Fake Empire

Chapitre II : Le lapin blanc.

Quelques temps après la mort de sa mère, Anna devait faire son deuil. Mais elle avait peur, peur de l'oublier. Elle était triste, son cœur était rongé par le chagrin.
Son père ne savait pas quoi faire pour lui rendre son sourire, alors il refoulait cette constante absence.

Il n'était jamais là, la maison était presque vide. Il n'y avait plus de vie.
Marie venait rendre visite à Anna tous les jours, sans exception. Elle venait lui apporter ses cours, des livres, de la musique, de la joie, mais rien, rien ne faisait sourire Anna. Elle pensait constamment à sa mère. Elle restait des heures dans cette chambre trop lumineuse.
Elle était sans cesse avec l'écharpe de sa mère autour du cou, l'écharpe embaumait encore son odeur. Cette simple écharpe était devenue tout pour elle.
Marie ne savait pas comment faire pour l'aider à faire son deuil.
Ce mercredi après-midi, Marie venait rentre visite à Anna comme tous les jours depuis 3 semaines. Le père d'Anna n'était toujours pas là, il était tant rongé par le travail et le chagrin qu'il en oubliait ses devoirs de père.

« _Anna ? Annaaaaa ? Tu es là ?
_J'arrive, répondit-elle.
Elle descendit les marches doucement, la tête dirigée vers la bas comme un condamné à mort qui allait vers la pénitence.

Marie, elle, était gêné de seulement regarder son amie dans cette état.
_Je t'apporte les devoirs de demain.

_Merci. Dit-elle d'un ton monotone.

_Ton père n'est toujours pas là ?Dit-Marie.
_Non, il est au travail je crois.
_Il ne faut pas que tu restes toute seule tu sais, tu devrais venir chez moi ce soir, la journée de cours de demain est banalisé, et puis comme ça tu seras entouré ça te feras du bien un peu de chaleur humaine.
_Si tu le dis, répliqua Anna du même ton.»

Le soir même chez Marie, l'atmosphère était accueillante.
Les parents de Marie étaient des gens très respectables et aimants. Ils étaient d'une gentillesse réconfortante.
Sa mère, Solène Wilkerson avait un visage doux. Elle avait des yeux bleus, le même bleu que l'océan Indien. C'était une pianiste professionnelle. Autrefois avant la naissance de sa fille, elle faisait beaucoup de conservatoires, mais maintenant elle était professeur de danse comme l'était la mère d'Anna.
Son père, Martin Wilkerson, était un personnage très simple. Il était professeur dans un lycée de la région.
Anna aimait beaucoup la compagnie des Wilkerson. C'était des gens des instruits et simples.
Elle se sentait presque chez elle.

Solène, la mère de Marie, accueillait Anna avec une simple phrase qui laissait échapper à chaque fois le léger sourire d'Anna.
« Bonsoir ma petite ballerine. »

Cette simple phrase réchauffait le cœur de glace d'Anna, à tel point qu'elle laissa glisser ce fameux sourire.

« _ Bonsoir Madame, glissa Anna avec son léger sourire.
_ Comment tu vas ? Demande aussitôt Solène en la serrant dans ses bras.
_ Bien, je vais parfaitement bien.
Marie, qui regardait son amie dire une phrase qui ne se ressentait pas dans son ton de voix, se dirigea vers l'étage pour monter les affaires d'Anna.
_ Non Marie, laisse, je vais le faire, dit Anna en prenant ses affaires à son amie.
_ J'arrive dans une minute, commencez le repas sans moi.
_ D'accord, murmura Marie.

Une fois à table, Marie profita de son absence pour parler de la tristesse d'Anna.
_ Maman, tu saurais pas comment on pourrait lui rendre son sourire. Je sais que Éléonore était
tout pour elle, comme tu es tout pour moi. Mais j'aimerai retrouver mon amie, et l'aider à aller mieux.
_ Tu sais, parfois les gens n'acceptent pas totalement la disparition d'un proche. C'est peut-être ce qui arrive à Anna. C'est arrivé si vite, alors son deuil, lui, arrive lentement.
Elle ne réalise peut-être pas totalement ce qui lui arrive. Pour elle, sa mère est seulement à l'hôpital. Réaliser la mort de quelqu'un c'est comprendre qu'il ne reviendra pas. C'est le laisser s'envoler loin de nous. Et de faire face à la situation. Elle doit vivre avec un simple souvenir capturé dans sa tête.