Lou
La chaleur est étouffante depuis quelques jours. Dans le sud de la France, là où je vis avec ma famille, cela est souvent synonyme d'orages et je n'aime pas ça. Mais aujourd'hui, le temps est parfaitement dégagé, il n'y a pas une seule fausse note dans ce ciel si bleu. Cachée derrière mes lunettes de soleil, nous roulons sur l'autoroute en direction de l'aéroport. Mon père chantonne sur le refrain d'un morceau de Luis Mariano et je me félicite d'avoir emporté mes écouteurs que je m'empresse d'enfoncer dans mes oreilles. Je pousse le volume à fond et lui lance un regard exaspéré lorsqu'il se met à chanter plus fort.
Juste avant la sortie qui mène à l'aéroport, mon père pose une main sur mon avant-bras et me fait signe d'enlever mes écouteurs. Je coopère à contrecœur. On est presque arrivés et je me serais bien passée d'une discussion père-fille sur son thème préféré du moment : moi et comment j'appréhende ma vie. Tout un programme !
— Es-tu contente de revoir ton frère ?
— Euh, ouais, réponds-je sans conviction.
OK, au fond de moi, je suis contente qu'il revienne, il m'a manqué. Mais plutôt mourir que de l'avouer tout haut !
Théo est de retour d'un échange linguistique d'un an aux États-Unis. En Californie, plus exactement. Lorsqu'il est parti, l'année passée, j'étais verte de jalousie et je me réjouissais que cette dernière année de lycée se termine enfin pour pouvoir faire comme lui. Partir découvrir le monde. Mais depuis, beaucoup de choses ont changé et je ferais donc ma rentrée universitaire près de chez moi, sur le même campus que mon frère, ô joie. Heureusement, nous ne suivons pas le même cursus et par conséquence, peu de chances d'avoir des cours en commun, d'autant plus qu'il entre en deuxième année.
Avec Théo, on a beau n'avoir que onze mois d'écart, il a toujours pris son rôle de grand frère protecteur très au sérieux. Et ce côté chez lui, qui me convenait parfaitement lorsque j'avais sept ans et qu'il me défendait face à cet idiot de Randal Fisher qui me tirait les cheveux, a commencé à devenir très problématique quand je suis devenue ado et que les garçons ne s'intéressaient plus uniquement à mes tresses. Je dirais que la relation avec mon frère a débuté son long déclin à peu près à cette époque.
— Et que penses-tu de cette future cohabitation ?
Je lui offre un visage blasé.
— La même chose que la dernière fois, papa... et de la fois d'avant et...
— Je vois, m'interrompt-il dans ma litanie.
Il me lance un regard inquiet puis reporte son attention sur la route devant lui.
— Tu sais qu'il n'y en a que pour deux bons mois, le temps des vacances et puis qu'ils iront habiter sur le campus ?
— Je sais et ça ne m'embête pas.
Ce que je n'ai pas précisé, c'est que mon frangin revient pour un an avec Saw, son correspondant. Il était prévu qu'ils reviennent pour la rentrée, mais pour une raison que j'ignore, les parents de Saw ont ruiné leur plan et mon été par la même occasion. Supporter mon frère à la maison, passe encore, même si j'ai pris l'habitude d'y régner en maitre. Mais la partager avec un parfait inconnu, de surcroît hyper sexy, d'après son compte Instagram que je ne suis absolument pas, ça ne m'enthousiasme guère. Fini l'intimité, fini de déambuler en pyjama en pleine journée, les cheveux en pétard ou de paresser au soleil en bikini au bord de la piscine. Et pour ne rien arranger, je suis sûre que Théo va encore prendre un malin plaisir à fourrer son nez dans mes affaires. Même à des milliers de kilomètres, il arrivait encore à se mêler de mes relations amoureuses foireuses, merci Skype ! Alors, je n'imagine que trop bien ce que ça va donner quand seulement un couloir nous séparera.
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The other side
RomanceCe roman est né pour le concours Fyctia et est toujours en compétition ;) Lou vient de finir sa dernière année de lycée. Et alors que les vacances d'été ne font que commencer, son frère qui est parti étudier un an à l'étranger revient accompagné de...