Chapitre 3

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ESI

- S'il te plaît ne me fait pas de mal, s'il te plaît...

De ma petite voix d'enfant, je m'entends prononcer ces mots qui viennent du plus profond de mon coeur. Mais aucune réponse ne me vient.

Je me sens comme dans un brouillard. Tout est flou. Je me sens prise comme dans des filets. Non, en fait, je suis attachée. J'ai les mains et les points liés.  Je n'arrive pas à bouger.

- S'il-te-plaît, ne me fait pas de mal.

J'entends encore ma voix d'enfant qui s'élève autour de moi mais je ne sais pas à qui je m'adresse. Tout est noir. Je ne parviens qu'à distinguer ma silhouette d'enfant attachée à même le sol dans une cabane.

Mais que fais-je là ? Où suis-je?

Je me sens pleurer tout à coup. Les larmes se mettent à inonder mon visage. Je ne sais pas vraiment où je suis mais je sais que je suis en danger. J'ai peur. J'ai froid. Je veux ma maman.

- Maman..., Pa...

- Tais-toi !!!

La voix qui me tonne cet ordre est si violente que je me sens pousser comme dans un gouffre sans fin. La sensation de chute est si profonde que j'ai l'impression de rejoindre un monde où mes tourments ne s'arrêteront jamais.

Dans mon inconscient, je me vois projeter au loin par la force de cette voix. Et je tombe contre le sol d'une cabane en bois et une impression de familiarité me vient.

Une cabane?

Je me réveille en sursaut de mon lit en tremblant comme une feuille. Je porte mes mains qui s'entrechoquent à mes yeux et je suis tétanisée par la gravité de mes soubresauts.

- C'est quoi ce cauchemar mon Dieu! Je m'écrie en posant mes mains tremblantes sur mon visage.

Je tente de respirer très régulièrement pour calmer les battements frénétiques de mon coeur.

- C'est un cauchemar Esi. Un cauchemar. Un simple cauchemar, ce n'est rien ça va passer.

Je scande ainsi ces paroles dans le but de ne pas m'alarmer.

Pour éloigner un peu mon esprit de ce que je viens de vivre, je regarde autour de moi et je constate qu'il fait déjà nuit. Je suis rentrée de l'école et j'ai fait une longue sieste.

J'enlève le drap sur moi et sors du lit. Je prends mon téléphone portable sur mon bureau pour voir quelle heure il est.

Il est dix neuf heures vingt-trois minutes. J'ai une envie d'aller me balader. J'ai besoin de marcher un peu. Mais je ne veux pas que mes parents me voient comme ça. Surtout ma mère. Elle est très perspicace. Elle pourrait comprendre par un simple regard que quelque chose ne va pas. Et je ne saurais pas quoi lui dire si jamais elle m'interrogeait.

J'ai fait un rêve donc je ne me souviens pas m'être déjà retrouvée dans de telles circonstances.

Ai-je été séquestrée enfant ? Ai-je été maltraitée ? Si oui par qui? Pour quoi l'image du bois de la cabane où je suis tombée me semble si familière ?

Les Amants De L'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant