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Une robe rouge.. des talons aiguilles rouges... du rouge à lèvre rouge...

Le bruit des talons sur un plancher résonne dans un néant si...sombre.
Que c'est sombre le néant!
Un violoncelle rouge est délicatement posé devant un petit banc de bois.

Il n'y a rien à part ces sinistres objets, qui donne un peu de vie à l'obscurité de cet endroit...

Péniblement, la jeune femme dont j'ignore l'identité puisque je ne peux voir que la moitié de la face, prend  place sur le banc. Au beau milieu de nulle part, elle attrape vivement son archet avant d'entamer la partition...sa partition.

Et dedans ce sinistre spectacle, je me sens déchiré par l'amertume et terrorisé par l'ambition.

J'ouvris donc les yeux, et vis que je rêvassais encore. En vrai, j'étais assise au fond de la salle de cours; mes cahiers éparpillés sur mon pupitre et mon livre ouvert à la page mille deux cent. Encore un cours de rater que je devrais rattraper samedi soir dans un laboratoire à la rue Wathis. Je rangeai mes lunettes qui traînaient sur le bout de mon nez avant de me concentrer à nouveau sur le cours.

J'ai horreur des hommes hautains puisque je suis hautaine. Ce caractère me répugne mais bon, je suis moi...
L'homme qui raconte du charabia latin c'est, maître Rudolf Kwatersky. Un allemand de longue date qui se croit tout permis. Il ne fait que parler et se fiche de la totalité. C'est un magistrat qui fit son temps et qui désormais, se résigne au vulgaire métier d'enseignant.

- Bien entendu, vous aurez des devoirs pour le mois prochain. Commencez par vous trouver un groupe. Faites des groupes de quatre. J'ose espérer que vous choisirez les meilleurs cadres.
Merci, c'est la fin du cours.

Toujours son air énigmatique et son front dégagé, son visage neutre et ses yeux fatigués. Le professeur rassemble donc ses tas de livres avant de les mettre dans son sac avec soin.
Quel nigaud ce type !

Je ramassais également les tas de copies que j'avais inutilement éparpillé sur mon pupitre lorsque deux étudiants s'approchèrent de moi. Je ne le cache pas; je suis une fille agressive et fatiguée. Cependant, j'avoue que la tête des deux m'ont intrigué. Outre le fait que je ne fais jamais attention aux visages de mes camarades, je prends toujours grand soin de vérifier que je ne côtoie pas la salle des cancres. Ma réputation est pour moi l'atout destiné à rendre ma vie plus éblouissante. Aussi serais-je heureuse de dire à d'autres que je partageais le même pupitre qu'un tel devenu ministre, par exemple. Il n'était vraiment pas acceptable que j'aie respiré le même air qu'un débile. C'est ce qui m'intrigua, à ce moment- là. Je n'ai jamais de ma vie remarqué la présence de ces deux jeunes.

-  Que voulez-vous ? Je leur demandais le plus glacialement possible.

L'une fit la grimace avant de jeter un coup d'oeil désespéré à l'autre.
Le jeune homme osa faire le premier pas.

- Alors, bonsoir. Moi,c'est Maxim et elle, c'est Élisabeth.

Elle lui coupa la parole, gentiment.

- Je suis Élisa Maxwell! Enchantée!

Mademoiselle me tendit la main d'un air dégouté et enjoué en même temps. Je connaissais cette expression du visage qui se présente à chaque fois qu'on est dans l'obligation de faire quelque chose. Ça m'arrivait souvent lorsque maman m'obligeait à dire à grand-mère que ses petits gâteaux étaient délicieux. Alors que ces derniers sentaient le brûlé et que je n'y goutais jamais.

- Tout le déplaisir est pour moi. Allez droit au but, je vous prie. Je suis aussi pressée que l'heure.
Répondis-je, rangeant toujours mes cartables.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 23, 2023 ⏰

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