[RECUEIL] Exquis mots

Chère D

Chère Dépression,

Toi et moi, c'est une bien longue histoire. Une histoire que je rêve d'achever un jour. Oui, je rêve que tu disparaisses. Que tu ne sois plus que l'ombre d'un souvenir que jamais je n'oublierai.

Je te hais. Je te hais comme jamais je n'ai rien haï. Aujourd'hui, je prends conscience que tu es une partie de moi. Et que tu essaies de prendre le dessus sur toutes les autres, d'anéantir tout ce qu'il reste de positif en moi.

Tu es arrivée sournoisement, t'insinuant lentement en moi, de manière à ce que je ne prenne conscience de ta présence qu'après que tu m'aies complètement submergée. Au début, tu ne faisais que me rendre malheureuse de temps à autre. Aujourd'hui, tu me donnes l'envie de m'ôter la vie chaque jour qui passe.

Tu as détruit tellement sur ton passage. Ma confiance en moi, mon amour-propre, mon envie de vivre, d'avancer... Tu n'as pas fait couler que des larmes. Souvent, lorsque la douleur morale était trop forte, tu faisais couler du sang pour que la douleur physique prenne le dessus et me donne l'illusion du soulagement.

Je n'ai malheureusement pas été la seule à être touchée par ta présence. Certaines personnes ont souffert de l'état dans lequel tu me mettais. Jamais je ne saurai oublier ces regards impuissants, implorants. Les pleurs, la peur dans les yeux des personnes que j'aime.

Je parle au passé mais c'est une erreur. Tu es toujours présente, quelque part au fond de moi, n'attendant qu'un mauvais moment pour refaire surface. Certains jours, je me surprends à me dire que ça va mieux. Que, peut-être, j'ai été assez forte pour t'anéantir. Mais tu es toujours là pour me rappeler que l'espoir est une chose idiote.

Mais aujourd'hui, Dépression, je suis là pour te dire que je vais continuer à me battre tant que j'en ai encore la force. J'ai fini par prendre conscience que, contrairement à toi, je ne suis pas seule. Tu as remporté de nombreuses batailles, mais je ne m'avoue pas encore vaincue.

Je conserve précieusement dans un coin de ma tête cette image du futur. Cette image où je souris, face à toi, fantôme du passé.

À très bientôt.