Chapitre 1

27 0 0
                                    

23h47

Mon service se termine enfin. Mon soulagement se fait ressentir auprès de tous.

- Tu as déjà terminé ton service Ally ? Me demanda Steven.
- Oui, heureusement. Je suis épuisée. Lui répondis-je.
- Y en a qui ont de la chance. Me rétorqua-t-il en me faisant son petit clin d'œil de charmeur.

Steven est un collègue d'une trentaine d'années qui travaille au resto depuis bientôt trois ans. C'est le seul avec lequel je m'entends réellement. Cet homme est dénué de méchanceté et d'hypocrisie. Je sais que je peux lui faire confiance. Cependant, je ne mélange pas amitié et travail.

Je dépointe, dépose mon carnet de commandes et reprends mes affaires pour partir.

J'ai mon petit rituel. Je passe d'abord en cuisine puis en salle pour dire au revoir à tout le monde. La plupart ne font même pas attention car ils sont crevés. Heureusement que certains sortent du lot.

- T'as déjà finis Ally ? Me demanda Léonie.
- Ouaip, enfin. Je n'en pouvais plus. Lui rétorquais-je

Léonie ne répond rien. Elle se contente de me regarder quelques secondes et de retourner à ses affaires.

Toujours aussi aimante et bavarde Léonie..

En arrivant sur le parking, je sors mes clefs de mon sac et monte dans ma voiture. Je dépose mes affaires, prends une grande inspiration et ferme les yeux. Ce service m'a semblé tellement long et stressant. Je rouvre mes yeux et contemple le ciel étoilée. Il n'y a que le parebrise de ma voiture qui me sépare de tout le reste du monde. Je peux enfin être moi-même. Dans le monde du travail, tu ne dois pas avoir de problème et tu dois te montrer agréable. Le client ne doit pas sentir que tu vas mal.

Si seulement je pouvais faire partie de ces étoiles.

Je reviens à moi-même et je mets le contact. Il faut que j'arrête de rêver en permanence. C'est quelque chose que l'on m'a toujours reproché.

- Ally, tu es dans les nuages. Me disait mon père.

- Ally, réveille-toi. Me disaient mes professeurs.

J'ai l'impression que les rêveurs ne sont pas très bien perçus dans notre société. Je ne saurais dire pourquoi. J'ai toujours vécu dans mon propre monde. Je croyais au prince charmant, à la romance, à la belle vie longue et heureuse mais cette époque est révolue. La vie paraît moins jolie lorsqu'on grandit. Aujourd'hui, je vis toujours dans mon monde, mais plus particulièrement pour échapper à la réalité.

Arrivée chez moi, je dépose toutes mes affaires, prends une douche en vitesse et m'installe dans mon canapé pour regarder la suite d'une série que j'ai commencé récemment "Les demoiselles du téléphone". Superbe série. J'adore tout ce qui est vintage.

Cela fait 3 ans que je vis seule avec mon père. Ma mère s'en est allée avec un homme plus jeune et m'a laissé. Je pensais que je le ne l'aurais pas mal vécu mais chaque jours qui passent sont comme des coups de couteaux dans mon cœur. 

Je rêve de mon indépendance. Le fait de vivre seule avec avec mon père me pèse énormément. Mon père est un homme très gentil mais nos caractères ne s'accordent pas. D'ailleurs, nous n'avons pas vraiment eu de relation père-fille, ce qui rend la cohabitation plus compliquée.

Au bout de 40 minutes de visionnage, mes paupières commencent à être lourdes. Je me sens partir doucement. Mais, un bruit retentit dans la pièce où je me trouve.

Je sursaute.

Putain, qu'est-ce que c'est ?

C'est mon téléphone. Un message de la part d'un numéro inconnu.

- Retrouve-moi dans 10 minutes dans le hall d'entrée.

Je me redresse et m'empresse de répondre.

- Qui est-ce ?

Aucune réponse.

Je reste figée pendant quelques minutes sans savoir quoi faire.

Le stress se fait, alors, ressentir. Mes mains deviennent moites, des gouttes de sueur dégoulinent le long de mon front et ma respiration s'accélère.

Qui ça peut bien être ? Qu'est-ce que cette personne a l'intention de faire ?

Je ne cesse de regarder autour de moi et de scruter les moindres recoins de la pièce dans laquelle je me trouve.

Il n'y a rien.

Je décide, alors, d'essayer de ne plus y prêter attention mais je passe une nuit horrible. De nos jours, beaucoup de malades s'amusent à faire peur aux gens. Je suppose que ça devait être une blague ou que quelqu'un s'est trompé de numéro.

Putain, j'espère que c'est ça..

Après ces quelques pensées rassurantes, mes paupières se ferment et je finis par m'endormir profondément.

Peut-être aurais-je une réponse demain ?

The fallen angelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant