Chapitre 3

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L'histoire aura pu s'arrêter là. 

Des problèmes de voisinages, des commérages par ci par là. Rien de bien inquiétant. Joëlle aurait pu rentrer chez elle après qu'elle eut appelée les policiers.

Mais elle était revenu chez les Sherpers. Par inquiétude de la solitude? Ou parce que l'on pouvait observer, si l'on avait assez de courage, après avoir décalé de quelques centimètre le rideau d'une fenêtre et approché le visage dans la nuit sombre, une ombre imposante marcher de long en large le mur de la cour commune. 

Seule Marie avait osé regarder. Seulement regarder. Tétanisée elle n'avait prévenu personne...que la folie du voisin n'avait toujours pas disparu. 

Ainsi, la voisine avait resonné chez la famille. En appel avec Sabrine qui lui reprocha subitement de l'avoir faîte la risée de tout le voisinage en appelant les policiers. 

- Je comprends pas pourquoi elle réagit comme ça, s'excusa-t-elle en reprenant place sur le canapé, j'ai pensé à ma sécurité d'abord...

- Et tu as bien fait Joëlle...l'attendrit la mère de l'adolescente qui s'était levée pour l'accompagner dans leur chambre d'amis. 

On entendit leurs voix disparaître à travers les crissements de l'escalier.

Favier et Marie se regardèrent dans les yeux, empreints à la même sensation d'inconfort.  Pas besoin de parler, ils savaient inconsciemment que cette nuit serait spéciale. Cela ne dura que quelques secondes, alors que Marie alla pour se coucher à son tour.  Son père regardait le foot dans le salon.

Pour atteindre sa chambre il fallait prendre plusieurs couloirs, passer devant plusieurs pièces, prendre deux escaliers. Il fallait avouer que leur maison était immense. Dans le noir elle se dirigea vers la salle de bain, alluma l'ampoule en haut du plafond de l'exiguë  salle d'eau, et ouvrit le robinet. Alors qu'elle se lavait les dents, elle entendit le parquet grincer.  A travers le dentifrice moussant, Marie s'adressa à Joëlle.

- Tu as une salle de bain vers ta chambre. Elle est beaucoup plus spacieuse. Si tu veux prendre une douche n'hésite pas hein? 

Mais aucune réponse... Elle cracha dans le lavabo, se nettoya la bouche et se pencha entre l'embrassure de la porte pour voir la pièce communicante.  Aucun mouvement. Le noir complet.

- Joëlle? hésita-t-elle en allumant les ampoules.

Elle resta quelques secondes au milieu de la pièce, le cœur battant. Peut-être le temps de se raisonner sur la raison de ces bruits. Puis elle tourna le dos, éteignit la lumière dans la foulée, et fermait la porte derrière elle. Elle crut au même moment que le cliquetis des clefs dans la serrure, qu'un spectre courait faire elle dans l'obscurité, le sourire aux lèvres.

Le lendemain, Sandrine se réveilla la boule au ventre. En descendant les escaliers principaux, elle découvrit la porte d'entrée entièrement ouverte. Des feuilles s'engouffraient dans l'entrée, à la suite du vent gelé du matin.  Elle repartit en sens inverse pour réveiller son mari, emprise de nombreux questionnements. Fallait-il fermer la porte? Mais si quelqu'un était entré, il aurait fallu le laisser sortir...Était-ce un cambriolage, ou le voisin déjanté? 

Lorsqu'elle alla voir si Joëlle s'était levée, sa porte était entrouverte, et cognait de temps à autres contre l'embrassure en bois. Elle la poussa lentement. A l'intérieur la fenêtre était grande ouverte, le lit n'avait pas été défait. 



Nuit mouvementée ( Nouvelle )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant