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Chapitre 1

La chaleur du gymnase étouffait. Depuis plus d'une heure, les élèves subissaient les cris de leur prof insupportable et les crissements désagréables des chaussures contre le lino. Dans ce trimestre ils étaient censés faire de la gym et de l'athlétisme, mais leur enseignante avait décidé qu'elle était immunisé contre le programme scolaire, et maintenait depuis des semaines la pratique de son sport préféré : le badminton. Le sport le plus répétitif et le moins intéressant qui puisse exister, mais, je l'accorde, un des moins fatiguants. Ce qui ne s'appliquait pas à la prof. Grande, aux cheveux courts décolorés, d'une cinquantaine d'années et toujours aigrie, on pourrait croire qu'elle est devenue prof juste pour le plaisir d'être supérieure aux élèves. Ces derniers avaient déjà portés plainte plusieurs fois contre elle, pour insultes, humiliation et autres, mais la direction du petit lycée paumé au milieu de nulle part ne pouvant pas trouvé de remplaçant, ne l'ont jamais renvoyé. Les lycéens se trouvaient donc contraints de la supporter quatre heures par semaines.

Oubliant le jeu pour quelques secondes, Era se baissa pour refaires ses lacets, et reçue immédiatement un volant dans le front de la part de son adversaire, ainsi qu'une insulte de la part de l'enseignante. Mais cette dernière se désinteressa d'elle rapidement et commenca à engeuler un élève rouplet, et lui hurlant de bouger plus et manger moins. Era balaya ses cheveux noir charbon de son front et replia ses mèches rebelles derrière les oreilles, dévoilant ses yeux amandes verts, au regard perçant. Sa peau bronzé et ses lèvres fines témoignait de sa beauté, et seuls les cernes sous ses yeux gâchaient l'harmonie de son visage. La lycéenne ramassa le volant et servi sur la fille en face d'elle. Sa concurrente, Alice, était la chouchoute de tous les profs et ce qu'on appelle gentiment, une peste. Era se trouva dans sa liste de "personnes à qui gâcher la vie", dès que sa meilleure amie, toujours sur ses chevaux quand on lui parlait mal, alla dans un lycée différent. Contrairement à son amie, Era préferait détéster et insulter les autres intérieurement, pour éviter les conflits qui l'énervait et la fatiguait plus que tout. Et donc, depuis la rentrée, elle avait maitrisé l'art de se foutre et d'ignorer complètement ce que les élèves -et la prof de sport- pouvaient lui dire. Un art qu'Alice n'avait pas l'air d'apprécier, puisqu'elle s'est rendu compte de l'indifférence que portait Era à ses insultes qui ne servait plus à rien à part se ridiculiser elle-même.

Era s'apprêtait à renvoyer le volant dans le camp adverse, quand - à la grande joie des élèves - la dernière sonnerie de la journée retentit. Tout en râlant, la prof de sport les envoya dans les vestiaires. Après avoir pris toutes ses affaires Era sortit du gymnase. L'air frais et le vent lui firent un bien fou après le sport, et tout en remettant son pull, elle se dirigea vers le portail.

Dès qu'elle sortit du lycée, elle se fit bousculer par quelqu'un. Indigné, elle leva la tête pour regarder qui était le coupable. Devant elle se tenait un garçon de son âge, avec une tête de plus qu'elle, qui lui rappelait vaguement quelque chose. Ses cheveux noirs mettaient en valeur ses yeux verts clairs, et il aurait pu être assez beau s'il n'avait pas de bleu saillant sur sa pommette gauche, et la lèvre fendue. En lui jettant un coup d'oeil rapide il marmonna un mot qui ressemblait à "pardon", et ramener son attention devant lui. Era suivi son regard et vit trois autres garçons, aussi grands que musclés, avec des regards tueurs. Un des trois avait déjà récolté un oeil au beurre noir, et un autre saignait du nez. Analysant rapidement la situation, Era se retira discrètement, raisonnant qu'elle ne pouvait de toute façon pas aidé le garçon aux cheveux noir, même si elle le voulait. En marchant vers l'arrêt de bus, elle essaya de se rappeler qui était ce lycéen vaguement familier, mais n'y arrivant pas, elle enfila ses écouteurs.