Fuir pour une destinée [1/4]

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« Une action peut changer de sens si le point de vue vient à différer.»


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Avía :

L'avía est un être complémentaire au kátoikos qui lui est destiné. Ils sont la moitié l'un de l'autre. Les avía ne se ressemblent pas entre eux, ils reflètent l'âme du kátoikos choisi, prenant la forme de l'animal qui lui correspond. Ce sont des êtres constitués de poussière d'étoiles, ils fournissent l'énergie nécessaire aux kátoikos leur permettant d'utiliser leurs capacités. Les avía peuvent parler par télépathie avec leur katoikos--------------------------------------------------------------

Kátoikos :

Un kátoikos est un être qui a la capacité d'apprendre à maîtriser son aura. Le jour où un Homme sait qu'il peut devenir un kátoikos, est celui où il rencontre son avίa. Ils sont capables de ressentir les émotions qu'éprouve leur moitié. Ceci n'est pas quelque chose de réciproque. Les kátoikos peuvent parler par télépathie avec leur avía-------------------------------------------------------------------------------

Passage :

Les Passages sont des failles mettant en relation deux endroits, proches ou lointains. Ils apparaissent en règle générale de manière aléatoire. Il est possible d'en mettre un en œuvre même si cela est prohibé et dans tous les cas, difficile à réaliser. Lorsque plus aucun Être (comprenant les Hommes, les kátoikos et les animaux) ne traverse le Passage, celui-ci se referme par manque d'énergie apportée. -------------------------------------------------------------------------------------

Signage :

Parmi les différentes catégories de kátoikos existantes, chacune possède un signe qui leur correspond et les différencie. Si un kátoikos dessine son propre signe sur une surface matérielle, vivante ou non, de manière forcée ou non, cela s'appelle un Signage. Son but est d'imposer son aura sur une autre. ---------------------------

- Extrait du Métávasi -

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Jour inconnu, mois inconnu, année inconnue.


Ses pieds la portaient à toute allure, elle ne devait regarder en arrière. À chaque respiration, des milliers de petites lames aiguisées transperçaient ses poumons brûlants. Chacun de ses muscles était douloureux et ses bras congestionnés ne lâcheraient pour rien au monde, l'encyclopédie qu'elle tenait fort contre elle. Ses jambes ankylosées étaient pleines de lourdeurs,  pourtant de toute sa vie elle n'avait jamais été aussi rapide.

Le Métávasi, ce Livre dont ses compagnons de route et elle avaient eu tant de peine à en récolter les pages était enfin entre ses mains. L'envie extrême de s'éloigner du champ de bataille où elle avait failli perdre la vie la prenait aux tripes, elle n'avait pas le temps de s'exalter de sa fraiche trouvaille. À peine fut-elle distraite que les souvenirs de son combat récent s'immiscèrent malgré elle devant ses yeux, lui provoquant un haut le cœur et une vive douleur à l'épaule droite. Sa blessure était vive et se manifestait telle une piqure de rappel, la distrayant dans sa fuite.

Perdant son allure, sa démarche laissa place à un mimétisme automatique. Elle se remémora les deux yeux rouges qu'elle n'avait pas vus à temps, les deux crochets blancs nacrés dirigés vers son visage et son incapacité à parer le coup. Elle n'avait eu d'autre choix que d'encaisser. Elle remercierait plus tard son réflexe inhumain, grâce à lui elle n'était pas défigurée. Mais ses membres tremblèrent sous la terreur, le venin s'étant invité sans autorisation dans sa circulation sanguine n'arrangea pas les choses.

Dans un râle elle secoua la tête, le regard de nouveau concentré. Elle passa un doigt sur la morsure, elle ne saignait pas. Le liquide étranger remontait le long de ses veines, lui provoquant bouffées de chaleurs et frissons glaçants. Elle ne devait pas faiblir, elle n'en avait pas le droit. Si elle mourrait maintenant tous leurs efforts auraient été vains, et personne ne pourrait prédire ce qui arriverait à Sapaña.

De grosses gouttes de sueurs coulèrent sur son front, plaquant ses cheveux sur son cuir chevelu. Elle redoublait d'efforts. Ses pas provoquèrent des clapotis, les éclaboussements résonnèrent dans le long sous-sol qu'elle traversait. L'odeur était rebutante mais elle avait vécu bien pire.

Le chemin s'éclaircit à peine. Le soulagement l'envahit. Ses jambes s'allégèrent, lui risquant de se tordre les chevilles. Mais le mouvement d'une ombre et le bruit d'une discussion lointaine la remirent sur ses gardes. Son cœur battait trop vite et le poison dans son sang l'empêchait de réfléchir décemment. Des sueurs froides dégoulinèrent dans son cou. Elle se mordit l'intérieur des joues avec vigueur pour se tenir éveillée. Elle était consciente de l'état de ses forces, elle ne pourrait se battre convenablement si on lui faisait face.

Elle n'avait plus aucune énergie et l'option d'utiliser son arme de prédilection lui serait fatale à coup sûr. Elle longea le mur en essayant de faire le moins de bruit possible. Tout en jouant de discrétion, elle se posait mille questions. Ces sous-sols étaient de véritables labyrinthes. Peut-être avait-elle emprunté le mauvais couloir, tourné à la mauvaise intersection ? Ou alors s'était-elle faite repérer ? Toutes les issues étaient déjà bouclées ? Impossible se dit-elle, ils avaient tant peaufiné leur plan.

« Arrête de paniquer, tu vas gérer. »

La brune serra les dents et sa gorge se noua.

— C'est sûrement ce qu'elle aurait dit...

Elle chassa le sourire chaleureux d'une silhouette trop familière d'un mouvement de tête. Elle ne s'autorisait pas à s'attarder sur des pensées douloureuses. L'objet poussiéreux contre elle était la cause de  bons nombres de conséquences... Elle resserra son étreinte.

Elle s'approcha avec précaution de l'endroit où se tenaient deux personnes en pleine conversation. Dans ses vêtements poisseux elle ne retenait plus ses tremblements. Mortifiée, elle tentait de garder son sang froid. C'était quitte ou double. Avec un peu de chance elle allait tomber sur des alliés, et au pire des cas eh bien... Elle était morte. Elle ferma les yeux et se concentra sur les longueurs d'ondes émises par les inconnus blablatant. Elle laissa leur énergie venir jusqu'à la sienne. Elle les toucha du bout des doigts, ne préférant pas se lier à elles par peur de se faire repérer. Le doute plana mais elle reconnu ces vibrations calmes, elle était au bon endroit.

Elle avait réussi, ils avaient réussi.

Le Livre des Passages - Tome 1 -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant