La nuit entend les morts (FR)

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LA NUIT ENTEND LES MORTS

            L'odeur de foin portée par le vent parcourt le village à la même vitesse que l'homme à cheval. Au galop, il sillonne les rues jusqu'à une taverne, muni de son épée et vêtu d'une armure rouillée.
             — Incline-toi. dit un père en attrapant son fils par les cheveux.
             L'individu s'arrête devant la bâtisse. Les sabots de son cheval percutent violemment le sol, la poussière s'envole, et aveugle les gamins jouant plus loin.
             — Messire de Baugerac. l'accueille le patron de l'établissement, en salopette.
            Il fourre son torchon jusqu'au fond la chope qu'il tient, posté sur le perron.
             — J'ai entendu la nouvelle, soupire-t-il.
             — Nous n'avons trouvé aucun coupable pour le moment. déclare le chevalier. Il va nous falloir quelqu'un à condamner, ce crime ne peut demeurer impuni. Le peuple aime se sentir en sécurité, vous comprenez ?
             — Qu'attendez-vous de moi, ville sentinelle ?
             — Les pochtrons tels que vous doivent entendre des tas de ragots. Vous ne savez rien ?
             — Je n'ai pas la moindre information. insiste le tavernier. Puis-je retourner vaquer à mes occupations ?
             Le garde secoue sa tête de droite à gauche pour exprimer son refus, puis déclare avec un sourire malicieux :
             — N'y a-t-il personne dont vous souhaitez vous débarrasser, dans ce misérable quartier ? Après tout, cela s'est déroulé sur cette place, comme il y a trois ans avec cette femme. Donnez-moi un nom, et nous l'arrêterons. Je vous fais une fleur pour cette fois.
             — Je n'ai aucunement l'intention d'envoyer un innocent à l'échafaud.
             — Il va de soi que vous ne désirez point y passer non plus, alors à votre place, je coopérerais... Sinon, je m'occupe de votre cas.
             Le boss se tourne vers un somptueux tableau à l'intérieur de la bâtisse, représentant un cavalier sur son destrier d'or. Il marmonne dans sa barbe :
             — Des menaces. Toujours des menaces. Et vous pensez que le Pays se sent en sécurité avec vous ?
             — Je vous donne une heure.

            À n'en plus douter, la confiance ne s'accorde certainement pas à ces soldats aux lames plus aiguisées que leur fierté. Dénués de morale  et d'honneur, ils ne servent plus leur monde, mais leurs intérêts. Un nom va être évoqué, mais qui sacrifier pour la paix ? Qui devra payer pour ce crime ?

            Trois avocats devront y répondre, lors de la confrontation. Tout a déjà commencé, les voilà face à l'empereur, en ligne, quelques heures après l'incident.
             — Déclinez vos identités. leur ordonne le souverain.
             Toutefois, aucun n'ose prendre la parole en premier.
             — Sa Majesté s'est adressé à vous, gueux ! Le moindre des respects serait de lui répondre ! Toi, là ! Commence.
             Le premier ferme les yeux, acceptant, puis entre-ouvre ses fines lèvres rougeoyantes.
             — Je m'appelle Olympe Saint-Parvis. Je suis–
             — À toi. dit le serviteur en lui coupant la parole.
             — Gaston Lemoine. répond le suivant.
             Ils se tournent tous vers le dernier, et le blond se lève en haussant les épaules, les maintenant dans cette position en hochant la tête sur les côtés.
             — Que fait-on ici ? Je croyais que nous allions participer à un procès.
             — En effet. répond directement Charles. Et il m'incombe de rencontrer en personne les prétendants avant de leur offrir mon sort sur un plateau. Je suis dirigeant, vous comprenez ? Une tête de roi qui tombe changerait radicalement l'avenir d'un royaume.
             — Que savez-vous de vos ennemis ? poursuit Alioni.
             — POUR QUI VOUS PRENEZ VOUS ? s'emporte Jean.
             — Silence. l'arrête le monarque. Ne sois pas si dur avec ces héros. Ils se donnent la peine de participer à notre petit jeu pour déterminer qui sera en mesure de sauver mon cul, si je puis me permettre d'être aussi familier.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 29 ⏰

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