C'était un soir d'été, l'odeur salée de la mer me chatouillait les narines. On pouvait entendre les vagues se fracasser sur le bord rocailleux de la falaise devenue verdâtre à cause des algues. On sentait la chaleur du mois de juillet. Miguel et moi étions en train de jouer près de la falaise, notre balle en caoutchouc dévalait l'herbe comme si rien ne pouvait l'en empêcher. « Goal ! » hurlai-je lorsque celle-ci passa entre nos vestes qui servaient de guise de poteaux. La falaise était notre petit coin à nous, nos parents nous y avaient interdit l'accès suite à une quantité étonnante de décès auprès de ce ravin, le village nommait ce lieu «Acantilado De La Muerte» (la falaise de la mort). Mais ça ne nous faisait pas froid dans le dos. Lorsque nos rôles s'inversèrent, lui buteur et moi gardien, Miguel tira un peu trop fort et la balle se coinça au bord de la falaise, au-delà de la barrière défendant aux visiteurs d'aller plus loin.
-Attends ! Lui avais dit-je lorsque je le vis s'y diriger.
-Et puis quoi ? T'as peur des fantômes ? Cette falaise ne me fait pas peur! Répliqua-t-il en enjambant la barrière.
-Non, mais ce n'est qu'une balle et c'est dangereux. Et puis, tu connais mon père, s'il apprend que nous sommes ici, il sera en colère et si, en plus, il apprend que nous dépassons la barrière, alors il hurlera de rage et je risque de passer un sale quart d'heure.
Je soulevai alors mon t-shirt et dévoilai l'énorme bleu qu'avait fait mon père. Au vu de celui-ci, Miguel grimaça. Il ouvrit de grands yeux.
-Il te bat ? Tu devrais aller porter plainte !
-Non, il travaille à la police c'est inutile... Et puis ça se retournera forcément contre moi. Imagine le foutoir quand il rentrera à la maison.
Après un moment de réflexion qui me parut être un éternité, Miguel brisa le silence.
-En tout cas ne t'inquiète pas, il n'en saura rien.
-Si tu le dis. Soupirai-je.
-Tu viens m'aider ?
Je lui tendis ma main qu'il saisit, et il se mit à descendre précautionneusement cette pente rocailleuse. Une goutte de sueur se dessina sur mon front et j'avais les mains moites. Le pied de Miguel dérapa légèrement et me fit une frayeur incomparable.
-Putain ! Tu m'as fais peur, imbécile !
Dis-je, après un soupir de soulagement.
-Ne t'inquiète pas, je gère.
Mais à peine eut il terminé sa phrase qu'il dérapa totalement. Sa vie ne dépendait plus que de moi. Quand je réussis à le hisser avec difficulté, il prit la balle et on pouvait lire à ses yeux qu'il avait vu sa vie défiler.
-C'était moins une ! Dis je, le cœur battant.
-Merci. Me répondit-il d'une voix tremblante. Foutons le camps d'ici, je n'en peux plus de ce lieu maudit !
Et je pus affirmer plus tard que ce lieu était vraiment maudit.
Le chemin jusqu'à la maison fut silencieux. Une fois arrivé avec Miguel à mes côtés , j'ouvris la porte et criai « On est rentré ! ». Maman m'observa avec un regard perplexe.
-On ?
Suite à cette question absurde, je lui désignai Miguel, juste avant de m'apercevoir qu'il n'était plus là. Je sortis alors regarder aux alentours :pas un chat, personne. Il était parti. Pourquoi et comment ? Je n'en avais aucune idée. Tant pis , me dis-je, je lui demanderai demain. Mais ces questions me tourmentaient, si bien que je ne m'endormis que très tard. Au lendemain, lorsque je fus réveillé, l'aube était passée depuis longtemps. Les rayons du soleil illuminaient toute ma chambre. Je pris quelques secondes pour réaliser que c'était maman qui m'avait réveillé. Je pouvais lire dans son regard une lueur d'inquiétude.
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Les Nouvelles du Fou
Short StoryFins sans réponses, mystère et malaise, c'est un mélange de plusieurs nouvelles toutes aussi étranges les unes que les autres. Ce recueil de nouvelles fantastiques vous fera frissonner.