1 : Belgique rendez-vous en terre inconnue

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Justine, c'est moi. Qui d'autre? 

J'ai de longs et soyeux cheveux chocolat qui frôlent les fossettes du bas de mon dos, les yeux en forme d'amande couleur noisette, des traits dont l'élégance réside dans leur simplicité. Je suis passionnée de sport, le football et la formule avant tout. C'est pour cela que lorsque Matthias, un de mes amis, m'a annoncé qu'il m'offrait deux places pour le GP de Belgique, j'ai sauté de joie. Mais pas trop, parce que c'est la crise: après de rapides calculs supervisés par une autre de mes amies en prépa scientifique (nous l'avons extirpée de sa cave pour ce fait), nous avons conclu qu'emprunter ma twingo nous conduirait à nous échouer quelque part au milieu de la frontière belge, à rad d'essence. La crise, voyez-vous: les deux Vladimirs nous l'ont fourré bien profond.

Nous décidons donc de prendre le train. Le voyage se déroule bien, je m'endors alors que le paysage défile sous les fenêtres, en une mosaïque de vert et de bleu.

Soudain, un bruit bruyant me tire violemment des bras de morphée "MESDAMES ET MESSIEURS NOUS SOMMES AU TERMINUS VEUILLEZ EVACUER LE TRAIN" *avec un accent belge*. Ah  l'accent belge, je pense que je vais pas tenir 2 jours sans bouchons d'oreilles. Je finis de lire tranquillement ( on reste en Belgique j'ai encore 2 ans pour sortir du train) la fanfiction wattpad du papillon qui tombe amoureux de Ronaldo, c'est si bo j'en ai les larmes aux yeux. Si seulement une histoire aussi belle pouvait m'arriver...  

A la descente du train, la gare grouille de monde, des cris fusent d'un bout à l'autre du quai, c'est la bousculade des valises à roulettes et des gamins brailleurs. Moi et Matthias arrivons à nous extirper de cette jungle belge avec quelques égratignures sans plus; il sort son téléphone de sa poche et commence à scroller, les sourcils froncés, tandis que nous empruntons l'escalator.

- Qu'est ce qui t'arrives? je demande alors que nous passons devant la boulangerie PAUL, dont les effluves alléchantes réveillent le syphon qui me sert d'estomac.

- Attends, je suis en train de vérifier un truc... ouais, la vache. Ca va nous prendre trois quarts d'heure, d'ici à l'hôtel, Matthias soupire en rangeant son téléphone.

Je grimace. 

- Ca aura le mérite de nous remettre en forme. Viens, on va se prendre un truc.

Je sens le regard pesant de Matthias sur moi alors que je me range dans la file d'attente devant PAUL, mais je refuse de lui accorder considération. Venant d'un type qui fait trois cent kilos, c'est pas lui qui va me donner des leçons culinaires. 

Nous prenons un casse croûte pour la modique somme de trente-cinq euros, soit le prix d'un billet de train, et nous mettons en route.

La ville de Bruxelles est tortueuse et battante, et après une errance hazardeuse dans les rues de la capitale, nous arrivons enfin devant le signe clignotant de l'Ibis. Mes jambes me font mal et mon dos est meurtri du sac à dos dans lequel je transporte tous mes manuels scolaires (j'ai fais STMG durant ma jeunesse, j'ai beaucoup de culture générale à rattraper et je profite fréquemment de mes vacances pour ce faire).

La dame d'accueil, une rousse joufflue, nous dirige vers notre chambre, non sans nous avoir prévenu qu'il risquerait d'y avoir pas mal de va et viens, l'hôtel étant pris d'assaut suite au GP. Je hausse les épaules.

- Les touristes, je soupire en secouant la tête, lui lançant un regard compatissant.

Montés dans la chambre tamisée, je me laisse tomber sur mon lit avec un soupir de soulagement. 

- A quelle heure c'est, demain?

- Dix-sept heures, répond Matthias qui se dirige déjà vers la salle de bain, ce gros crasseux, ça nous laisse le temps de faire un peu de tourisme.

Il s'enferme dans la salle de bain et j'entends le jet de douche s'allumer. Je ferme les yeux. 

L'été où je suis devenue célèbre || PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant