Chapitre 6. Le bon samaritain

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Dans le taxi qui la ramenait chez elle, Claire priait.
-          O Seigneur, aidez-moi à trouver les bons mots pour leur annoncer que leur gendre et fils est mort. Donnez-moi la force ! J'en ai tellement besoin !
Le chauffeur regardait dans son rétroviseur cette jeune femme qui semblait si faible, si triste mais en même temps si sereine. Quel était son secret ? Cette lumière qui illuminait son regard pourtant si mélancolique. Il rêvait de lui demander si tout allait bien mais n'osait pas. Alors quand il vit deux larmes tracer un sillon sur son visage, il sauta sur l'occasion.
-          Mademoiselle, tout va bien ? Vous semblez perdue.
-          Non, tout va bien. Je vous remercie. , répondit-elle mais sa voix se cassa et elle fondit en larmes. Non, rien ne va ! Je suis perdue ! Que vais-je faire sans lui ? Comment vais-je leur dire ? Oh mon Jacques, tu me manques tant ! Dis-moi ce que je dois faire ! Seigneur pourquoi m'avez-vous abandonnée ? Non ! Pourquoi NOUS avez-vous abandonnés ?
Les larmes laissaient maintenant place à la colère. Le chauffeur ne savait quoi faire, quoi dire. Il s'arrêta sur la bande d'arrêt d'urgence et laissa le temps à Claire de se calmer. Quand celle-ci se tut, elle se remit à parler avec calme et sur son visage la lumière reparut, lumière qui intriguait tant le chauffeur.
-          Pardon monsieur, je suis désolée mais je suis si triste. Et elle se mit à lui raconter son histoire.
-          Ne vous inquiétez pas, ce que vous avez vécu est vraiment terrible. , reprit le chauffeur après l'avoir écouté.
-          Je suis surtout perdue parce que j'ai l'impression d'avoir tout perdu et maintenant je dois aller annoncer sa mort à mes proches mais comment peut-on annoncer cela ? Y a-t-il vraiment de bons mots à utiliser ?
-          Vous savez, je ne pense pas qu'il y ait de mots justes à employer puisque dans tous les cas ils font mal, très mal. Parlez juste avec votre cœur, ne vous arrêtez pas tant que vous n'aurez pas fini car c'est si dur à annoncer. Ne faites pas de phrases trop longues, parlez simplement. Je suis certaine que vous trouverez les mots justes. De plus, il me semble que vous avez la foi alors confiez votre peine à votre dieu et il vous aidera, j'en suis certain.
-          Merci infiniment monsieur, vos mots m'apaisent tellement. Avez-vous la foi ?
-          Ne m'appelez pas monsieur mais simplement Ahmed, je suis musulman de naissance mais je ne pratique plus car j'ai l'impression que cela ne servait à rien, que mes prières tombaient dans le vide. C'est d'ailleurs pour cela que depuis quelques temps je me suis tourné vers la foi chrétienne. Et vous, vous êtes catholique, non ?
-          Oui c'est cela. Mais en ce moment, du moins ces derniers jours j'ai tellement mal au cœur que j'ai l'impression d'avoir été abandonnée par Dieu.
-          Vous savez je ne pense pas que vous ayez été abandonnée car si nous regardons ce que vous avez vécu cette dernière semaine cela n'aurait pu avoir lieu sans la Providence. Vous avez rencontré Héloïse qui vous a soigné mais avant vous avez pu vivre car votre fiancé a donné sa vie pour vous, par amour comme votre Dieu l'avait fait avant lui. Non, ne pleurez pas ce que je vous dis ne dois pas vous faire pleurer mais sourire, rendre grâce.
-          Oh non, Ahmed, je ne pleure pas de tristesse mais de joie. En effet, après Jacques, Héloïse, Dieu m'a mis sur votre chemin et vos mots me font tant de bien. Je me demande si vous n'êtes pas déjà converti car vous dîtes des mots si beaux, si profonds. Merci Ahmed, de m'avoir redonné confiance, merci Seigneur de m'avoir mis sur le chemin de toutes ces belles personnes qui sont si bonnes. Pardon d'avoir tant douté !
-          Claire, je n'ose pas vous demander, mais auriez-vous l'adresse d'un prêtre pour que j'aille discuter avec lui ?, demanda notre bon samaritain, presque en murmurant.
-          Oh Ahmed, je suis si contente ! Bien sûr que je vous donne son adresse. Je vous aurai bien donné son numéro mais j'ai tout perdu dans la tempête. , lui répondit Claire, le visage rayonnant.
Elle sortit un bout de papier et écrivit quelque chose puis le tendit à son gentil chauffeur.
-          Merci et si je puis me permettre Claire, auriez-vous la bonté de me dire d'où vous tenez cette luminosité qui éclaire votre visage ?, tenta Ahmed que sa curiosité rongeait.
-           Je rayonne ?, interrogea la jeune femme qui ne comprenait pas bien.
-          Oh oui, cela m'a tout de suite frappé. Votre sourire est magnifique, même dans la tristesse votre regard est illuminé.
-          Mmmh... , réfléchit Claire, Je pense comprendre. En fait je rayonne à l'intérieur de mon cœur parce que je sais que le Seigneur m'aime et qu'il ne m'a pas abandonné.
-          Et donc ce rayonnement intérieur est tellement fort qu'il illumine aussi votre visage et intrigue tous ceux que vous croisez, finit Ahmed avec un petit clin d'œil.
-          Cela doit sûrement être cela mais vous êtes le premier à me dire cela. , lui sourit la jeune fille avant de détourner son regard vers la route. Ah nous sommes presque arrivés, il faut que vous tourniez à droite, ici et ensuite il s'agit de la maison avec un portail en fer. Voilà c'est ici.
-          Eh bien, Claire, merci pour ce voyage et pour votre confiance. Bon courage, je penserai bien à vous. A bientôt !
La jeune fille ne lui laissa pas le temps de repartir qu'elle lui claqua deux gros baisers sur la joue avant de le remercier et pour finir le laissa partir en lui souhaitant une bonne route.

Une nouvelle douloureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant