Premier

13 2 5
                                    

❥┈┈┈•˼͝ʹ͜ ˓̇͜∙͡∘❀❤❀⋞∙͜͡∘ʹ͜˻͝•┈┈┈❥

Je n'ai jamais vraiment eu une très bonne santé. L'enfant avec un rhume pendant la quasi totalité de la période hivernale et qui choppait tous types de virus, c'était moi. L'enfant qui avait toutes sortes d'allergies plus ridicules les unes que les autres, c'était moi. L'adolescent chiant qui allait toujours à l'infirmerie pour une gastro ou un mal de tête et qui dérangeait ses parents pour venir le chercher, c'était moi. Et le jeune adulte qui passe ses journée à l'hôpital à cause d'une pneumonie, de la fièvre, ou de son diabète, c'est moi.

L'hôpital n'est pas si terrible une fois qu'on y est habitué. C'est même plutôt amusant parfois. Les rencontres en particulier peuvent l'être.

Je me souviens de cette vieille femme atteinte d'un cancer au stade terminal. Personne ne lui rendait visite -- son mari était mort quelques années plus tôt et ses enfants vivaient trop loin -- et elle me faisait de la peine. J'avais commencé à aller la voir dans la salle commune. On jouait aux cartes et on bavardait souvent autour de sujets variés. Elle est morte il y a deux ans.

Les rencontres finissent d'une meilleur manière en général, cette dame était une des exception. Une en particuler m'a laissé confus. J'y repense parfois, quand je suis seul dans ma chambre.

L'hôpital est un endroit qui réunit des personnes très différentes, avec des maladies toutes aussi différentes. Étant presque toujours malade, je ne le quitte que rarement, et j'ai la chance de bavarder avec tous ceux qui viennent dans la salle commune. Cette salle est très spacieuse et confortable avec pleins de jeux et de sièges, pouvant accueillir enfants comme adultes. J'ai souvent joué avec les enfants malades, ils me faisaient de la peine. Et je discutais avec qui le voulait.

J'avais une place préférée dans cette salle. Celle dans le fond, près de la bibliothèque, cachée de ceux qui entraient dans la pièce. J'y étais à l'aise et pas grand monde ne s'y asseyaient. Sauf ce matin là.

Il était assis et lisait un livre en silence. Je crois qu'il avait des écouteurs aussi, mais je n'en suis pas sûr. Enfin, ça n'a pas d'importance. Il était assis à ma place. Celle à laquelle j'étais chaque jour. A chaque fois que je venais.
Après un instant à le regarder je me suis rendu compte que je ne l'avais jamais vu avant, ce qui m'a semblé étrange puisque je connaissais tous ceux qui venaient à cet endroit. Il vient d'arriver, je me suis donc dit à moi-même.

Je me suis approché de lui pour le saluer et engager une conversation. Il a relevé les yeux vers moi à mon appel et m'a fait un sourire amical. Je me suis présenté et lui ai demandé ce qu'il était en train de lire. Encore aujourd'hui, je me souviens de ce livre : Les maladies de l'âme. Je me suis assis sur la chaise d'à côté, celle qui me laissait à découvert, dos à la pièce. On a parlé longtemps, presque tout l'après-midi.

Louis -- c'était son nom -- venait chaque jour s'asseoir dans la salle et attendait la fin de mes soins que je le rejoigne. Cela a duré un moment. Un mois environ. Un mois incroyable. Louis était incroyable.

Il était incroyable, mais quelque chose me chiffonait à son sujet. Enfin plusieurs choses en réalité.

La première, c'est qu'il ne m'a jamais vraiment dit ce qu'il avait. Je n'ai jamais vu son dossier, et je n'ai vu aucun aide soignant lui administrer des soins, ou lui parler de son état.

Et en parlant des aides soignants, je n'en ai jamais vu un seul lui adresser la parole. En fait, je ne l'ai jamais vu discuter avec quelqu'un d'autre. Personne ne lui parlait, personne ne le regardait.
J'avais l'impression d'être le seul à le voir.

L'éphémèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant