Nous sommes dimanche, il est actuellement 16h52, et mon esprit est partagé entre deux désirs tout aussi fort l'un que l'autre.
D'un côté, aller dans ce café, peut-être le revoir, peut-être pas.
De l'autre, rester chez moi, et me morfondre sur le canapé en mangeant des crêpes industrielles, avec une tonne de chocolat et de chantilly.
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Nous sommes toujours dimanche, il est maintenant 17h15, et je suis assise dans le métro, très occupée à me demander pourquoi dans les dilemmes, je ne prends jamais la deuxième option.
Je suis sûrement folle, je n'en ai jamais douté, les seuls qui en doutent sont Camille, évidemment, et Skyler, mais c'est beaucoup moins évident.
C'est d'ailleurs étonnant qu'il cherche à me parler, car je le suis pourtant bel et bien, et il aurait dû le comprendre durant notre dernière entrevue.
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Il est 17h31, et à présent, je suis debout, devant le café, incapable de faire un pas en avant, ou en arrière. Les gens me bousculent pour passer, mais je n'arrive pas à bouger.
— T'as conscience que tu gène le passage. Fait en voix derrière moi, grave.
Mon dieu il est vraiment là en plus...
— Jil. Décale toi.
Je me retourne vivement et cours me réfugier dans ses bras, guidée par un sentiment indescriptible.
Il ne bouge pas d'un centimètre. A la place, il me pousse gentiment vers une table sur laquelle est déjà posée trois tasses de café vide.
— Tu savais que j'allais venir ?
— Non, j'espérais simplement.
— Tu es là depuis longtemps ?
— Une heure, je savais que si tu venais ce serait entre 16h, et 18h.
— Je déteste savoir que tu me connais à ce point.
Un sourire forcé s'affiche sur son visage.
— Fait moi une liste de tous les problèmes, physiques et psychiatriques dont tu souffres aujourd'hui.
— Je suis épileptique, je fais des malaises tous les jours, je ne supporte pas la vue du sang...
— T'es aussi bipolaire, et...
— Comment ça bipolaire ?
— Tu viens de te jeter dans mes bras, avant-hier tu me criais dessus en me hurlant que tout était ma faute.
— Je...
— Et tu t'es créé de faux souvenirs en plus de ça. Et dans ces souvenirs, je suis le méchant à ce qu'il paraît.
— Tu...
— Je quoi ? Je mens ? Non je ne mens pas Jilane, je suis on ne peut plus sérieux, mais c'est pas forcément le meilleur endroit pour en parler.
— Pourquoi m'avoir dit de venir ici alors ?
— Tu serais venu si j'ai demandé à te voir dans une ruelle à l'écart du monde ?
— Non.
— Voilà pourquoi je t'ai incité à venir ici.
— Pourquoi tu voulais me voir ?
Il ne répond pas, et interpelle un serveur pour commander un autre café. Chose faite, il sort de son sac un carnet très abimé. Il en tire une feuille, qu'il pose devant moi, sans un mot. La feuille est assez vieille, mais pas encore jaunit par le temps, elle est dans un état lamentable, déchirée, froissée, des morceaux ont été recollés entre eux avec du scotch. Le dessin est à peine visible, pourtant je sais exactement duquel il s'agit. Mon visage...

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Après Toi
RomanceIl y a huit ans, ils étaient colocataires Aujourd'hui, ils sont de totals inconnus. Ils se sont fait une promesse, ne jamais se retrouver, ou leur secret risquerait d'être dévoilé au grand jour. Mais leurs chemins se croisent un jour où ils sont to...