Boys don't cry [𝘽𝙖𝙟𝙞 𝙭 𝘾𝙝𝙞𝙛𝙪𝙮𝙪]

9. The band is back

3 semaines plus tard ~

CHIFUYU

Ma main droite attrapa l'arrière de son épaule, j'y exerçai une pression assez forte pour qu'il bascule en arrière de tout son poids. Baji resta immobile sur le sable humide, les yeux clos.

— Arrête de faire le mort.

Un sourire se forma sur ses lèvres, il entrouvrit ses paupières mais ne bougea pas le reste de son corps.

— Baji, insistai-je.

— T'es devenu trop fort pour moi, laisse moi mourir en paix maintenant.

Je lui répondis quelque chose comme « faut croire que l'élève a dépassé le maître. », même si je savais qu'au fond de moi il l'était et le serait toujours, plus fort que moi. Quelque fois il me laissait gagner, je le savais mais ça ne me dérangeait pas plus que ça. En fait, ce qui me faisait plaisir c'était de me changer les idées. Chaque jour nous prenions sa moto et nous allions quelque part, soit à la plage, soit chez ses amis, soit à son travail à mi-temps dans l'animalerie du coin. Je restais là, à le regarder s'occuper d'animaux avec tant de tendresse. Et puis le soir, il revenait souvent tard, le visage remplit d'hématomes. Comment est-ce que je le savais ? Par ce qu'il ne rentrait jamais par la porte d'entrée mais par la fenêtre de ma chambre, la sienne donnant vue sur le jardin et par conséquent à l'entrée de la maison, contrairement à la mienne.

Cette petite routine entre moi et Baji commença peu de temps après notre deuxième excursion en moto, lorsque sa tante l'eut frappé pour la première fois devant moi. Après ça, nous sortions tous les jours, allant n'importe où, avec n'importe qui. Parfois, ça arrivait qu'on ait des discussions sérieuses tous les deux, qu'on se pose des questions existentielles ou qu'on fasse des débats. Je m'étais même un peu ouvert à lui sur ce que je traversais en ce moment, mais lui ne parlait jamais de ses propres problèmes. Je le voyais juste revenir tous les soirs dans ma chambre, avec des bleus sur tout le corps. Je ne lui posais jamais de questions sur ses blessures, je savais qu'il n'aimait pas ça.

Je m'en voulais un peu intérieurement, car ce moment de la journée était le meilleur pour moi, mais en était-il de même pour lui ?

Il s'asseyait souvent au pied de mon lit et on parlait, encore et encore, jusqu'à tard le soir. Parfois je restais silencieux, je voulais juste l'observer et écouter sa voix. Plus d'une fois je me réveillai le lendemain et il avait disparu.
Malgré moi je commençais à m'attacher à lui, le voir et passer du temps ensemble était devenu une routine. Jamais je n'aurais pensé une chose pareille lorsque je l'avais vu pour la première fois.

— Chifuyu ?

Je levai la tête et le vis devant moi, je n'avais même pas remarqué qu'il s'était remit debout tant j'étais perdu dans mes pensées. Il se rapprocha un peu plus et je me sentis rougir.

— O-Oui ?

— On va devoir passer chez...des amis à moi. Ça fait quelques semaines que je les évite et il va falloir que je leur parle.

— Ces amis à toi, est-ce qu'ils sont dealers ? demandai-je, inquiet.

On se regarda et il se mit soudainement à éclater de rire, secouant sa tête avant de dire :

— Totalement faux, c'est plus du genre de Kaz ça.

— Alors pourquoi t'as l'air autant pas serein quand tu dis devoir leur parler ?

— C'est compliqué, tu verras.

— Comment ça "tu verras" ? Crois pas que je veuille m'embarquer dans ton truc louche...