3.La lettre

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Après une demi-heure de ragots et papotages en tous genres, Eleanor fit remonter le problème.

"Et cette lettre, on l'ouvre quand ?"

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Savanah regarda sa meilleure amie, comme si elle réfléchissait ; elle hésitait... Puis elle se ressaisit et se leva afin de prendre la lettre toujours dans le panier tressé et retourna s' assoir sur son fauteuil.

PDV Savanah

Je venais de m'assoir et je sentais le regard lourd d'Eleanor sur moi.. Elle était sûrement impatiente de découvrir le contenu de la lettre ; à vrai dire j'apprehendais un peu ce moment : Est-ce que cet enfant etait à ma charge pour une durée limitée ? Pourquoi me l'avait-on confiée ? Était-ce vraiment à moi que l'on avait confié ce bébé ?
Je décidais de ne pas trop faire attendre mon amie et déplia le papier ; l'écriture était celle d'un homme, cela se voyait directement, mais qui, je ne reconnaissait pas son écriture... Je commençais à lire à haute voix :

" Mademoiselle Savanah,
Excusez-moi tout d'abord de ne pas avoir cherché comment écrire votre nom, mais je n'ai pas vraiment de temps pour ça..
Voyez-vous, je me retrouve avec cette petite fille, ce nouveau-né, dont je ne peut pas m'occuper... Effectivement, ma femme est morte à la suite de cette accouchement... Mon travail ne me paye pas assez pour pouvoir nourrir cette petite bouche... J'ai déjà 3 enfants pour lesquels je me bats chaque jour... Excusez-moi, sincèrement, mais je vous confie la garde de ma fille ; je vous en prie, acceptez-la comme votre enfant... Pitié, n'appelez pas la police... Ne la mettez pas en foyer"

Cette lettre faisait... pitié, oui exactement, elle faisait pitié, cette homme nous donnait un immense sentiment de pitié... Quel pauvre homme...
C'est sûr qu'après ça, je ne pourrais jamais la mettre en foyer ou quoi... De toute façon, j'étais moi-même orpheline, alors je ne voulait pas que ce petit être endure ce que j'ai subi pendant des années...

"Ça te fait pitié, hein ? À moi aussi... J'aimerais vraiment pas être à sa place... commençait ma meilleure amie.
- Ouais... repondit-je.
- Tu sais déjà c'que tu vas faire hein ? Tu vas la garder ?.. A cause de ton.. expérience...
- Ouais..
- Mais. Arrête avec tes "ouais" !.."

Elle fit une pause puis éclata de rire. Décidément je ne la comprendrais jamais !... Je m'invitais dans son fou rire, son rire est vraiment communicatif !..
Alors que notre hilarité se calmait, nous entendîmes des pleurs provenir du berceau ; cela nous ramena à la réalité et nous nous taisâmes, le temps de comprendre ce qu'elle voulait :

"Elle a surement faim ou a besoin qu'on la change.." proposa Eleanor.

J'aquiescait et proposa de regarder si le problème ne se trouvait pas dans la couche ; en vérité, elle avait fait dans sa protection et avait également faim : je m'occupais de la couche tandis qu'Eleanor préparait le biberon.

*


"Bon.. Je pense que j'vais y aller.."

J'hochais latête et raccompagna mon amie jusqu'à sa voiture, attendant qu'elle ait disparude mon champ de vision pour rentrer chez moi ; en effet, un petit coup de bluesétait passé nous voir : toutes nos apparentes façades étaient tombées et nousétions épuisées à force de penser à tous ces malheurs qui nous atteignent...Elle pour sa mère et son cancer, moi pour mon père et...

Dire que laplupart du temps nous jouons aux forts, nous prenons en public le rôle d'unepersonne tout à fait heureuse, à qui la chance sourit toujours ou du moins àqui le malheur ne viens pas la visiter. Mais en vérité nous sommes tousfaibles, tristes et accablés par tous ces malheurs, nous nous voilons la faceen essayant de "positiver", mais il y a toujours un moment où oncraque, où toutes cette faiblesse interne s'extériorise et nous laisse sansprotection, sans notre mur, notre façade, notre bonne humeur ou notreindifférence. Au fond nous sommes ou serons tous cela, faibles...

*

Je m'étaisôtée ces idées noires de la tête et me demandait ce que j'allais maintenantfaire : il fallait bien que je prévienne ma famille...

Que je prévienne ma mère...

Savanah [Oh my mother !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant