Chapitre III

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Moscou,Place Rouge, Casino, 19h.

Il est juste là, à même pas 10 mètres de moi, assis à une table où se joue une partie de roulette russe. Son verre est déjà presque vide, les liasses recouvrent les tables et les rires se font nombreux. Il est entouré de 3 grands gars montés comme des armoires, ses gardes du corps, tous ont les yeux rivés sur lui. On va s'amuser.
Déjà 20 minutes que l'autre est au bar avec sa blondasse au décolleté blanc qui lui fait encore payer un verre et je sens déjà le regret monter par ses regards de détresse qu'il me lance et que j'évite. C'est son problème, à lui de se démerder. Je réfléchis un instant à la situation et à comment m'y prendre. Je regarde mon ami en galère, lui fait un signe et un regard qu'il comprend rapidement.
J'attend que la partie de ce très cher Nikolaï se finisse, me faufile entre les gardes du corps et m'installe à sa droite. Il m'adresse à peine un bonjour et la partie commence.
J'ai toujours été doué pour les jeux d'argent, je n'ai donc aucun mal à prendre la tête de la manche pour tenter d'attirer son attention ce qui ne marche pas spécialement, il reste indifférent.
Quand soudain un cri se fait entendre près du bar.
Bingo, il est pas si con. Tout le monde se retourne vers la pétasse blonde, le décolleté trempé, en train d'insulter de tous les noms ce pauvre Sasha qui a «malencontreusement » renversé toute la bouteille de vin rouge à proximité d'eux sur le bout de tissu qui lui servait de robe. Les gardes du corps sont attirés par le scandale et surtout par la vue de rêve sur ses seins que Sasha tente de sécher en passant pour le plus gros pervers de l'histoire, quand soudain, elle le gifla si fort que le son résonna dans tout le casino.
C'est le moment.
Je sors ma seringue de ma veste, je pique. Il sursaute un instant ne comprenant pas ce qu'il se passe mais il n'y fait pas plus attention, trop intéressé par le scandale et par la poitrine dénudée de cette fille.
C'est parti. La dose de cheval d'aconit que je viens de lui administré sous les yeux de tout le casino passe inaperçu au milieu de cette foule, tous ses gens trop intéressés par leur propre personne pour me regarder, tant mieux.
Il est condamné, dans quelques instants il sera en train de convulser au sol sans que personne ne puisse le sauver.
Ça parait bizarre, mais ce pouvoir de vie ou de mort sur une personne, putain c'est jouissant. Tuer, on se sent puissant, comme invincible. C'est psychopathe mais je ne m'en lasserais probablement jamais, c'est comme ça. Mon âme est déjà loin, je l'ai offerte au diable de mon plein gré il y a bien longtemps et je ne compte pas la récupérer.
Sasha se fait dégager par les videurs hors du casino et notre partie reprend comme si de rien n'était.

Plus que 3...2...1.

Il s'effondre au sol. Cible touchée. Ses gardes du corps se précipitent vers lui tandis que j'admire la scène, contenant un sourire. Le politicien se met à convulser pendant de longues secondes ( j'avoue que je n'y suis pas allé de main morte sur le dosage), puis plus rien.

Nikolaï Ivanovish vient de rendre son dernier souffle.

Un mouvement de foule se crée autour du corps inerte et j'en profite pour m'éclipser. En m'extirpant de tous ces gens je heurte quelqu'un, je me retourne brièvement et m'arrête net. Cette jeune femme, ses cheveux couleur feu, c'est yeux azure, je la connais. Elle me regarde un instant et se précipite vers le corps au sol. Je rejoins Sasha qui m'attendait dans la voiture en se tenant la joue, encore rouge.

- Kourva (putain), plus jamais je me prend des gifles pour toi c'est clair? J'ai raté tout le spectacle.

- Je t'ai jamais demandé de t'en prendre, mais merci pour la distraction.

- Alors ?

- C'est fait. Lui-dis-je en montrant une chevalière en or avec les initiales « N.I ». Je l'ai pris avant qu'il s'écroule au sol.

- Trop fort. Tu veux aller le voir maintenant?

- Oui.

Je prends le volant parce que ce connard est trop défoncé pour conduire. J'ai jamais compris sa « tradition » du raille de coke mais passons.. si ça peut le rendre utile. Je voudrais pas mourir dans un stupide accident de voiture. Je conduit calmement en ignorant son histoire sur une hôtesse de l'air qu'il aurait baisée la semaine dernière. On a si peu de choses en commun que je me demande parfois comment et même pourquoi on est meilleur ami. J'arrête la voiture devant l'hôtel et y pénètre sans attendre, Sasha sur mes talons.
On prend l'ascenseur pour monter au dernier étage. Je toque à la porte en attendant la permission d'entrer. Celle-ci donnée, je pousse la porte et entre dans la suite, me retrouvant vite face à Seva. Je pose la chevalière sur la table et il semble étonnamment surpris.

- Je ne pensais pas que tu remplirais si vite ta première mission après des mois, je ne vais pas m'en plaindre. J'ai parlé au légiste qui bosse pour nous, on l'a toujours dans la poche, il dissimulera les quelques  traces restantes.

- Merci.J'avoue que c'était étonnamment simple. Sasha a dû faire office de distraction.

L'intéressé soupire et s'adosse contre le mûr, visiblement agacé de toujours servir d'appât .

- Tant mieux. reprend Seva tandis qu'il me pose une enveloppe pourpre sur la table. Je l'ouvre et prends les deux tiers de l'argent, laissant le reste pour Sasha,à qui il s'adresse maintenant :

- Ce soir il y a une grande réception chez Youri, venez. La femme de notre défunt Nikolaï sera là, votre présence enlèvera tout potentielle soupçon.

-On y sera papa.

Aconit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant