Chapitre I

37 5 0
                                    

Russie,Banlieue de Moscou, 9h25

- Toropitsya!! Chto ti diélayéch ?! ( dépêche!! tu fou quoi!?) Anna me hurle depuis le salon.

Je souffle. Même quand je fume c'est impossible d'être tranquille, râlais-je en jetant ma clope depuis le balcon. Je prend ma veste, range mon flingue dans la poche intérieur et descends les escaliers.

- Pourquoi tu gueule dès le matin, je t'ai dis que j'arrivais.

- Liev tu te rend pas compte de la situation, dit-elle en réajustant mon costard noir, tu connais Seva, un retard et il t'arrache les yeux, certes je te déteste mais je ferais quand même tout pour que ton jolie visage ne soit pas abîmé.

Toujours dramatique celle-là. Un des employés m'ouvre la porte et je me retrouve hors de la villa familiale. Là, une BMW m'attend, je me retourne pour faire un signe à ma sœur sur le pas de la porte qui me regarde partir. "Vnimaillé" (attention) j'arrive à lire sur ses lèvres tandis que la voiture démarre et sort de la résidence.

C'est reparti. Ça fait déjà plus de deux mois que je n'ai pas eu de nouvelle mission et j'avoue que ça commençait à me manquer. L'adrénaline, l'excitation, la peur, la satisfaction, le pouvoir, l'odeur du sang et la passion pour tuer, je baigne dans ça depuis tout petit. C'est l'une des rares choses que je tiens de ma mère. Mis à part nos cheveux corbeaux similaires et nos yeux verts, j'ai hérité de son côté borné, des mêmes ambitions et, surtout, de sa passion pour tuer. On dit que je suis son portrait craché, ce que je déteste .
A vrai dire, je suis tout l'inverse d'Anna, elle, tient tout de notre père, le même calme, la même peur du sang. Elle a beau avoir 2 ans de plus, ses petits 1,60m ne font peur à personne. Même si nous n'avons pas la même mère, un lien inexplicable nous unis. Sa mère est morte à sa naissance, elle ne l'a jamais connu. Un an après, son père a été muté à Moscou pour le travail, ce fut un gros chamboulement pour elle. Passer des États-Unis à la Russie c'est pas rien, même à 1 an. Mon père a rencontré ma mère par hasard dans un supermarché et ça a été le coup de foudre instantané. Tout s'est très vite enchaîné, ils ont emménagé ensemble et je suis né, le mariage n'était qu'une formalité inutile à leurs yeux et ne représentait en rien leur amour. On est pas douée pour montrer nos sentiments dans cette famille mais Dieu seul sait à quel point le lien qui nous unis est puissant.

Au bout de 30 min, la voiture s'arrête au pied du « Moskva Hôtel » l'un des plus célèbres de Moscou, un portier vient m'ouvrir et nous entrons. Il m'emmène au dernier étage et j'arrive devant une grande suite. Le portier toque et après quelques secondes, la porte s'ouvre et une femme m'invite à entrer. Là, un grand homme, assez imposant, la cinquantaine, chauve, attend assis dans son fauteuil, son verre de vodka à la main. Je m'approche près du bureau et reconnais bien là ce visage qui m'a vu grandir dans ce milieu.

- Ya zhdal tebya (je t'attendais), toujours en avance à ce que je vois, tu ne perds pas les bonnes habitudes.

- Ça fait longtemps, bonjour Seva.

- J'imagine que ça t'as surpris de recevoir ma lettre, je me trompe? Me demande-t-il tout en me servant un verre de vodka que je mets de côté, j'ai beau être russe il est à peine 10h.

- J'avoue que ta convocation m'a étonné mais la couleur violette de tes enveloppes et l'insigne de la Bratva m'avait manquée après tout ce temps sans missions. C'est quoi cette fois ?

- Tikho (doucement), chaque choses en son temps, j'ai le droit de prendre des nouvelles de mon bras droit non ? Comment va ta mère ? J'ai appris qu'elle n'était plus en service, c'était pourtant l'une des plus douées de mes tueuses.

- Oui, elle avait assez de sang sur les mains après 33 ans de services pour la Bratva et le grand parrain que tu es, il lui fallait bien du repos.

- Je ne mérite pas de titre aussi prestigieux, si je ne t'ai pas contacté pendant un si long moment c'est que je voulais que tu te remettes des blessures de ta dernière mission et j'avais besoin de réfléchir. Zdorovye! (Santé!)
Il boit cul sec son verre et je me sens obligé de l'imiter. Il reprend :

- Si je t'ai fait venir, c'est parce que tu es l'une des personnes en qui j'ai le plus confiance, de par ta mère d'une loyauté sans nom mais aussi via tes nombreux succès lors de tes missions. Ta mission sera la suivante (il me montre une photo): Nikolaï Ivanovish, il sera ta prochaine cible. Difficile à abattre certes, mais je sais que tu aimes la difficulté.

- Nikolaï ? Le politicien? Bien, ce serait fait, mais pourquoi lui ?

- Il nuit à mes intérêts et commence à fouiner un peu trop dans mes affaires à mon goût. Bute le, je m'occupe du reste comme d'habitude. 87 millions de roubles pour celui-ci. (soit environ 1 million d'euros)

Nous discutions encore quelques instants des détails de l'offre, et une fois conclut il me tend sa main baguée que j'embrasse puis je me dirige vers la sortie.

- Rad vidiet tebya snova (content de t'avoir revu), lui dis-je avant de partir.Il me fait un signe de la main et je sors de la suite. Le portier est toujours là et le raccompagne vers ma voiture toujours au pied de l'hôtel.
Que les affaires reprennent.

Aconit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant