Prologue

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William – Chicago – mars 2012

Depuis déjà une bonne demi-heure, je suis assis là, dans ce tribunal, attendant comme le condamné que je suis, la sentence qui va pour sûre m'emmener derrière les barreaux. Une douleur permanente dû à ma position traverse mes épaules alors que de nouvelles crampes font maintenant leurs entrées à la manière d'une délicieuse torture. Attaché, les mains derrière le dossier de ma chaise inconfortable, mon attention n'a pas quitter la juge, une femme d'une cinquantaine d'années au regard dur qui force le respect.

Derrière moi, deux policiers sont postés, profitant un peu trop de leur autorité. L'un d'eux prend un malin plaisir de me rabaisser à l'aide de nombreuses insultes, m'intimant discrètement de me suicider plus tard. Deux mois auparavant j'aurais pu avoir assez de courage pour lui tenir tête malgré son statut mais aujourd'hui, la donne a changé, je ne mérite plus la vie. Pourtant, je suis là, respirant comme n'importe qui.

Face à son acharnement, je me laisse faire, ignorant la colère qu'il éprouve, à juste raison, pour moi. J'essaie de rester fort, du moins, en apparence. Je ne pleure pas, ne m'énerve pas, non, je ne bouge pas, restant stoïque, les yeux braqués face à moi. Je ne montre pas combien je suis faible à l'intérieure, comment je suis détruit, déchiré avec le crâne en compote. J'ai fait une connerie, commis un péché et fauté d'une façon impardonnable, j'accepterais donc n'importe quelle sentence.

Assis là depuis maintenant bien deux heures, je n'ai de cesse d'écouter les dires des avocats, des « témoins » et de madame la juge, tous racontent les faits, repassant la soirée dans les moindres détaille grâce au témoignage de Suzie MacGarett, la victime, mais aussi par ma version des faits qui est exactement la même que la sienne. Evidemment, je ne compte pas mentir, je n'en vois pas l'intérêt de toute façon. Non. J'assume la totalité de mes actes, quitte à me faire passer pour le monstre que je suis réellement.

Dans la salle, même si j'essaie d'y faire abstraction, j'entends les pleures de ma petite sœur, Elizabeth. Elle sait, c'est bien la seule personne à connaitre toute la vérité, la seule à me soutenir et à ne pas me haïr. Elle était là et je m'en voudrais certainement toute ma vie de la vision qu'elle a eu ce jour-là, elle ne méritait pas de finir avec une si piètre image de moi. Ce jour-là, j'ai réussi à épargner son corps, mais je ne doute pas une seule seconde que son esprit lui a été détruit en même temps que la vie de Suzie.

Je lutte pour ne pas me retourner malgré mon envie, le besoin de m'assurer qu'elle va bien, mais je sais pertinemment que je n'en ai pas le droit, non, que je n'en ai plus le droit.

Aujourd'hui, je sais que je ne peux plus me permettre de ne serait-ce que de poser mon regard sur une femme.

Pourtant, pour les personnes de mon entourage, j'aurais bien été la dernière personne que l'on aurait pu croire retrouver en taule pour un tel crime.

C'est un acte atroce qui me poursuivra durant le restant de ma vie mais je garde la tête haute, comme si un combat avec mon moi intérieur se menait et que je voulais à tout prix gagner pour ne pas perdre la face. Je jure qu'un jour je pourrai gagner contre ces gars qui m'ont envoyé ici. Malheureusement, ça ne sera pas pour tout de suite, même si j'ai un avocat à mes côtés, celui-ci ne sert plus à rien depuis que j'ai reconnu les faits qui me sont reproché, d'après lui, j'allais en avoir pour minimum dix ans de prison et maximum quinze ans avec une belle somme à verser à la famille de la victime.

Pendant de longues heures, je me contente d'observer la salle, entièrement rempli par les proches de la victime mais aussi des jurés, des journalistes et autres curieux au sujet de cette affaire. A mon égard ne sont jeté que des œillades explicite démontrant l'immense dégoût que je renvois pour tous ces inconnus. Pour ces personnes, évidemment, je dois purger la peine maximale, être juger à la hauteur de mon crime et évidemment, pour les plus extrémistes, me faire castrer afin d'être sûr que je ne recommence pas. Bien sûr, ces mêmes gens ne connaissent pas toutes la vérité donc je ne peux pas leur en vouloir. Je ne leur donne pas tort, si ça avait été un autre homme à ma place, j'aurais été le premier à gueuler « QU'ON LUI COUPE LES COUILLES !». Mais bien, cette fois-ci c'est moi assis sur le banc des accusés donc je ne peux pas vraiment continuer de penser ainsi, malgré tout, je tiens à mes parties.

Alors que le soleil commence doucement à décliner dans le ciel de Chicago, le marteau de la sentence s'abat dans un bruit sourd contre le bureau en bois brute, faisant taire les conversations superflues et retourner toutes les paires d'yeux sur la juge qui s'est relevé, le regard sévère posé sur moi.

Sans plus attendre, elle annonce d'une voix froide, ma peine.

- Je condamne l'accusé, William Jones, ici présent, pour le crime d'agression sexuelle envers la personne de Suzie MacGarett, à dix ans de prison ferme et cinq ans avec sursis ainsi qu'à devoir verser à la famille la maudite somme de cinquante mille dollars.

Sans plus attendre, les policiers me relèvent de ma place pour me forcer à sortir de l'immense tribunal, sous le regard meurtrier de tous. C'est là la fin de ma vie.

Avalant ma salive difficilement, je force mon regard à ne pas se poser sur elles lorsque je passe au milieu des rangées de banc où elles sont assises.

Je ne les mérite plus.

Save My Soul - Je suis l'impardonnable [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant