Chapitre 2

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Elle se pencha vers nous, fuyait notre regards, encore sous le choc. Elle était agitée tandis qu'elle nous détaillait chaque recoins de ce qui venait de ce passer...

Alors que je venais de faire bouillir mon thé à la casserole j'ai entendu un cri qui m'a glacé le sang. Evidemment je suis sortie, sachant pertinemment d'où il provenait. Et de l'entrée j'essayais de voir à travers l'obscurité dans la ruelle. C'est à ce moment là que la voisine est sortie paniquée, vous savez, Sabrine."

Sabrine, nous l'avions connu en même temps que Joëlle, elle faisait parti intégrante de la groupe de voisins. Il n'y a pas plus de quatre ans, elle nous avait invité à son mariage qui s'était passé dans la salle des fêtes du village. Son mari s'appelait Laurent, s'était un homme imposant, et chaleureux. Ils avaient tous deux la goutte facile, et ne perdaient jamais une occasion de gouter à un nouveau vin. Un couple très sympathique, honnête et qui venaient en aide dans chaque situations. Il fallait tout de même avouer que Sabrine était une vraie commère qui n'hésitait jamais à s'incruster dans un conflit de voisinage. Mais ce soir là, leur bon vivant avait vrillé au cauchemar. 

Joëlle reprit son histoire après avoir rebus frugalement une gorgée du thé refroidi.

" Elle trébuchait dans la rue, en ma direction, et regardait derrière si personne ne la suivait. A ma hauteur elle baragouinait une multitude de choses incompréhensible. Ce que j'en ai retenu c'est que son mari avait pété un câble. Il avait sans aucune raison pris un couteau alors qu'il était dans la cuisine et dans la lutte il s'était ouvert le bras. Alors je l'ai fait empressement rentrée et j'ai fermé la porte à double tour. Vu le gabarit de son mari, s'il venait à suivre les pas de sa femme, ma porte n'aurait pas fait long feu, moi avec. "

- Et qu'avez vous fait ensuite? Demanda Marie, plongée dans cette histoire.

" Eh bien je lui ai dit que nous allions monter. J'ai éteins toutes les lumières pour qu'il pense que nous n'étions pas là. Mais tu penses, dans son état, il aurait été capable d'enfourcher n'importe quelle porte de la rue. Sabrine ne tenait pas en place. Nous avons attendu dans la salle de bain, et nous l'entendions à travers la fenêtre gueuler sur on ne sait quoi. A ce moment j'ai vraiment eu peur pour ma vie. Il semblait fracasser des meubles, frapper dans des murs, gueuler sur quelqu'un."

- Mais et maintenant, où est Sabrine, riposta Fablier. Elle n'est pas retournée chez elle?

" Ah mais je n'en ai aucune idée! Quand il n'y a plus eu de bruits, elle a fuit ma maison sans me dire un mot et a pris sa voiture! Me laissant là. Mais imaginez que son mari décide de venir me voir en ripostant qu'il voulait voir sa femme! Il n'aurait pas été en état de se calmer et je n'aurais pas tenu long feu sous ses coups. En attendant Sabrine est partie et je n'ai toujours pas de nouvelles depuis trente minutes... Du coup je suis venue me réfugier chez vous."

Ses mains tremblaient, alors que le silence s'installait. On entendait rien dans la rue. Pas un bruit. La mort. 

- J'ai appelé les gendarmes. Sabrine ne voulait pas que je dénonce son mari, mais j'ai pensé à ma sécurité d'abord. 

- Tu as bien fait Joëlle, rassura le père de Marie, une main derrière le dos de la sexagénaire.

La mère ne disait rien, elle avait le regard dans le vide. Ils semblaient tous aux aguets. Prêts à sauter au moindre tambourinement à la porte.

- Et puis toi tu es plus imposant que moi, alors... Répéta Joëlle avec une petite voix.

Soudain, son téléphone sonna contre la table, faisant écho à chaque vibration, comme un battement de coeur en surchauffe. Joëlle sauta dessus à pleines mains.

- Allô? Oui, oui, oui c'est moi! Vous êtes où? A l'entrée? Oui j'arrive toute suite.... Nan je sais pas. Oui... Très bien.

Puis elle raccrocha. Entre ses réponses successives nous entendions la voix grave d'un homme au bout du fil. 

Joëlle se leva, et s'adressa au père. 

- Ils sont arrivés, faut que j'aille leur expliquer.

- Je t'accompagne? 

- Oui je veux bien, je me sens pas trop à l'aise dans le noir, ria-t-elle timidement. 

Ils partirent à l'entrée de la maison de la jeune famille, l'adolescente à leurs talons. Devant, attendaient trois gendarmes. La voisine, Joëlle, partit avec eux dans la nuit après leur avoir expliqué la même histoire qu'à nous...

Nuit mouvementée ( Nouvelle )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant