1-Une petite histoire sur les Monstres

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Lorsque les hommes oublieront que les Créatures parvinrent jadis

à réduire à néant les riches et puissants Royaumes des Anciens Hommes

et qu'arrogants et vaniteux, ils baisseront leur garde et cesseront d'être vigilants,

le Malicieux lancera ses hordes de Chantres, de Monstres et de Spectres sur leurs terres

et ce jour-là, le Bénicieux lui-même ne pourra rien pour eux.

Épître dit de l'Apocalypse du GranCordon Betsabon,

troisième lune de l'an de bien trois-cents et trente-trois.



Élioton dormait profondément lorsque les grognements de son chien le réveillèrent. Il posa alors machinalement son bras sur le dos de l'animal et le caressa un peu si bien que la bête se tranquillisa. Le berger, éreinté par plusieurs longues journées de marche en altitude, se rendormit ensuite, mais quelques instants plus tard, le bruit soudain d'une rafale de vent le fit sursauter. Son chien se réfugia dès lors tout contre lui, ce qui surprit grandement Élioton car en temps normal, même en cas d'attaque d'ours, de loups ou de chiens sauvages, Tili jouait son rôle sans rechigner et protégeait le troupeau en se plaçant entre l'agresseur et les moutons. Il s'agissait donc avec certitude de quelque chose de différent, mais de quoi ? Une idée bien affreuse traversa furtivement l'esprit du berger, mais celui-ci se refusa ensuite catégoriquement à l'envisager comme crédible. Les Monstres n'existaient pas et n'étaient qu'une légende ! Il en était certain et c'était bien pour cela qu'il n'avait pas écouté tous ces couards du village qui lui avaient vivement déconseillé de venir faire paître ses bêtes dans ce coin !

La gorge serrée, Élioton se leva, s'approcha du feu qu'il avait allumé la veille puis y préleva un rondin de bois dont l'extrémité était encore embrasée. Lorsqu'il se releva, il aperçut en face de lui une étrange femme nue et immobile qui le scrutait de ses yeux perçants. Élioton crut alors à une apparition, à un rêve, mais l'instant d'après, un choc violent lui fut porté à l'arrière de la tête et il perdit connaissance. Le berger se réveilla bien plus tard lorsqu'un bruit de souffle identique à celui qu'il avait entendu plus tôt fendit l'air. Il ouvrit alors immédiatement les yeux, observa ensuite les alentours de tous côtés puis finit par apercevoir deux aigles dans le ciel, deux aigles immenses qui lui semblèrent avoir approximativement la taille d'hommes. Élioton les suivit de son regard éberlué jusqu'à ce qu'ils ne se dérobent à sa vue, vers le sud et les Terres des Monstres. Il tâcha ensuite de dénombrer ses bêtes malgré l'obscurité et constata alors avec effroi que quatre d'entre elles manquaient à l'appel. Il ne ferma ensuite plus l'œil de la nuit, de peur que les deux Monstres ne reviennent et à la première lueur du jour qu'il perçut, il se mit en route avec Tili et le troupeau en direction du nord, bien certain que désormais il ferait comme les autres et ne s'approcherait plus jamais de ce coin.






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Merci de m'avoir lu.

Camille Efferelle.


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