Une fois une bonne partie de la journée passée à observer ma meilleure amie interagir avec ce goblin qui ne peut être défini autrement, au long visage fin et au corps aussi frêle qu'un vulgaire bout de bois, cet homme honnêtement n'avait rien pour lui, à part ses yeux d'un bleu gris qui pourraient percer n'importe quel cœur d'un simple regard. Mais ce même regard, qui ne cesse de se plonger dans celui de mon amie, ne fait qu'accroître la haine que je porte envers le genre masculin. Ses gestes et ses mimiques de garçon timide me poussent à imaginer tous les scénarios possibles pour sa mort. Mais perdue dans mes pensées, le regard fixé sur lui, il s'exclame :
« Carla ?CARLA!! Sa voix est comme étouffée par des paroles inaudibles qui ne cessent d'accroître à l'intérieur de moi. Je relève légèrement les yeux au contact des siens, tout s'arrête, plus aucune voix dans ma tête, un silence qui pour moi a duré une éternité. Mais il ne suffit que d'un instant pour que tout reprenne, un drap noir que l'on vient de tisser dans ma tête, tissé par une seule personne, celle qui lie mes libertés, la personne qui contrôle absolument tout de moi . Je le vois, son visage complètement lié à celui de ce gringalet. Ils sont la même personne, j'en suis persuadée. Mes mains tremblantes, je recule, observant la réaction étonnée de mon amie . Tout sauf ça, me répétais je. Je prends mon sac et, sans leur accorder un moment de plus, je prends la fuite. Je cours sans relâche, jusqu'à perdre le souffle. Combien de minutes se sont écoulées depuis ? Je me retrouve devant une rivière, entourée de forêts. Je m'arrête, hypnotisée par le son de l'eau. Je repense à tout cela. Est-ce que ma réaction est trop exagérée pour ce quivient de se passer ? Et si je me trompe ? Et si cet homme n'était pas ce monstre que j'ai imaginé ?
Je prends une profonde inspiration pour calmer mes pensées. Le doute s'installe en moi, semant la confusion dans mon esprit. Peut-être ai-je été trop hâtive, trop rapide à juger cet homme. Les émotions intenses qui ont envahi mon être ont peut-être obscurci ma vision. Je réaliseque je ne peux pas baser mes actions sur des suppositions et des soupçons.
Je m'assois au bord de la rivière, laissant mes jambes se balancer au-dessus de l'eau claire. Je me laisse porter par le calme environnant, me laissant imprégner par la sérénité du paysage. Je cherche à apaiser mon esprit tourmenté, à trouver une clarté dans mes pensées.
Après unmoment de réflexion, je décide de reconsidérer mes actions. Plutôtque de fuir sans explication, je dois affronter mes peurs et parler ouvertement à mon amie. Je dois lui faire part de mes préoccupations, exprimer mes inquiétudes, tout en gardant l'espritouvert à la possibilité que mes craintes puissent être infondées.
Je me relèveavec résolution et retourne sur mes pas, en direction de là où jesuis partie. Mon cœur bat la chamade, quand tout d'un coup, un bruitse fait entendre : des pas de plus en plus lourds, de plus en plusproches. Paralysée, je fais le moins de bruit possible. Peut-être est-ce un animal sauvage ? Je me dis cela pour me rassurer. Mais le temps que je prends pour chercher une explication rassurante, les pas s'arrêtent brusquement et un souffle se fait sentir sur ma nuque.L'odeur de l'alcool m'envahit le nez. Il m'a donc suffi d'un instant pour comprendre. Il m'attrape l'épaule et me fait face. Puis il me regarde en souriant, sa voix brouillée par l'alcool : « Alors,On fuit quelque chose, petite sœur ? » Son sourire en dit long,il semble s'amuser de cette situation.
Prise de panique, je tente de me libérer de sa prise, mais sa force est bien Supérieure à la mienne. Mes pensées s'embrouillent dans ma tête,et une peur indescriptible s'empare de moi. JORDAN LACHE MOI !!!hurlais je à plein poumon. Comment sait-il que je suis en train defuir ? Des milliers de questions se bousculent dans mon esprit, maisje sais que je dois garder mon calme.
Reprenant mes esprits, je le regarde droit dans les yeux, cherchant une lueur d'empathie ou une once de compréhension. Mais tout ce que je vois,c'est un mélange de cruauté et de satisfaction dans son regard.
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Être ou paraître.
Ngẫu nhiênÊtre ou paraître ? Je suis Carla, prisonnière de mon être, et je m'efforce de contenir ces cris. Je vis une existence empreinte de solitude, au goût amer. Peut-être est-ce un désir, un besoin, une simple envie. Quel est le bon chemin à suivre ?