Forever Young (histoire terminée)

Chapitre 1 (nouvelle version)

AVANT PROPOS

Ce roman traite de violences (sexuelles et psychologiques) faites aux hommes. Certes, ce que subissent les femmes chaque jour est grave et impardonnable, pourtant certains hommes ou garçons sont aussi des victimes. Les stéréotypes et les attentes sociétales contribuent à ce que ce genre d'actes restent dans l'ombre. Aujourd'hui, j'ai décidé de rétablir cette vérité : les violences n'ont pas de genre.

TW : scènes de sexes explicites, manipulation psychologique, scène de non-consentement (pas entre les protagonistes).

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MARLOW

« Il est 10h20, il fait actuellement 24 degrés à Los Angeles, toute l'équipe et moi-même vous souhaitons un bon séjour en Californie »

L'avion vient d'atterrir aux États-Unis, et je suis tiraillée entre la joie et l'appréhension. Sept ans que je ne suis pas revenue sur les terres qui ont bercé mon enfance. Le sable fin, la senteur des embruns chaque matin, le bruit des vagues qui s'écrasent sur les rochers : ma madeleine de Proust.

Rien que l'odeur du sel marin me ramène à nos dimanches farniente sur la plage.

— Jake, si tu veux te baigner, tu dois mettre des brassards ! prévient Dina.

— Mais Mam's, j'ai 8 ans, je sais bien nager maintenant !

— Et alors ? Mieux vaut être prudent.

J'entends Jake bougonner, mais obéir à sa mère adoptive

Je barbote au bord de l'eau, assise sur le sable mouillé, attendant que l'eau s'abatte sur mes jambes pour me rafraîchir un peu. Le soleil est haut dans le ciel et me procure une sensation puissante de chaleur. Ashley est à mes côtés, comme toujours.

Nous voyons passer son frère, affublé de brassards à l'effigie de Mickey Mouse, un air renfrogné sur le visage. Ashley ricane, et je résiste pour ne pas rire à mon tour. Je ne veux pas vexer Jake, son estime en a déjà pris un coup avec ces mini-bouées collées à chaque bras.

— Mon pauvre frère, maman est intraitable au sujet de la sécurité. Mais par moment, elle exagère un peu.

Je me lève, et rejoins Jake dans l'intention de lui changer les idées. Je n'aime pas le voir contrarié, je veux l'aider.

— Hé, Jake, on fait la course jusqu'au flotteur ?

Il tourne la tête vers moi, un sourire franc illumine son visage d'enfant.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu cet instinct protecteur envers lui. Il était chétif, sensible, et je ne voulais pas qu'il souffre, la perte de ses parents était déjà bien suffisante.

Nous nous sommes connus à l'orphelinat alors que j'avais 9 ans, et j'étais déjà dans ces murs depuis quatre ans. Jake et sa sœur venaient de perdre leurs deux parents dans un accident de voiture, – une collision avec un arbre à la suite d'une averse violente qui avait rendu la chaussée glissante. À l'époque, il était trop jeune pour s'en souvenir, mais Ashley lui racontait souvent des histoires de leur enfance pour continuer à faire vivre la famille disparue, dans leurs mémoires. J'avais été touchée par ce duo, cette grande sœur qui ne cessait d'alimenter les souvenirs de son jeune frère. Ils m'ont apporté le réconfort dont j'avais cruellement besoin, puisque je n'avais, pour ma part, aucun vestige de mon passé à chérir.

Ma mémoire m'a toujours fait défaut. Avant mon entrée dans l'établissement, je ne rappelle de rien. La seule chose qui me revienne parfois est une mélodie. Un air chantant et doux, comme une berceuse que l'on pourrait murmurer à un enfant pour l'endormir.