───── ❝ TIZIANA ❞ ─────
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Des sueurs froides coulaient dans son dos, ses sourcils se fronçaient frénétiquement, ses yeux sous ses paupières closes bougeaient à toute allure. Elle se secouait dans ses couvertures humides, la respiration rapide et saccadée, le cœur battant à tout rompre. La chambre était plongée dans le noir, il devait être proche de deux heures du matin. Des gémissements quittaient ses lèvres, c'étaient des plaintes murmurées dans un souffle à peine audible. Puis dans une plus grande agitation, ses bras et ses jambes secouées de spasmes, elle ouvrit ses paupières soudainement. Son crâne lui fit mal aussitôt, comme si elle faisait de la plongée à des milliers de kilomètres dans une eau froide et dont le silence l'assourdissait, une pression comme jamais elle n'en avait ressentie. Tiziana se figea dans son lit. Elle n'avait jamais vu de telles images lors de ses... Transes. Mais cette nuit, tout était différent. Elle se redressa avec précaution sur ses mains, bras tendus, puis se mit en position assise, prudente. Elle avait l'habitude. Elle se pencha sur le côté de son lit pour appuyer sur l'interrupteur du câble de sa lampe de chevet. La lumière tamisée lui fit l'effet d'un électrochoc. Sa lèvre supérieure lui apparut plus chaude et humide, alors elle passa sa langue dessus, et le goût de fer qu'avait le sang se déposa sur ses papilles. Elle grimaça de dégoût, mais elle avait l'habitude. Elle tira un mouchoir du petit paquet en plastique vert posé sur la table de chevet, et s'essuya le nez, qui s'imbiba aussitôt de cette couleur rouge intense. Elle arracha un morceau propre pour le tortiller sur lui-même et le mettre dans sa narine droite. Cela stopperait l'hémorragie.
Tiziana profita ensuite d'avoir des mouchoirs en papier sous la main pour s'éponger le front et la nuque. Ses cheveux frisés bruns auraient besoin d'un bon coup d'eau. Le temps qui passa entre son réveil et l'instant présent fit redescendre la chaleur et l'adrénaline affluant dans ses veines. La transpiration qui suintait de sous ses bras, dans son dos et sur à peu près tout son corps la plongea dans un froid glacial. Même si l'air ambiant de sa chambre ressemblait à un four en marche, l'humidité sur sa peau la fit frissonner. Elle se glissa hors de son lit. Ses pieds nus se posèrent délicatement sur la parquet en bois frais, et elle se faufila hors de sa chambre sur la pointe des pieds. Mais se tenir debout se révéla plus difficile qu'elle ne le pensait, et elle dût s'appuyer sur les murs et les portes tout le long de son chemin vers la salle de bains. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce, elle ferma derrière elle et alluma la lumière, pour ne pas réveiller sa tante Anna. Son reflet dans le miroir ne la surprit pas, elle avait l'habitude. Mais cette nuit-là, elle ne se reconnaissait pas ; ses yeux marron étaient accentués par ces cernes noirs et prononcés, elle portait des traces de sang sec sous son nez, et son teint naturellement basané semblait plus pâle que jamais. Sa bouche pulpeuse était gercée et sèche, sa langue pâteuse, elle avait l'haleine d'une personne déshydratée. Elle n'attendit pas une seconde et se dévêtit de son pyjama, puis se glissa sous la douche. Le jet d'eau chaude détendit ses muscles et la revigora un peu. Elle avait moins froid. Cependant, les images de sa transe lui revinrent en tête. Les yeux clos, elle vit des visages familiers puis une explosion. Des blouses blanches, une cage en verre, des cris stridents résonnant dans ses oreilles. Un bus, une grande ville, un froid glacial, et une drôle de nostalgie la frappa de plein fouet, suivie d'une immense tristesse. Elle ne comprenait pas ce qu'elle venait de voir, tout se mélangeait, rien n'était ordonné. A part les traits de visage de camarades de sa classe. Elle tenta de les garder en mémoire, les événements qui se produisaient dans un ordre semblablement plus précis que le reste, et elle les nota sur un carnet déjà bien entamé, après sa douche.
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The Wanderers
AventuraDes adolescents doivent fuir précipitamment et de façon soudaine, car leurs capacités surnaturelles - qu'ils ont dissimulées toute leur vie, ont été révélées au grand jour.