LET ME LOVE YOU [MxM]

• chapitre 1

Yeongjae avait dû faire face à beaucoup d'épreuves en très peu de temps. À dix-huit ans, la vie aurait dû être joyeuse, simple, sans prise de tête. Mais pour l'adolescent, elle avait déjà un goût amer.

Avant de sortir de la voiture, il réajusta sa cravate de façon à ce qu'elle soit bien serrée. Il prit une grande inspiration, prêt à ouvrir la portière, mais la main de sa grand-mère se posa sur sa cuisse pour le forcer à patienter encore un peu. Il tourna la tête vers elle, elle souriait. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour répondre de la même manière, il ne voulait pas l'inquiéter. Même s'il tentait toujours de faire bonne figure depuis qu'il était arrivé, la vieille dame se faisait quand même du souci. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle attendrait sûrement la sortie des cours avec impatience pour savoir si tout s'était bien déroulé. Il attrapa la main de sa grand-mère dans la sienne et appuya les doigts contre sa paume. Elle était moite, signe qu'elle était bien plus stressée qu'elle ne voulait le laisser paraître. Plus stressée que lui.

Yeongjae la garda ainsi pendant quelques secondes, il se voulait rassurant. Du coin de l'œil, il se mit à observer les élèves qui se pressaient à l'entrée de l'établissement. Ils étaient si nombreux... Mais il n'avait pas d'autre choix que de sortir de cette voiture et d'y aller.

Il se pencha vers sa grand-mère et déposa un baiser sur sa joue, lui serrant la main de toutes ses forces.

─ Je viendrai te chercher pour dix-huit heures, dit-elle.

Sans un mot, Yeongjae acquiesça.

Il saisit le sac à ses pieds, ouvrit la portière, et s'extirpa du véhicule. Il adressa un dernier signe de la main à la femme et attendit que la voiture disparaisse dans le flot de la circulation avant de s'avancer en direction du portail de son nouveau lycée.

Il savait qu'il ne se passerait pas un instant sans que sa grand-mère ne pense à lui et s'inquiète. Si venir le chercher lui faisait plaisir et lui permettait d'être un peu moins nerveuse, il n'allait pas le lui refuser. Et puis, cela lui éviterait de devoir prendre le bus. Il ne s'était pas encore bien familiarisé avec les différentes lignes qui menaient au coeur de Séoul, et ça le rassurait également de savoir que quelqu'un allait l'attendre à sa sortie. Il était on ne peut plus reconnaissant pour tout ce qu'elle faisait pour lui. Conduire dans cette cohue n'était pas chose facile, ils avaient déjà mis un temps fou à arriver. Heureusement, ils avaient prévu le coup et étaient partis tôt.

Yeongjae venait d'arriver dans la capitale une semaine auparavant. C'était la première fois qu'il y mettait les pieds et tout était assez différent de son ancienne ville. Cette dernière était plus calme, et surtout beaucoup moins peuplée.

Il avait toujours eu une vie paisible, avec ses parents et sa sœur aînée. Ils habitaient dans une petite maison qui ne payait pas de mine et avaient juste ce qu'il fallait pour vivre. Il était scolarisé dans le lycée d'à côté, un petit établissement qu'il appréciait tout particulièrement car il n'y avait jamais d'histoires ou de concurrence entre les élèves. Tout le monde s'était toujours bien entendu, l'ambiance qui y régnait était bon enfant. Là-bas, Yeongjae avait quelques camarades, pas vraiment d'amis proches car il était plutôt réservé en règle générale, mais il était apprécié de tout le monde. Il était comblé et heureux, il ne lui fallait rien de plus. Jusqu'au jour où un terrible accident de voiture emporta brutalement la vie de ses parents alors qu'ils revenaient d'un week-end paisible tous les deux. Depuis ce jour, il était orphelin.

Il n'avait pas encore l'âge de se prendre en charge et la semaine, sa sœur restait dans une résidence étudiante à quelques kilomètres de chez eux. Yeongjae se vit alors confié à sa grand-mère paternelle, Doona, une femme qu'il n'avait vue que très rarement par le passé. Les relations entre son père et elle n'avaient jamais été au beau fixe, mais ce n'était pas le moment d'avoir des préjugés ; cette femme avait décidé de prendre soin de lui, il était son petit-fils et rien ni personne ne lui enlèverait ce droit. Elle n'accepterait pas de voir sa descendance placée n'importe où. Il était de son devoir d'accueillir le jeune homme et de lui donner tout ce dont il avait besoin.