Je relève la tête. Qu'est-ce que je fais dans le bureau du proviseur ?
J'étais dans ma salle de classe, il y a une minute.

- Oui, je murmure.

- Vous acceptez ?

- Oui, je m'entends répondre. Vous voulez que je vous aide au sujet du meurtre de mon camarade de classe.

- C'est exact.

L'enquêtrice me fixe de ses yeux verts. Sa queue de cheval est si serrée que ça me fait mal de la regarder. Je me frotte la nuque.

- Pourquoi moi ? je demande.

- Vous savez pourquoi, Samantha. Vous êtes la seule à l'avoir vu avant sa disparition.

Je hoche la tête.
Oui, je sais.

- Si je suis la dernière personne a l'avoir vu, ça fait de moi une suspecte, je réponds.

Bon sang, mais tais-toi ! Tu sais combien de personne se sont fait arrêtée pour moins que ça ! hurle ma conscience.

- Vous êtes la dernière personne à l'avoir vu, pas la dernière à lui avoir parlé. Nous savons que vous n'avez rien fait. Vous n'êtes pas soupçonnée mais vous pouvez nous aider.

- Comment, je m'entends répondre comme un robot.

- En enquêtant de l'intérieur.

- Comme une espionne infiltrée ?

- Oui. C'est un peu hors norme mais nous pensons que vous pourriez nous être utile. Qu'en pensez-vous ? Nous allons également en parler à vos parents.

Je hoche la tête. Pas sûre de tout saisir.
Mais si je dis non, ça ferait de moi un véritable suspecte.

- Oui... bien sûr, tout ce que vous voulez.


This Ghost Is A Bad Boy (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant