La semaine s'est déroulée assez vite, chacun faisait son travail puis l'envoyait à l'autre jusqu'à la mise en page par moi.
Nous sommes vendredi, il est dix-huit heures passées. Caroline et Eden sont allés interviewer et photographier sa cousine infirmière. Isaac est sûrement en train de rédiger les derniers textes et pour ma part, je finis de mettre en page les dernières informations que l'on m'a données.Je m'avachis sur ma chaise de bureau et souffle, cela doit bien faire quatre heures que je travaille sur ce magazine et je n'en peux plus. Je me lève, m'étire et part vers la cuisine me faire chauffer de l'eau pour un thé.
Au moment où ma bouilloire finit de chauffer mon interphone sonne, ce qui me fait sursauter, vu que je n'attends personne. Je m'avance vers celui-ci intrigué et décroche.- Ça te dit de faire une pause ?
Je souris en reconnaissant sa voix.
- Comment tu as su que j'habitais là ? Je l'interroge.
Il met un petit temps à répondre : - Une petite souris me l'a dit. Du coup si ça te dit de venir avec moi, prends une veste car il fait pas super chaud malgré le soleil.
- Okey, je me prépare rapidement et j'arrive. Je raccroche le combiné en souriant de plus belle. Cet après-midi, ça me fait un bien fou qu'on me propose de sortir.
{Surtout quand l'invitation vient d'Isaac.}
Je ressens un petit nœud au ventre, mais n'y prête pas attention et mets l'eau chaude avec du thé dans un thermos. Après avoir enfilé mon manteau et mes bottines, je ferme ma porte et descends à toute allure.En le voyant derrière la porte, le nœud que j'ai ressentis plutôt se sert encore plus.
{Pourquoi je stresse autant ?}
J'essaie de nouveau d'ignorer cette angoisse et sors de l'immeuble.
- Salut ! Isaac me rend ma salutation et m'ouvre la portière ce qui me fait rire. Tu es un vrai gentleman, dis-moi.
- Toujours pour les belles demoiselles. Répond-il du tac au tac.
Je secoue la tête et il s'installe au volant de sa voiture, je l'interroge alors sur notre destination.
- Je t'emmène dans une forêt très sympa, tu m'en diras des nouvelles. On a un peu moins d'une demi-heure en voiture, donc on y arrivera pile à temps.
- Pile à temps pour ? Je lui demande déroutée, mais il ne me répond pas et à la place hausse les sourcils comme pour dire "Tu verras".
Le reste du trajet se fait dans le calme, on parle rapidement de l'avancé du magazine et de l'oral.La voiture ralentit et nous arrivons à l'entrée d'une forêt de conifères.
- Et voilà, on a un peu de marche mais on y est ! Fit Isaac en parquant sa voiture.
Il sort de sa voiture et pour continuer son rôle vient m'ouvrir la portière. Une fois sorti, le jeune homme commence à s'avancer et me fait signe de le suivre.On déambule entre les arbres pendant quelques minutes jusqu'au moment où il s'exclame :
- Parfait, pile à l'heure !
Il revient à ma hauteur me prend par la main, ce qui me fait doucement frissonner et me fait avancer lentement vers une petite clairière. Les arbres étaient très hauts et denses ce qui cachait le moindre rayon de lumière, mais pas à cet endroit-là.En levant mes yeux vers la plaine qui se dégage devant nous, je comprends pourquoi nous sommes pile à l'heure. En face se trouve le reste de la forêt éclairé par le soleil qui est en train de se coucher. Nous sommes en hauteur comme sur une petite falaise, et le temps clair nous permet de voir assez loin. Le spectacle est magnifique alors je m'approche un peu plus du bord et m'assois pour en profiter.
- Isaac c'est... incroyable. Je souffle émerveillé. Il s'assoit à son tour à côté de moi.
- Je savais que ça allait te plaire.
Je souris et détaille la forêt, ses sapins, ses pins et ses mélèzes. Ils ont chacun leurs histoires et je suis là, à cette heure précise pour les contempler, le soleil joue avec les couleurs de l'automne et le vent crée une mélodie qui nous englobe.Je me tourne vers mon voisin, et je me mets sans me rendre compte à le détailler aussi. Ses yeux marron ressortent avec le reflet du soleil, j'en viens même à me demander comment il arrive à les garder ouverts. Ses boucles noires dansent, elles aussi au rythme du vent. Il a l'air apaisé, tout comme je le suis.
- Merci de m'avoir emmené ici. Je regarde de nouveau le paysage. Ça fait du bien tout ce calme. Parfois tout autour de nous est trop bruyant, et même quand on est seule, le bruit ne cesse pas.
Je le sens me regarder, mais je ne détourne pas mon regard de la vue.
- Pourquoi tu es venue ici ? Me demande-t-il. A cette question, je me retourne vers lui. Tu m'as dit que tu étais là pour tes études, je te crois, mais est-ce que je me trompe si j'ai l'impression que tu fuis quelque chose ?
A ces mots, je sens le sol se dérober sous mes pieds, je n'ai jamais eu l'habitude que l'on me pose cette question. Je baisse les yeux, pas par intimidation mais car j'ai l'impression qu'il pourrait tout lire dans mon regard. Je regarde de nouveau le ciel orangé. Et décide de lui avouer.- Tu as raison, je fuis. Je fuis quelque chose qui ne partira jamais.
- On a tous nos démons pas vrai ? Affirme-t-il. Un petit silence reposant se fait et il reprend. Je ne pourrais jamais te forcer à te livrer, mais si tu as besoin de parler je suis là. Je n'aurais pas forcément les mots, mais je saurais t'écouter.
Ces mots me touchent, et je continue de regarder l'horizon pour qu'il ne voit pas mes larmes monter. J'ai envie de tout lui raconter, délivrer cette histoire qui est enchaînée au fond de moi. Un nœud se forme dans ma gorge alors que je prononce quelques mots.
- On m'a fait du mal. Une larme coule, mais je ne prends pas la peine de l'essuyer.
- Je ne t'en ferais jamais, du moins je ferais de mon mieux pour ne pas t'en faire je te promets.Je me retourne de nouveau vers lui, son regard compatissant se plonge dans le mien qui est complètement noyé. Je le crois. Beaucoup me demanderont comment je sais s'il est sincère ou non, comment je peux le croire alors qu'on se connaît depuis même pas deux semaines. Mais je ne saurais quoi répondre. J'ai ce besoin de le croire.
- J'aimerais tellement tout dire, mais je n'y arrive pas ... Mettre des mots sur ça ... C'est trop dur. Je baisse la tête, la douleur est de plus en plus présente mais je ne veux pas craquer. Pas ici, pas devant lui.Je sens son bras se poser sur mon dos et me caresser comme pour me rassurer. Je prends quelques respirations entremêlées de sanglots, je maudis cette douleur qui vient gâcher ce moment. Je prends un mouchoir dans mon sac et m'excuse.
- Pourquoi tu t'excuses ? C'est moi qui suis désolé ... Je n'aurais pas dû te poser cette question. Regrette Isaac.
Je secoue la tête. - Nan, nan ne t'en veux pas. Si tu savais à quel point ça me fait du bien d'être là, dans cet endroit merveilleux, de pouvoir parler avec quelqu'un sans être constamment apeuré ... C'est constamment présent au fond de moi ... et ce n'est à aucun moment de ta faute.
Il me sourit , ses yeux marron confus se plongent dans les miens. On ne dit plus rien à haute voix mais un dialogue muet se joue dans nos regards. Je sens ma douleur s'estomper et faire place à d'agréables palpitations, je lui souris sincèrement.
Un vent plus fort que les autres vient me faire frissonner, le soleil s'est totalement couché et la pénombre gagne peu à peu les lieux. Isaac se lève et me tend sa main pour m'aider à me relever.
- On va y aller avant qu'il ne fasse nuit et trop froid.On arrive devant mon immeuble, mais je ne sors pas tout de suite et me tourne vers mon pilote.
- Merci pour cette après-midi, je ne veux pas que tu penses que ça a été une catastrophe pour moi. Je rigole. Comme je te l'ai dit ça m'a vraiment fait du bien de sortir et ... Et de discuter avec toi.
Je sens la chaleur me monter aux joues alors je décide d'ouvrir la portière et de sortir mais avant de la refermer Isaac m'interrompt.
- Moi aussi ça m'a fait plaisir de te montrer l'endroit, je veux juste être sûr que tout va bien.
- Tout ira ne t'en fais pas. Je lui souris avant de refermer la portière et de partir vers mon appartement.Je referme la porte à clef et reste immobile devant celle-ci le temps de me remettre de cette sortie. Je jette les clefs sur mon bureau ainsi que mon manteau et m'affale sur mon lit. Je ne sais pas trop comment je dois me sentir, mon corps est mélangé par une immense joie, mais aussi par cette part d'ombre et de doute. Je revois son visage et sourit bêtement.
{Comment savoir s'il est sincère ou non ...}
Une sonnerie me sort de mes pensées. Je regarde et voit un message de Caroline.*Caroline : Alors ce rendez-vous ?😏* J'ouvre la bouche béante. {Mais quoi ?}
Je lui réponds.*Moi: Donc c'est toi la petite souris. Et qui t'as dit que c'était un rendez-vous ? Il m'a juste emmené dans la forêt pour me montrer un paysage.*
Je n'ai pas le temps d'attendre qu'un autre message arrive instantanément.
*Caroline : "Il m'a juste emmené dans la forêt pour me montrer un paysage" C'est ce que j'appelle un rendez-vous moi madame !*
Je rigole et secoue la tête. {Cette fille me désespère !}
*Moi : Et toi avec Eden alors ? 🤔*
*Caroline : Bah après avoir vu sa cousine, on est allé boire un verre c'est tout. 🙄*
*Moi : C'est tout ? On en reparlera Lundi hein !*
Je repose mon téléphone et attrape mon doudou chien qui n'a plus que la peau sur les os et un œil en moins. Je regarde l'heure bientôt vingt-et-une heures, ayant faim et une grosse flemme de cuisiner je regarde ce qu'il y a de disponible sur to good to go.
Une fois mon plat récupéré je me prépare un petit plateau et ouvre mon ordinateur sur Disney +.
Rien de mieux pour un samedi soir qu'un plateau-repas dans le lit devant un bon dessin animé.
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Quand le soleil se couche
RomanceComment se reconstruire après avoir vécu un traumatisme ? Peut-on encore faire confiance ? C'est ce que va tenter de savoir Alice Mercier, une jeune adulte ayant vécu des traumatismes. (Histoire en beta-lecture n'hésitez pas à me faire vos retours)