Génèse

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Pour la petite histoire, je suis issu d’une famille pauvre, très pauvre. J’ai dû arrêter l’école en classe de CE2 car le simple livre de math était un luxe qu’on ne pouvait m’offrir. Mon père est décédé de suite d’une longue maladie alors que je n’avais que 5 ans. Ma mère se plaignait à chaque fois qu'une difficulté se présentait et coulait des larmes de tristesses à chaque fois qu'elle pense à notre père décédé. Pour essayer de lui venir en aide, j’ai dû me débrouiller comme la plupart des enfants de la rue. J’ai ciré des chaussures, j’ai lavé des voitures, j’ai poussé au marché pour une misérable pièce de 100frs mais c'était trop peu pour nourrir ma petite sœur et ma mère qui est désormais gravement malade. Je n’avais encore alors que 7 ans quand finalement rendît l’âme, elle est allé rejoindre notre père; me laissant ainsi avec ma petite sœur, Lamia qui n’a encore qu’un an.

On fut recueillit par la sœur ainée à mon père qui nous a fait vivre les pires heures de nos vies. On travaillait sans relâches, elle nous offrait qu’un minable bol de tapioca, qui suffisait à peine à Lamia, après une longue journée de travail et c’était chaque jour le même rituel. Quand on essayait de lui dire qu’on est fatigués, elle nous battait, elle nous battait si fort qu’un bruit morbide raisonnait de chacun des coups qu’elle nous portait et c’était à chaque fois le même requiem. Alors que le jour de mon anniversaire approchait comme une lueur d'espoir, le 18 mars, elle me soufflât d’un air jovial qu’elle m’offrira une surprise que je n’oublierai jamais. J'étais heureux car pour une fois, elle avait été gentille avec moi et m'avait même promis un présent. Le 18 mars arriva, et aux environs de 16h vînt ma surprise. Elle me donnât deux fois plus de travail que d’habitude. J’étais courroucé, je grelottais de colère. S'étant rendu compte de mon inertie, elle s’approchât et commençait à battre sur moi. Une claque, un coup de pieds suivi d'un violent coup de spatule; c’était la bastonnade de trop. Je saisis une batte qui était à ma portée et lui fracassât la nuque d’un coup surpuissant et elle trepassât. Lamia dormait et n’avait pas assisté à la scène qui se déroulait dans la buanderie. J’ai composé le 117 et aussitôt, la police débarquât. Ils ont fait le constat du corps de ma tante  gisant dans son sang frais. Ils se mirent à m’interroger. Je savais que chacun des mots et vibrations de mon corps allaient être décisifs pour qu’on ne puisse pas me relier au meurtre. J’ai gardé mon sang froid, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis lancé:
-Ils sont entrés de force par la porte arrière, ils lui ont assénés un coup puissant dans la nuque avant de nous dépouiller et s’enfuirent par la suite.
-De qui parles-tu jeune garçon ?
-Des bandits, repliquais-je en laissant couler quelques larmes.
Prise de pitié, l’enquêtrice en chef se mit à me consoler.
Ma sœur et moi avons par la suite été conduits au service social afin de nous trouver une famille d’accueil, chose qui se fera. On sera adopté par une famille plutôt riche et très aisé. La femme qui allait être notre nouvelle mère était une avocate du barreau et son mari bah…un homme d’affaires. Lamia a désormais 3 ans et moi 9 ans. Ma petite sœur a commencé ses études et moi j’ai repris là où je m’étais arrêté. On mangeait désormais à notre faim, on buvait à notre soif, on avait enfin trouvé la joie qui est propre à l'enfance, on fréquentait des lieux qui jusqu’ici ne nous traversait pas l’esprit…même en rêve. On semblait peu à peu retrouver notre enfance qui paraissait être volé par le mauvais sort. Mais ce rêve fût très court car 5 ans plus tard, notre père adoptif sera arrêté pour corruption d’agents de l’Etat, trafic de drogue et blanchiment d’argent: le mauvais sort revenait à la charge. On savait que ça allait être plus compliqué dès lors qu’on a su que notre mère adoptive souffrait du cancer du foie et qu’elle était déjà en phase terminale. Notre père adoptif s'est pris la réclusion criminelle et notre mère adoptive est à l’autel de la mort ; nous sommes encore abandonnés à nous-mêmes Lamia et moi.
J’avais déjà 13 ans quand mon père adoptif me répétait à chaque fois que je serai le remplacerai à la tête de ses affaires. Un jour à la maison, alors que je me reposais après mes cours du matin, une fortuner noire arrivât à la maison. Des hommes en veste noire en sont sortis, entrât dans la maison et m’embarquât contre mon gré ; Lamia était encore à l'école. On me fit entrer dans la voiture menotté, sac noir recouvrant mon visage, je ne savais ni où est-ce qu’on m’amenait et encore moins pourquoi on m’amenait. Néanmoins, j’entendais le bruit de la circulation, des claxons de voitures, des bruits de snacks bars, boite de nuits...ce qui me permettait de savoir qu’on se trouve encore en plein centre-ville. Mais au bout de 30 minutes de route, plus rien. Tout était devenu silencieux et ça ne présageait plus rien de bon pour moi. Seulement le bruit du moteur du véhicule qui nous transportait se faisait entendre; ça supposait pour moi qu’on était déjà hors de la ville, voire en campagne. Quelques minutes plus tard, le véhicule s'est enfin garé. Les portières s’ouvrent, on me fait descendre puis on me retire le sac qui recouvrait mon visage; il était alors 16 heures. Ma vision restait floue pendant un moment parce que durant tout le déplacement, je n’y voyais que du noir donc la lumière m’éblouissait encore. Au bout de quelques secondes, je retrouvais peu à peu ma vue et j’ai aperçu une meute d’homme en costume noire, tous étaient d’une élégance comme on n’en voit pas chaque jour; mais aussi, tous étaient armés. Un homme m’approchât et se présentait:
-Moi c’est Damon. Comment t’appelles-tu?
-David, ai-je répondu d’une voix basse et apeurée
-Tu es le fils adoptif de Franck n’est-ce pas?
En effet, mon père adoptif s’appelle Franck, Franck Munen.
-Oui, ai-je répondu d’une voix certes apeurée mais un peu plus intelligible et plus ou moins haute.
Tous venaient autour de moi, m’encerclaient avant que l’homme renchérisse:
-Tu dois prendre la place de ton père en tant que son seul et unique fils.
Je captais que dalle. C’est vrai qu’il me disait que je prendrais un jour le contrôle de ses affaires mais je m’attendais à recevoir un compte banque bien fourré et quelques petites entreprises de la place. Je me suis trompé décidément.
-Ton père nous a dit que s’il se fait arrêter, tu devras prendre directement la relève afin de perpétuer les activités de l’organisation.
La peur m’avait quitté, et je regardais l’homme pour lui signifier de continuer dans son histoire et il continuât.
-Ton père était le guide de cette organisation. Il pensait les plans, les stratégies, passait lui-même parfois à l’action pour faire plier certains membres du gouvernement pour obtenir ce qu'il voulait. C’est en faite lui, le père fondateur de cette organisation, le cartel Aube rouge.
Je pris enfin l’initiative de parler et sans m’en rendre compte, j’avais pris une posture de pouvoir, un ton autoritaire, un air terrifiant mais tout en restant charismatique.
-Et donc en son absence je suis la personne chargée de le remplacer, c’est bien ça?
-Oui, me répondit-il.
Joie dans le cœur mais visage sérieux l’air impassible, je restais muet et leur demandât de me ramener chez moi tout en ne leur garantissant pas de revenir vers eux; il était déjà 22 heures et ma petite sœur était toute seule à la maison.
De retour chez moi, la résidence était encerclée, la police me cherchait. Les gyrophares et sirènes de police étaient présents et visibles dans chaque coin de la rue où je vivais. Il est alors 22 heures mais une question me taraude l’esprit, pourquoi suis-je recherché? Serait-ce pour l’assassinat de ma tante? Mais ça c’était plus possible car le délai de prescription prévu par la loi était déjà dépassé et de plus, je n’étais pas pénalement responsable au moment de la commission des faits. J’ai arrêté de me poser des questions et j’ai couru autant que j’ai pu mais mon esprit n’était pas tranquille car je me demandais qu’en serait-il de ma petite sœur? Une larme aussi longue que la distance que j’avais parcouru coulait de mes yeux, culminant mes joues, pendant à mon menton avant de s’échouer au sol.
Je cherchais à rejoindre la base de l’organisation que dirigeait mon père adoptif mais en vain. Tout était mis en œuvre pour qu’ils ne soient réparés en aucun moment: retour à la case départ. J’ai marché, marché et marché dans la ville jusque très tard dans la nuit ; à 02 heures du matin pour être exact. À la sortie sud de Yaoundé, je me suis écroulé et comme par miracle, une voiture semblable à celle qui m’avait embarquée passait par là. Comme toute personne en détresse, je fais signe de la main au conducteur pour qu’il se gare et il le fera. Ce que je ne savais pas, c’est que c’était un commissaire qui était au volant. Il me prit dans son véhicule et au moment de démarrer son véhicule pour me reconduire en ville, je lui soutira son arme qui était dans sa ceinture d'uniforme côté droit et le menaçant avec celle-ci. Sous la crainte, il prit le chemin inverse, c’est-à-dire celle qui sort de la ville. Après 30 minutes de route, j'aperçus une pancarte où il était écrit
“Domaine militaire, circulation interdite aux usagers.”
Instinctivement, je lui demandais de prendre cette voie car mon instinct de survie me faisait savoir qu’au bout de cette pancarte se trouve mes pairs. Il prît la voie et quelques minutes plus tard, on était face à une guérite gardée par 03 hommes lourdement armés. Je suis descendu et je me suis avancé vers eux. Flingues pointés vers moi, il me demande:
-Qu’est-ce que tu fais ici petit? Et c’est qui dans la voiture?
Je ne savais quoi répondre, l’air terrifié, je voyais ma vie défilée sous mais yeux quand soudain, une voix venu de nulle part leur passât un ordre:
-Baissez vos armes! C’est pas une manière d'accueillir le nouveau prince et leader de notre organisation.
Un homme apparu dans la mêlée et je distinguais la silhouette de Damon, celui qui était le bras droit de mon père et désormais le mien. Je repris une posture courageuse et seigneuriale histoire de garder un peu de face.
Les hommes m’ouvraient la voie tels des soldats qui ouvrent la voie pour le passage de sa majesté l’empereur. Je marchais droit devant moi et ordonnât l’arrestation du commissaire qui était resté dans le véhicule et l'ordre fût instantanément exécuté.
Damon était directement derrière moi comme mon ombre. Il me demandât alors:
-Quand prendriez-vous vos responsabilités monsieur David?
-Dès maintenant, je lui ai répondu.
Tout ravi, il me demandât de le suivre dans des quartiers aménagés rien que pour m’accueillir.
Il me fit longer un couloir décoré par des peintures et mosaïques de célèbres peintres camerounais. Les plafonds de béton étaient si haut qu’on aurait dit ceux de la cathédrale Notre-Dame des Victoires. Au bout du couloir, on arrive enfin dans une grande et belle dépendance. Le sol était fait de marbre, les murs étaient décorés d’un staff noir et jaune dorée, l’eclairage et les lustres étaient semblable à ceux du palais de Windsor en Angleterre. Fallait se rendre à l’évidence, je ne suis pas dans une base militaire, mais dans un palais royal qui sert de base à une organisation secrète. Plus je visitais les lieux, plus je réalisais l’importance du réseau que mon père adoptif avait mis en place.
On arrivât enfin devant une porte et une dame un peu âgée me demandât d’entrer. Je regardais Damon et il me fit signe de la tête d’obeir. Je pousse les battants et je me retrouve dans une salle pleins de vêtements. On aurait dit un placard géant. Il y’avait là des vêtements et accessoires en tout genre. C’est alors qu’une jeune femme qui avait l’air de s’y connaître en mode me suggerât de passer aux essayages. Une fois de plus, je pigeais que dalle mais j'obeisais néanmoins aux directives. Elle prit un costume de couleur rouge, me le tendit, tout sourire et me demandât de l’essayer pour voir s’il sera nécessaire de faire des retouches. Je me dirige alors vers une salle qui servait de salle d’essayages et je me vetis. Je retourne vers la jeune dame qui restait bouche bée, me regardant d’yeux pleins de désirs. Il a fallu que je claque des mains pour qu’elle revienne à elle. Elle me complimente et me laisse sortir en soutenant que ce costume m’était destiné.
Je retrouve Damon hors de la salle et il me conduit dans une autre pièce: cette fois-ci, l’heure était arrivé. Il me conduit dans une salle où il y’avait un tas de personnes. On pourrait même dire qu’il y’avait un grand monde qui m’y attendait. On parle de 150 personnes pour être exact. Militaires, hommes de médias, hommes politiques, chefs d'entreprise et ceux qui allaient désormais constituer ma garde rapprochée.
À mon entrée, tout le monde s’est levé. Un siège d’une forme semblable à celle de Napoléon Bonaparte, faite d’or, était libre au devant de cette assemblée. Les hôtesses ou devrais-je dire les proxénètes qui jouaient ce rôle me demandait de m’y asseoir et je ne me suis pas gêné d'ailleurs. Après le discours fait par un homme surnommé Adramelech, un blason fût imposé sur ma veste comme lorsqu’un travailleur reçoit sa médaille d’honneur du travail. Un document me fut remis puis tout le monde s’inclinat face à moi. Voilà comment à 18 ans, je me retrouve à la tête d’une puissante organisation criminelle pourtant secrète.

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