Chapitre 51

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Quelques jours plus tard, je ne vais pas mieux. Mais je m'interdis de pleurer la plupart du temps et quand je suis en boucle sur Rafe, je me force à ne plus rien ressentir, à mettre pause sur ce que je ressens, à stopper toute émotion.

La mort de Mathieu m'a appris à me contrôler, à persuader mon cerveau que ça va aller, même si ce n'est pas vrai, ça ne va jamais aller.

Avoir perdu Rafe a été très difficile mais c'est plus facile pour moi car je sais que rien n'est ma faute, que c'est lui seul qui a tout gâché et que ce n'est pas juste que ce soit moi qui doive en avoir mal à en avoir envie de vomir. Je ne suis pas parfaite mais c'est lui l'unique coupable, il peut s'en vouloir d'avoir tout gâcher.

Evidement, j'ai quelques moments ou je m'autorise à avoir mal, à laisser les larmes couler. Mathieu m'a appris à être forte mais m'a aussi appris que tout garder en soi n'est pas la meilleure solution alors j'essaie, du mieux que je peux. Les pogues m'ont beaucoup aidé, suite à sa mort à apprendre à me confier. Mais là, ils ne sont plus là. Et c'est tellement fatiguant d'être forte, de l'être constamment, d'être la personne a qui on peut tout dire, la personne qui encaisse tout, la personne qui sera là coute que coute.

Mais la vérité c'est que je suis vraiment fatigué. Je sais que Rafe n'est encore qu'une chose à encaisser, qu'une leçon de morale à apprendre mais j'en ai tellement ras le bol. J'en ai marre qu'on me dise que si je vis ça c'est pour une raison, que je dois apprendre quelque chose. Mais qu'est ce que je suis censée retenir au fond? Que l'amour fait systématiquement mal? Que pour vivre bien, il faut ne pas aimer ou dans la retenue? Moi je veux aimer à m'en faire mal, à en pleurer, je veux vivre à fond. A vivre plus.

Plus tu vis, mieux tu meurs.

Alors que je tente de m'apaiser au mieux en lisant, j'entends des coups sur ma porte. Je retiens ma respiration priant pour que ça ne soit pas Rafe. Il est déjà venu trop de fois pour que je ne lui ouvre pas. Il veut discuter mais il est trop tard pour parler. Il a eu des dizaines, des centaines d'occasions et je sais qu'il sait qu'il pouvait compter sur moi.

Purée, j'ai l'impression de revenir quelques mois en arrière quand on s'était disputé car il avait tabassé Pope par pure jalousie et par profonde débilité.

Je regarde par l'oeil de boeuf et vois une petite tête brune, j'ouvre immédiatement.

-Wheezie? Viens entre.

Wheezie: Coucou Julie.

-Tu vas bien?

Wheezie: Moi oui et toi? ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu.

-Oui c'est vrai, excuse moi j'aurais du venir te voir.

Wheezie: C'est à cause de Rafe?

Mon ventre se serre. Qu'est ce que je peux dire à sa petite soeur? Putain Rafe Cameron je te déteste. J'hoche timidement la tête.

Wheezie: Ah. C'est donc pour ça qu'il est tout le temps triste.

Je mets ma main devant ma bouche, j'ai envie de vomir. Je ne sais même pas quoi répondre.

Wheezie: Sarah aussi elle est triste aujourd'hui.

-Sarah?? Qu'est ce qui se passe?

Wheezie: Je ne sais pas, elle se sentait pas bien, j'ai bien compris qu'elle ne voulait pas me dire pour ne pas m'inquiéter et du coup je suis venue te voir. Peut-être qu'à toi elle te le dira.

-Tu as bien fait de venir. On va aller la voir OK?

Elle hoche la tête, je prends mes clés avant de partir. 15 minutes plus tard, trois crêpes dans la main, on rentre dans sa maison. Je donne la crêpe à la petite brune avant qu'elle aille dehors, après qu'elle m'ait remerciée. Je lui souris et me dirige vers l'étage tout en priant de ne pas voir Rafe.

BEAU LA FOLIE- Rafe Cameron Où les histoires vivent. Découvrez maintenant