Boum ! La porte claque violemment, le parquet grince à chaque pas, tous ces bruits ont transformé ma vie en enfer depuis des années. Un enfer régi par une règle immuable : ne jamais en parler. Aujourd'hui, comme toujours, je suis allongé sur le dos, les yeux fixés au plafond, scrutant chaque fissure, espérant qu'enfin quelqu'un vienne briser ce silence. Ce silence qui hurle à l'intérieur de moi sans relâche. Soudain, je me ressaisis, interrompu par les cris de mes frères, qui ne manquent jamais une occasion de me rappeler leur supériorité.« C'est sûrement un complexe d'homme », me dis-je.
Aussitôt levé, je me précipite pour enfiler les premiers vêtements que je vois. J'ouvre la porte, mais plus un bruit, les monstres se sont arrêtés. Furtivement, je jette quelques regards à droite et à gauche, un silence pesant règne. D'une main tremblante, je pousse la porte et me dirige rapidement vers la salle de bain. Une fois arrivé à bon port, je claque la porte derrière moi et la verrouille. Un soupir s'échappe de ma bouche. En me tournant légèrement, du coin de l'œil, une vision d'horreur s'offre à moi. Un cri s'échappe de ma bouche, mes jambes me lâchent et me voilà étalé par terre, ma vision trouble, mon corps tout entier ne me répond plus. « Pff, pourquoi est-ce que je me mets dans cet état ? » pensé-je presque à voix haute. Je me ressaisis rapidement, prêt à affronter ce que l'on appelle les jumeaux, Nelson et Tyson, deux de mes cinq frères qui font également partie de mon enfer quotidien. Mais les voir ici, sourires aux lèvres, trempés jusqu'aux pieds pour une raison que j'ignore, apaise mon cœur et transforme la peur en bonheur. Un éclat de rire prolongé éclate entre nous, moi et ces deux monstres. En sortant de la salle de bain, Tyson se retourne.
-Carla?
Je me retourne.
- Oui ! Lui dis-je l'aire surprise.
- Fait attention, il est revenu
Son aire sérieux me fît frissonner.
Il me fallût un certain moment pour lui répondre
- c'est donc pour ça que vous étiez ici ?- [ ] Il acquiesça sourire au lèvres et ferma la porte. Me voilà une fois de plus face à moi-même, mon reflet dans ce miroir brisé. Cette pensée que j'ai réprimée pendant si longtemps s'empare de mon esprit de façon incontrôlable.« Il est là »... « Il est là »... « Il est là »...Jordan est l'instigateur de cette situation. Jordan, le premier-né de cette belle fratrie de dégénérés. Colérique, narcissique, déséquilibré... Ces mots ne suffisent pas à décrire cet être toxique, accro aux drogues et à l'alcool. Régnant sur cette
maison qui au passage ressemble plus à un lieu abandonné qu'à un foyer mais cette dernière n'est rien de plus à mes yeux que la prison de tout mes rêves contrôler par une seule personne qui s'en donne a cœur joie pour tous les faire disparaitre . Un hurlement me tire de mes pensées, un cri que je reconnaîtrais entre mille. Il est là. Je me presse de rincer mon visage, mon cœur sur le point d'exploser. J'ouvre la porte en priant pour qu'il ne soit pas là, s'il vous plaît.En ouvrant lentement cette porte, le silence oppressant qui régnait me fit frissonner. Personne en vue, un couloir vide qui semblait m'inviter à reprendre ma course. Soudain, une main saisit fermement mon pull, c'était lui, sans dire un mot. Je m'efforçais de paraître insensible, mais nos regards se croisèrent. Mon cœur s'emballa, mes membres se mirent à trembler. Je refoulai mes larmes, mais aucun mot ne put franchir mes lèvres. « Dis au moins quelque chose », murmurai-je. Après de longues minutes, peut-être lassé, il me lâcha enfin.
« La prochaine fois, je t'arracherai toutes tes belles dents », déclara-t-il sans la moindre émotion sur son visage.
Toutes ces phrases, tous ces mots que j'avais l'habitude d'entendre, me laissaient plus indifférente que tout autre chose. Mais lui, ses paroles étaient bien réelles. Cette soif de sang, cette haine qui l'habitait, me terrifiaient de plus en plus chaque jour. Une fois retrouvée ma mobilité, mon esprit dénoué, soulagée, je dévalais les escaliers en direction de la cuisine, une pomme à la main, mon sac sur le dos. Une nouvelle journée venait de commencer pour moi. Une journée où mon silence serait à toute épreuve, alors que lui, mon être, hurlerait à pleins poumons. En enfouissant toutes mes émotions, avançant tête baissée, les écouteurs vissés dans mes oreilles, j'y suis. Mon échappatoire est là, cette échappatoire qui me permet de préserver un semblant d'humanité.
« CARLA!!! » s'exclama mon amie de toujours, Salma. Et là, elle était devant moi.« Toujours aussi insupportable, haha, » dis-je avec un sourire qui se dessina sur mes lèvres, me précipitant pour la prendre dans mes bras. Son parfum, toujours trop prononcé, envahit mon nez. Quel bonheur.Une fois notre étreinte terminée, elle saisit mes épaules.
« Écoute, Carla, il y a un nouveau à l'école. »
Je ne comprenais pas où elle voulait en venir, alors je lui souris simplement bêtement.
« Et tu sais quoi, ma p'tite Carla ? Tu vas l'adorer. »
Je me tourne donc pour suivre son regard, et là, je le vois : un garçon assez féminin, sans grand-chose de plus, mais qui reste assez difficile à analyser, peut-être trop banal.
Je me tourne vers Salma, qui n'a toujours pas détourné les yeux de ce blondinet sous-alimenté, et je lui dis :
« Je déteste ce genre de personne ! »
Son expression reste neutre alors qu'elle me répond :
« Tu finiras par le voir. »
Un sentiment inconnu m'envahit. Je déteste l'intensité du regard qu'elle lui porte. La sonnerie retentit, interrompant notre discussion, ce qui, honnêtement, ne me dérange pas du tout, bien au contraire.
« C'est reparti pour compter les minutes ! » annonce Salma en me tendant la main, le sourire aux lèvres. Je la saisis instinctivement en retour.
C'est parti pour de longues heures d'attente, de sourires forcés et de discours hypocrites. Avec ce mauvais pressentiment qui, je le sens, n'est pas près de s'en aller.
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Être ou paraître.
RandomÊtre ou paraître ? Je suis Carla, prisonnière de mon être, et je m'efforce de contenir ces cris. Je vis une existence empreinte de solitude, au goût amer. Peut-être est-ce un désir, un besoin, une simple envie. Quel est le bon chemin à suivre ?