3-Une petite histoire sur les Chantres

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Gaélène, allongée au sol, haletante et tremblante, remonta sa culotte le long de ses jambes le plus rapidement qu'il lui fut donné de le faire, puis rabaissa sa tunique. Elle se leva ensuite comme elle put, puis se mit à fuir, mais ses jambes étaient alors tant engourdies qu'elle ne fut guère capable de plus que de mettre fébrilement un pied devant l'autre. L'idiot, celui qui avait regardé, n'eut alors aucun mal à la rattraper et lorsque ce fut fait, il la saisit par le bras.

-T'crois qu'tu vas réussir à nous échapper en marchant à c'tte vitesse, sottarde, lui lança-t-il ensuite en gloussant.

Puis il tira Gaélène par le bras et ce faisant, il la ramena auprès de l'homme qui l'avait possédée de force.

-On fait quoi d'elle ? lui demanda alors l'idiot, on la laisse partir ou on la tue ?

L'homme, qui se trouvait alors de dos, se retourna et Gaélène, pour éviter d'avoir à nouveau à poser ses yeux sur sa barbe hirsute et ses cheveux longs crasseux, figea son regard de côté. L'homme s'approcha ensuite doucement d'elle, puis une fois tout proche, de sa main, il souleva son menton pour la contraindre à le contempler. La jeune femme s'y refusa en détournant le regard du côté opposé avec détermination. Loin d'en être agacé, l'homme sourit alors.

-Elle sait qui je suis, et ce que je suis. Il n'est donc pas question de la laisser filer !

À ces mots, l'idiot dégaina de sa poche un vieux couteau abîmé qu'il brandit en l'air, mais son maître, d'un geste furtif de la main, lui intima de patienter.

-On l'emmène avec nous ! ordonna-t-il ensuite. J'ai laissé ma semence aller en elle, et bientôt peut-être, si le Malicieux le veut, un enfant au sang de Démon grandira en ses entrailles.

Entendant cela, Gaélène agrippa la main et le couteau de l'idiot puis plaça sa gorge tout contre le tranchant de la lame rouillée.

-Tuez-moi ! supplia-t-elle alors. Je vous en conjure ! Tuez-moi !

L'idiot réagit en repoussant Gaélène d'un geste violent tandis que son maître, de son côté, émit de sa voix rocailleuse quelques ricanements affreux.

-Si t'es bien sage pendant neuf mois et qu'après avoir pondu l'gosse tu veux toujours mourir, ajouta-t-il ensuite, j't'égorgerai de ma propre main, p'tite ! Parole du Sire des Chantres !

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