Chapitre 1

67 5 2
                                    

Le printemps avait commencé à pointer le bout de son nez, le temps était doux et agréable. J'avais rejoins mon amie Dinah juste après les cours dans un café proche de la fac.
Cette année étant la dernière, j'avais de moins en moins de temps libre. Mais j'avais ressenti le besoin de parler à Dinah.

"Mila tu te fous de moi ! Dit mon amie Dinah en haussant le ton. Ne la laisse plus faire ! Lauren n'est qu'une connasse lunatique."

Chaque fois que nous abordions ce sujet, c'était la même conclusion. Dinah m'engueulait, me disait que je devais la repousser une bonne fois pour toute.
Mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que je n'ai jamais réussi à la repousser.
Elle a connu notre amitié avec Lauren, elle nous a vu être les meilleures amies du monde.
Et surtout elle a vu Lauren comme je l'ai connu. Lauren n'a pas toujours été cette connasse sans cœur, qui couche quand bon lui semble et ne prête aucune attention aux sentiments des autres.
Elle a connu la Lauren aimante, sensible, très sensible, ayant toujours peur de faire du mal autour d'elle.
Lauren pesait toujours ses mots, restait concentrée sur des discussions qui ne l'intéressait pas le moins du monde, allait voir spontanément les nouveaux élèves pour les intégrer.
Ce qu'elle aimait le plus au monde, c'était rependre le bonheur autour d'elle.
C'était quelqu'un de naturellement bienveillant, je l'adorais, elle voyait des choses que je ne voyais pas. Avec elle, j'ai appris à faire plus attention aux personnes qui m'entourent.

Mais je ne connais plus cette Lauren.
A-t-elle disparue ? Ou est-ce seulement moi qui en suis désormais privée ?
J'ai retourné cette histoire dans tous les sens, passé des heures à regarder le plafond, cherchant désespérément une explication.
Alors aujourd'hui, je me contente de ce que j'ai, des quelques sourires que j'ai pendant qu'elle me fait l'amour, du désir que je vois dans ses yeux quand j'ouvre la porte, du baiser qu'elle me pose sur la joue quand je viens de jouir.
Je chérie ces moments tendres.

"Je ne te comprends pas Mila... souffla désespérément Dinah. Tu es douce, attentionnée, à l'écoute, et tellement belle. Tu pourrais avoir n'importe qui. Mais cette relation te prive d'en avoir une, je veux dire, une vraie, emplis d'amour. Pas seulement une fille égoïste qui vient te baiser quand ça lui vient. Elle dit en posa sa main sur la mienne.
Aïe. Ces mots font mal.
- J'y arrive pas Dinah... les larmes me montèrent. C'est ma meilleure amie, je l'aime tellement si tu savais."

Sans rien dire, Dinah se leva de sa chaise pour s'assoir à côté de moi sur la banquette, elle me prit dans ses bras.
Je m'y réfugia, laissant échapper quelques sanglots.
Soudain, je sentis son corps se raidir, je dégagea ma tête de son épaule, et presque immédiatement, mon regard plongea dans celui de Lauren.
Elle venait d'entrer dans le café, accompagnée de ses amis.
Elle me regarda quelques instants, l'air gênée, oscillant sur ses pieds les mains dans les poches de son jean, puis alterna entre Dinah et moi avant de décaler son attention sur ses pieds.

Dinah se tourna vers moi, me regardant prudemment et me fit signe de me préparer à partir pendant qu'elle allait régler l'addition au comptoir.
J'attrapa mon manteau et mon sac en bandoulière et fila aux toilettes.
Je m'appuya sur l'un des lavabos en me fixant dans le miroir.
Mon mascara avait légèrement coulé et mes joues étaient rouges. J'étais pitoyable, normalement les filles sont dans cette état là après avoir bu, beaucoup bu. Je n'avais pas besoin d'être ivre, c'était Lauren mon alcool.
Je nettoya soigneusement les traces de maquillage et tourna les talons pour rentrer dans l'une des cabines.
Lorsque je tenta de fermer la porte, je vis un genou bloquer la fermeture et pousser la porte.
Lauren se tenait devant moi, elle s'approcha de moi, mes mollets touchèrent la cuvette des toilettes alors que je reculais.
Elle était si proche, que j'avais la tête levée en l'air pour voir son visage.
Soudain, l'une de ses mains se leva, le faisant sursauter, elle l'approcha de mon visage et attrapa ma mâchoire pour me plaquer contre l'une des paroies de la cabine.
Elle fit un sourire amusé lorsque je geins de surprise et commença à glisser ses lèvres vers mon oreille.

"Pourquoi est-ce que tu pleures beauté ? Ton copain t'as largué ? Laisse-moi faire, je vais te faire sentir bien, je vais le faire mieux qu'il ne te l'a jamais fait." Elle chuchota sensuellement à mon oreille.

Interdite, je ne répondis rien, sentant seulement une larme glisser sur ma joue alors que Lauren descendait sa bouche sur mon cou.
Je sentis mon centre s'humidifier alors qu'elle commençait à mordre la peau fine de ma gorge.
Un gémissement faible sortit de mes lèvres quand elle glissa ses mains agiles sous mon débardeur pour les plaquer contre la poitrine nue.

"J'aime tellement que tu ne portes pas de soutien-gorge. Tu le fait exprès hein ? Pour que je puisse y accéder plus facilement, perverse..." Elle dit sur un ton moqueur.

Encore une fois complètement muette, seul un gémissement bruyant m'échappa.
Je détestais ce pouvoir qu'elle avait sur moi.

"Camila ?? Camila !" cria Dinah qui venait d'entrer dans les toilettes.
Elle tomba sur Lauren et moi, notre position ne laissant aucun doute sur ce qu'il se passait.
"C'est pas vrai ! Putain mais quand est-ce que tu la laisseras tranquille Lauren ! Hurla Dinah en attrapant la veste de Lauren.
- Me touche pas ! Repondit Lauren en poussant Dinah. Tu n'as qu'à dire à ton allumeuse de copine d'arrêter de me provoquer !"
Sur ces mots, Lauren quitta les toilettes en claquant la porte.
Je redescendis mon débardeur tout en retenant mes larmes. Mais lorsque je croise le regard inquiet de Dinah, je fondis en larmes, me laissant glisser contre la parole sur la cabine. Dinah s'accroupît à mes côtés, m'enlacant doucement.
Après quelques instants, elle me fit me relever et nous quittâmes le café, sans un regard vers la salle où se trouvait sûrement Lauren.
Sur le chemin du retour vers chez moi, aucune de nous deux ne parla. Dinah se contentait de m'encercler d'un bras sur mes épaules.
Il était minuit passé quand elle aborda le sujet, parvenant enfin à me demander ce qu'il s'était passé.
" J'en sais rien. J'allais aux toilettes et avant que je me rende compte, elle était là. Elle a encore insinué je-ne-sais-quoi sur un petit-ami qui n'existe toujours pas... Je dis désespérément.
- Elle a l'air sûre et certaine que tu as un petit-ami, alors pourquoi fait-elle tout ça ? Je la déteste tellement... Répondit lourdement Dinah.
- Je ne comprendrais jamais. J'ai l'impression que jamais cette situation ne se réglera.
- Un jour si. Quand tu ne seras plus amoureuse. Elle dit en me lanca un regard.
- Je ne suis pas-
- Camila. Arrête de me mentir. Je ne suis pas idiote." Le coupa Dinah.
Je soupira bruyamment comme seule réponse.
Dinah avait raison, seul l'amour est le responsable de cette situation.
Si je ne la voyais que comme une amie, j'aurais pu la stopper dès la première fois.

Mais pourquoi elle ? Pourquoi ma meilleure amie d'enfance ?

There's just inches in between usOù les histoires vivent. Découvrez maintenant