senior year ✍︎ ︎𝐣.𝐣𝐚𝐞𝐡𝐲𝐮𝐧

𝟏𝟕

JAEHYUN

On a gagné.

Putain de merde. On a gagné.

Je croyais qu'on allait pas y arriver. C'était serré, mais on l'a fait. Je n'arrive pas à enlever ce foutu sourire de mon visage depuis qu'on a quitté le terrain. C'est une de mes sensations préférées : gagner. Il y a rien de plus agréable, de plus vivifiant.

Entrés dans les vestiaires, les gars se mettent à hurler, et pour une fois, je les rejoins. Je déteste faire ça, en général, mais l'adrénaline qui parcourt mon corps me dit de m'en foutre. Ce soir, je décide de faire ce qui me passe par la tête. Plus rien ne m'intéresse, à part cette victoire dont je suis très fier.

La stratégie du coach a marché. L'équipe de Waterbury pensait avoir l'avantage pendant les deux premiers quarts de temps, même si nous nous sommes très bien débrouillés. Puis je suis rentré, et on leur a foutu une sacrée raclée. Johnny n'a pas arrêté de me lancer des regards qui me disaient "on va le faire, on va gagner". Ça m'a énormément motivé, de voir que notre capitaine y croyait. C'est une des choses les plus importantes pour une bonne cohésion d'équipe. Sans capitaine à la hauteur, on ne peut pas remporter de match.

On saute tous comme des abrutis, criant qu'on est les meilleurs, qu'on a gagné. On forme un cercle de débiles. Mais comme je l'ai dit, je m'en fous.

Notre euphorie générale s'interrompt par le coach Henderson qui rentre dans la pièce. On se sépare tous et retournons nous asseoir sur les bancs des vestiaires. Il nous juge légèrement au premier abord, mais je comprends par le rictus qui se forme sur ses lèvres qu'il aurait aimé nous rejoindre, si nous n'avions pas arrêté. Je peux voir dans ses yeux énormément de fierté, ça me réchauffe le cœur.

– Bravo, les jeunes. Vous avez assuré, nous dit-il d'un ton calme.

On le siffle pour montrer notre admiration. Ce mec est incroyable. On a le meilleur coach de l'état, j'en suis certain.

– Le prochain match est dans trois semaines, après Thanksgiving. Ne vous réjouissiez pas trop, les gars Middle Town sont très bons.

Il nous laisse sur ces derniers mots et nous reprenons notre boucan. Mon Dieu, on doit nous entendre de dehors et même sur le parking. Tant pis, ce n'est pas mon problème.

Johnny et moi nous dépêchons de sortir, les autres nous attendent pour notre traditionnelle sortie d'après match, et vu la joie que nous ressentons, on ne risque pas de rentrer tôt. On fait ce truc depuis notre entrée dans l'équipe. Que l'on gagne ou perde, on va manger un bout quelque part. Soit pour débriefer de notre match quand nous sommes les vainqueurs, soit pour penser à autre chose, si nous sommes les perdants.

En l'occurrence, ce soir, on est les plus heureux. Et je suis sûr que Mark, Sam, Emma et Tony le sont aussi. Ça fait un mois qu'il traîne avec nous, et je ne pensais pas qu'il était sympa à ce point. Ça m'a rendu encore plus coupable de ce que je lui ai fait, en cinquième. Je me suis excusé je ne sais pas combien de fois, mais il n'a pas cessé de me dire que ce n'était pas grave, que c'était du passé et qu'il ne m'en voulait plus. Je ne mérite pas son pardon, je le sais.

Washington, elle, est toujours persuadée que je ne devrais pas m'approcher de son ami. Elle a raison, dans un sens, mais je ne suis pas l'ennemi numéro un non plus. Tony peut me faire confiance s'il lui arrive quelque chose.

Notre entrevue dans les toilettes, tout à l'heure, m'a donné encore plus envie de gagner ce match. J'avais envie de lui prouver que je n'étais pas un bon à rien, puisque c'est ce dont elle est si sûre. Et je lui ai prouvé, vu qu'on est les vainqueurs.