Chapitre II

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Le lendemain,Résidence des Dimitrov, Moscou, 18h

J'allume ma clope pendant que ma mère me répète pour la énième fois ses conseils. Anastasia Vladimirovich Dimitrov : 1,70m, elle a les cheveux noirs, des yeux d'un verts perçants qui m'ont toujours fait penser à ceux d'un serpent; 33 ans de service pour la mafia russe et est considérée comme l'une des meilleures tueuses à gages que la Bratva ai connu..c'est cette femme détestable qui me sert de mère.
Cette femme qui m'a transmis sa passion pour le meurtre, qui, de l'extérieur, paraît parfaite, douée, la tueuse et mère idéale pour certains, c'est juste une putain folle quand on la connait bien. Accro au sexe, à la drogue, à l'alcool, au meurtre...comment suis-je sencé être fier de ma mère?
Ça fait maintenant 20 minutes qu'elle me réexplique des gestes que je connais par cœur, ces gestes qu'elle m'a appris en même temps que de savoir marcher: armer, charger, tirer, ses trois étapes que je connais par cœur. C'est devenu banal, mais elle tient quand même à me les rappeler. Une perte de temps sachant que je ne vais même pas l'utiliser.
Depuis qu'elle n'est plus en service elle est à cran, je pense qu'elle n'a pas envie que je ruine sa réputation, encore un Dimitrov dans la Bratva. Je suis la descendance,il faut bien que je lui fasse honneur , à elle et à la famille.
Mon père est au courant des activités de sa femme et de son fils, il n'est ni pour ni contre, il sait que c'est encrée chez ma mère comme chez moi, sa seule volonté est que l'on fasse attention et qu'en aucun cas, ni lui ni Anna ne doivent en être mêlés.

- Tu m'écoutes quand je te parles ? Dit-elle en me sortant de mes pensées.

- Hmm, oui je t'écoute мама.

Je tire une dernière taf avant d'éteindre ma cigarette dans le cendrier. 

- Tu pars quand ?

- Juste après avoir terminé ma valise, je suis censé trouver ma cible dans un casino qu'il fréquente près de la place rouge, il y a une soirée masquée, ça ne devrait pas être compliqué, seulement quelques gardes du corps à distraire.

- Je vois que tu as bien étudié cet homme, c'est bien mon fils.

« Mon fils »,ça doit être ça. Je souffle tandis qu'elle se ressert un verre de whisky, le seul alcool que je déteste par-dessus tout et pourtant c'est son préféré. Je me lève de la terrasse et monte à l'étage finir de préparer mes affaires. Ma valise se résume à une chemise noir et un pantalon  de rechange, le fameux masque pour la soirée masqué du casino, mon Makarov (soit le flingue préféré de ma mère), des munitions et deux grands flacons d'aconit, cette fleur mortelle tout droit provenant du jardin.
Il fallait bien que je me démarque de la velikiy ubiytsa (la Grande Tueuse) d'une manière ou d'une autre, hors de question de n'être que « le fils Dimitrov qui suit les traces de son incroyable mère ».
C'est à mes 9 ans que j'ai découvert cette plante. Elle poussait dans notre jardin comme une mauvaise herbe et a été la cause de la mort de notre chien, j'ai commencé à m'y intéresser . Ça fait maintenant 11 ans que je perfectionne ce poison qui est devenu mon arme fatale. Qui aurait cru que cette sublime fleur violette, si fragile, serait responsable de tous mes meurtres par sa simple injection ou ingestion? J'aime cette sorte de double jeu, semblable au mien, bref.

Je regarde à ma fenêtre et vois une Porsche noir faire son entrée dans la résidence. Le voilà enfin. Je ferme ma valise et descend pour accueillir ce grand type blond aux yeux bleu qui me sers de meilleur ami et qui surkiff me faire chier en mission.

- Sasha t'es encore à la bourre.

Il s'avance vers moi et me prend dans ses bras.

- Toi aussi tu m'as manqué moudak (connard). Je commençais à me faire chier je te mens pas.

Je l'invite à entrer et lui sert un verre, on discute pendant un moment puis l'heure venue nous nous mettons en route, il salue ma mère.

- Nie jouti ( pas de conneries), me lance-t-elle.

Je lui répond par un signe de tête.« Pas de conneries » alors que je m'apprête littéralement à buter un type et avec sa bénédiction. Nous montons dans la voiture et Sasha démarre d'un coup pour sortir de la résidence. La délicatesse c'est pas son truc.

- Alors c'est qui cette fois? Me demande-t-il en tournant de justesse, à deux doigts de louper le virage et de nous enterrer 40 mètres plus bas.

- Nikolaï Ivanovish.

- Le politicien?

- Exact, Seva veut que je le tue, ça va pas être aussi compliqué que la dernière fois.

- J'avoue que l'autre fils de pute du KGB nous a bien pété les couilles. Plus jamais je me reprends deux balles dans les côtes c'est clair ?

- Ouais, ouais t'es juste pas habile, à quel moment tu te prends des balles aussi facile à éviter ?

- Prends pas la confiance avec tes 4 points de sutures dans le dos.

Après un trajet me semblant durer une éternité, on arrive enfin devant le casino de la place rouge. Sasha se fait son traditionnel raille de coke comme avant chaque mission ( ça l'aide à se « concentrer ») et on est parti. On sort de la caisse et on s'approche du casino. Là, une queue de gens pleins aux as, on y voit des sacs Vuitton, des lunettes Gucci hors de prix et j'en passe, tous les moyens sont bons pour étaler sa fortune. Grâce au pass V.I.P que ma mère m'a filé, on dépasse tous ces bourges et les videurs nous laissent entrer, que la fête commence.
On enfile nos masques, un noir pour moi et un blanc pour l'autre bouffon. On entre et une forte odeur d'alcool et de tabac arrive à mon nez. Le casino est très faiblement éclairé par les lampes qui flottent au dessus des tables ne mettant en évidence que les billets et les jeux. Après quelques instant pour m'habitué à l'ambiance et à la luminosité je commence à examiner le bar, mais je n'y aperçois que des femmes, toutes similaires, du genre à attendre patiemment qu'un homme blindé vienne payer leurs boissons. Tous les moyens sont bons pour cela, leurs attitudes, leurs tenues; toutes avec des décolletés plus plongeant les uns que les autres. Je m'approche des tables pour trouver notre homme, tandis que Sasha, à demi-défoncé, est déjà accosté par une pimbêche à moitié à poil qui ne s'empêche pas de le toucher et de faire usage du peu d'atouts qu'elle a.
Il ne va pas m'être d'une grande utilité, encore une fois.
Je m'approche des tables de jeux et enfin, je le vois, le voilà.
Il est là.
À moi la thune.

Aconit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant