15 janvier 2021
Les stroboscopes l'aveuglent d'emblée. Les rayons colorés ricochent durement contre les murs et les meubles vernis. Du bleu, du rouge, du vert. Le ballet de la lumière est incessant, brusque, anarchique. Kylian ferme les yeux pour reprendre ses esprits ainsi qu'une profonde inspiration.
L'air humé est chaud. Le contraste avec le froid mordant du dehors offre à ses poumons une singulière et désagréable sensation de brûlure. Il suffoque. L'atmosphère est épaisse, lourde. Chargée des effluves de l'alcool et de la cigarette. Le regard qu'il jette l'instant d'après corrobore son intuition. On ne voit pas à deux mètres au-devant.
Autour de lui, la foule se presse et le bouscule. Les corps sont chauds, humides. Ils empestent l'euphorie, l'opulence, la débauche et les parfums de luxe. Ils se meuvent au rythme effréné de la musique. Des rires tentent de s'élever, de même que des cris, mais tous se meurent, terrassés par les ondes sonores de la stéréo.
Les basses profondes frappent jusque sur sa peau, en un incommodant picotement. L'ensemble lui donne une impression d'étau. Enserré par l'air trop épais, la foule trop dense et la musique trop forte. C'est tout ce qu'il exècre. Le bruit, le monde. Particulièrement en ce moment. Et son cœur qui s'élance contre sa poitrine comme s'il voulait en sortir ne fait que lui confirmer sa première impression : il n'aurait jamais dû prendre cet appel.
***
La vibration du téléphone sur sa table de chevet lui provoque un bref sursaut. Sortant laborieusement de sa léthargie, Kylian prend le temps d'une bonne minute avant de s'éveiller complètement.
Ses paupières papillonnent faiblement dans la nuit noire pour ne rencontrer que l'éclat légèrement bleuté de son cellulaire. Une lumière froide, désagréable, qui rayonne sur sa peau de même que sur la manche du son sweat-shirt trop ample. Ce dernier point le trouble. Il tente de sortir du brouillard.
C'est la troisième fois cette semaine qu'il s'éveille de la sorte : vêtu de ce qu'il portait la veille. Ses sens lui reviennent péniblement. Il cligne plusieurs fois des yeux avant de soupirer.
À présent, il se souvient. L'énergie qu'il a mise dans chaque effort, sa hargne sur le terrain, l'application dans chaque geste, sa détermination jusqu'à l'extrême.
Tout lui revient.
Les entraînements dans lesquels il a plongé pour tout anesthésier, frôlant presque la noyade. Les douches bouillantes, interminables, puis les longs trajets en taxi, dernière étape de sa lutte avant d'enfin s'abandonner à un sommeil blanc, vide, silencieux...
Oui, cela fait trois nuits que le schéma se répète. Or, c'est bien la première fois que dehors, à son réveil, le monde dort encore.
Il fronce les sourcils d'incompréhension avant de se saisir de l'objet du délit. Un coup d'œil en haut à droite de l'écran lui indique l'heure.
3 h 46
Bordel.
Kylian jure entre ses dents, pinçant l'arête de son nez. Il est exaspéré. Agacé. Parce que maintenant, son cerveau est allumé, à 3 h 46 du matin, et que déjà, ses pensées reviennent, de même que ses angoisses.
Il aurait espéré un répit plus long.
De colère, sa main gauche resserre la pression sur son cellulaire. Il songe un instant à le balancer à l'autre bout du lit, avant d'aviser, d'un ultime regard, l'identité de la personne ayant mis un terme à sa quiétude.
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Écris-moi (Giroud x Mbappé)
FanfictionUne inscription sur un site de rencontre. Une photo. Un regard. Un message. Une discussion et un désir. Ce putain de désir, qui vous consume. Vous obsède. Vous rend accro. Malade. Malade parce qu'il y aurait cette pensée. Ce refrain entêtant. Cette...