Chapitre 1 : trente et un octobre

186 24 5
                                    

Je me souviens des rires qui résonnaient dans les airs.


Le parfum de la guimauve et du sucre emplissait mes narines. Chatouillant le fond de ma gorge de leur invisible saveur. Pas à pas j'avançais, comme dans un film au ralenti, regardant à gauche et à droite la joie dans le regard de ces petits. Insouciance de la jeunesse qui croit encore au père noël et à la petite souris.


La température devait avoisiner les seize degrés. Couvert d'un pull blanc une taille supérieure à ma morphologie, j'arpentais les ruelles étroites et bétonnées de Saint Sylvin. Les pensées dans les nuages, je remplissais ma vision des couleurs orangées qui émanaient d'un peu partout dans les alentours.


Les zombis côtoyaient les sorcières, squelettes, araignées et autres créatures dont on a peur le reste de l'année. Les citrouilles soigneusement découpées illuminaient les allées de ce petit village.


J'allumais une cigarette, histoire de décompresser un petit peu. La fumée qui émanait de ma bouche se diffusait dans les cieux. Rejoignant celles des bougies allumées. Je tirais, encore et encore, inlassablement sur ce filtre qui venait brûler mes poumons, qui réduisait mon temps de vie.


"Des bonbons ou un sort"


Tout parait si simple quand on est enfant, il suffit d'un rien pour se satisfaire de la vie.


Je n'ai que dix-huit années et pourtant j'ai l'impression d'avoir vécu une éternité. Rien n'a le même goût, tout devient fade et on se contente d'un quotidien maussade pour simple existence.


Le centre du village resplendissait de couleurs chaleureuses, il devait y avoir tous les habitants, soit cinq-cent trente huit, si mes souvenirs sont bons. L'alcool coulait à flot pour les personnes majeures et on entendait le bruit des bonbons solides dans la bouche ravie des enfants.


Les pupilles brillaient, les voix s'élevaient, les rires fusaient et l'amour vivait.


Pour la plupart des humains il est facile de vivre seul. Pour moi, c'est chose quasiment impossible. Je ne me fais pas à l'idée que je puisse rester solitaire toute ma vie. On a beau me dire "tu es jeune, tu as le temps, ne perds pas espoir !" je réponds ; "peut-être que l'espoir fait vivre, mais le temps réduit l'espoir."


A croire qu'en dessous de trente ans on n'a pas le droit d'inspirer à une vie à deux, à des moments complices et à de l'amour comme ponceur de peines.


La cendre de ma cigarette arrivait à la fin de sa vie, je la regardais se consumer seule, comme un individu sur le point de se suicider. Elle courait, puis ralentissait, un remord ? Peut-être, elle aussi, aurait-elle aimer faire marche arrière et redevenir entière ? Je n'en sais rien, et je n'en saurais jamais rien.


On me fit sortir de mes pensées en me bousculant.


Je ne puis m'empêcher de maugréer des petites injures en me relevant, le pull blanc complètement ruiné par l'herbe humide.


Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 12, 2015 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Brad'rit de mon coeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant