Rohn

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CHAPITRE 20

Je claquais la porte, me demandant si j'avais fait le bon choix. La colère me submergeait au plus mes pas résonnaient dans le couloir. Je me devais de les protéger, c'était mon seul et unique but.

"Ramenez-vous bande de fils de putes !" criais-je pour attirer les Hunters.

Le manche de ma guitare dans la main droite et mon couteau de survie dans la main gauche, j'étais prêt à livrer bataille contre ces choses. Les trente minutes à tourner en rond m'avaient permis d'effectuer un plan. Je me baissa et éventra le cadavre du Hunter qui se trouvait dans le couloir. Je pris ses boyaux, les enroulant autour de moi pour masquer les odeurs et me faire passer pour l'un des leurs. Les cris des Hunters se rapprochaient de plus en plus, je me relevai alors.

"Pourvu que ça marche mon gars..."

Les Hunters arrivèrent du bout du couloir, je les voyais se monter dessus, certains sautaient de murs en murs. Dix mètres nous séparaient, mais aucun cri, les Hunters s'arrêtèrent tous en face de moi et deux d'entre eux se rapprochèrent. Ils me reniflaient en émettant des grognements et des claquements, j'étais terrifié, car le moindre faux pas, la moindre hésitation pouvaient me coûter la vie. Il ne me restait plus beaucoup de temps pour agir et éradiquer les Hunters présents dans le couloir où je me trouvais. Ils continuaient de me renifler, me tournant autour, émettant de plus en plus de grognements. Ils étaient six, il fallait absolument que je sorte de cette situation, j'ai donc pris mon courage à deux mains et enfoncé le manche de ma guitare tout droit dans la gorge du Hunter situé en face de moi qui s'écrase alors par terre. Celui derrière moi voulu m'attraper mais je pris mon couteau, lui transperçant l'œil droit avec en le propulsant vers ses camarades. Profitant du retard causé par le Hunter borgne, je couru vers les escaliers pour sauter à l'étage inférieur, ceux-ci ralentissaient les Hunters, qui se dérangeaient eux-mêmes pendant leur course. Je savais exactement où je devais aller, tout apparaissait logiquement dans ma tête. Ces couloirs que j'avais empruntés pendant plus de 2 ans maintenant, je les connaissais par cœur, me dirigeant tout droit vers la salle où devait se situer le scientifique. Une salle que seul lui pouvait accéder, celle située dans le sous-sol du bâtiment scientifique. Je courais, malgré l'écart qui se creusait entre la horde de Hunters qui me pourchassait et moi. Quand j'eus enfin atteint la porte menant au sous-sol, les Hunters étaient une bonne vingtaine à me courir dessus. Je fermais alors la porte, crachant mes bronches à cause de toute cette fumée que j'avalais chaque jour. Les Hunters s'encastrent un par un dans la porte, celle-ci était en métal pour mon plus grand bonheur. J'allumais alors ma lampe torche, avançant peu à peu dans l'escalier qui me mènerait à coup sûr dans la fameuse planque du scientifique. J'aperçus une lumière en bas, et un sifflement malsain, puis une voix.

"Entrez. Je ne mords pas."

Je me mis à découvert et comme j'avais prévu, cet enfoiré de scientifique était en face de moi.

"Permettez-moi d'en douter..." dis-je sarcastiquement.

"J'imagine que vous êtes là pour une raison ?"

Je hocha la tête, dégainant mon couteau pour l'informer de mon intention de le tuer.

"Oh... Je vois..." soupira-t-il, ne semblant pas effrayé de la situation.

"Je veux des réponses."

"Au sujet de ?" dit-il en souriant.

"Si vous me fournissez des réponses sur les choses qui se baladent dehors, je ne vous tuerais pas."

"Très bien... Suivez-moi." s'exclama-il, la voix tremblante.

Je le suivais, gardant mon couteau tendu vers lui.

"Ces choses, comme tu les appelles, étaient censés être l'évolution de l'humain. Plus rapides, plus forts, plus beaux... L'être parfait."

"Alors pourquoi ils ont cette gueule ?" dis-je en m'énervant.

"Le virus a commencé à muter, développer une conscience, il se développe dans le corps humain comme une simple grippe, les personnes infectées peuvent muter une minute après la morsure comme plusieurs heures. J'ai vu que quelque chose n'allait pas, je l'ai donc enfermé à l'arrière de ma salle de classe, dans le local. Mais comme tu le sais, je fais des cours du soir, c'est là qu'une jeune fille l'a trouvé. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais le virus s'est emparé d'elle, je l'ai donc enfermée dans un local qui était inaccessible par les élèves et les professeurs." expliqua–t-il, tout en faisant aller ses mains, comme pour me faire un cours.

"La jeune fille en question... C'était donc Mila ?"

"C'est ça, j'ai ensuite condamné la porte de la salle et j'ai transféré mes recherches sur le virus dans le local où nous nous trouvons en ce moment même. Une partie du virus est encore ici, enfermée de manière très sécurisée. Si tu veux le voir, tu peux, toi qui a l'air si curieux."

"Comment il a pu se propager à une telle vitesse ?"

"Je pense qu'elle a réussi à sortir du local par je ne sais quel moyen et qu'elle a infecté d'autres élèves, j'ai tenté de les enfermer également pour éviter que ça ne se propage... Mais ça a dérapé quand Alex est entré dans la salle où se trouvaient Mila et son amie. Il s'est transformé, la porte grande ouverte à donc fait qu'ils se sont échappés. Tu as tes réponses ?" Il avait un sourire narquois ce qui me rendait de plus en plus dingue.

"T'es en train de te foutre de ma gueule là ? Ta femme, c'était aussi un accident ?"

"Ma femme n'a rien à voir avec cette expérience !" cria-t-il.

Tout à coup, un Hunter se rua sur un grillage qui était à côté de moi, sa mâchoire arrachée et ses doigts limés.

"C'est qui ça ?"

"Cela ne te regarde pas."

"Arrête ces mensonges, tu te rappelles ce que j'ai dit ? Tu parles ou tu crèves." dis-je en plaçant mon couteau près de sa gorge.

"D'accord... A l'époque, je travaillais sur une autre forme du virus, c'est comme ça que je l'ai découvert. Malheureusement, à cause d'une erreur de produit que nous voulions tester sur lui, il y a eu une explosion, détruisant le bocal où il était enfermé. Ma femme a été touchée par des débrits de verres, ce qui a laissé une opportunitée au virus d'entrer par sa plaie. C'est elle que tu vois ici même."

"T'es vraiment un malade mental."

"Mais... Tu vois... J'ai réussi à travailler sur un variant de ce virus. Comme on dit, on soigne le mal par le mal. Un virus qui s'empare des peurs des êtres vivants pour se développer."

"Une atteinte aux fonctions neuronales ?"

"Exactement. La peur permet au virus de survivre, influant sur les synapses des êtres vivants, s'emparant des neurones, un à un..."

"Il est où ce virus ?"

"Ici même." dit-il en tenant une fiole dans sa main.

Une masse vivante, comme Venom dans les comics, essayait de trouver un chemin vers l'extérieur.

"Tu te fous de moi ?" dis-je totalement paniqué.

"Non, dis bonjour à ton ami le patient zéro."

Le scientifique injecta le virus dans le corps en décomposition de sa femme. En quelques secondes, une nouvelle mâchoire lui poussa, de nouvelles dents aussi tranchantes qu'un couteau de cuisine et ses doigts se transformèrent en griffes acérées.

"Putain mais c'est quoi ton délire !"

Je me recula, regardant la créature qui venait de se régénérer devant moi, elle me regardait avec ses yeux d'un ton mauve pastel presque blanc. C'est alors que le scientifique dévérouilla sa cage à distance, à l'aide de son téléphone portable. La créature n'attendit pas que la porte soit totalement ouverte qu'elle défonça la porte.

"Je te laisse faire connaissance avec elle, tu verras c'est une crème, enfin c'était."

Il quitta alors la pièce me laissant seul avec ce qui restait de son épouse, je n'attendit pas une seule seconde pour m'enfuir vers les escaliers par lesquels j'étais arrivé. Mais quand j'eus fini mon ascension et ouvert la porte, je vis la horde de Hunters qui me poursuivait quelques minutes plus tôt, à quelques centimètres de moi.

BLIND HUNT Où les histoires vivent. Découvrez maintenant