10~ Respect

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- Max, le repas est bientôt prêt, tu veux bien aller chercher ta tante ? Elle doit être encore dans sa chambre, lui demanda Alec en vérifiant une dernière fois la cuisson de la sauce.

Le jeune sorcier à la peau bleue sourit à son père et monta les escaliers à la recherche de sa tante Clary. Comme la plupart des dimanche, les Lightwood-Bane s'étaient rendus à l'Institut de New York pour partager un dîner convivial avec les membres de leur famille et, cette fois, c'était Alec qui avait dû s'y coller. Heureusement, le noiraud se débrouillait mieux que sa cadette en matière de gastronomie, et Max était resté avec lui pour lui apporté son aide. Père et fils avaient préparé un plat simple que tout le monde aimait : des pâtes à la carbonara. En vérité, c'était le repas favoris de Jace, et l'ancien Consul avait voulu faire plaisir à son parabatai puisqu'il n'en avait pas mangé depuis un long moment. Max arriva donc à l'étage et se dirigea vers la chambre de la Nephilim aux cheveux roux qui devait sans doute être en train de se changer pour manger. Pourtant, s'attendant à l'entendre fredonner distraitement comme elle en avait souvent l'habitude, Max perçut des sanglots étouffés et des gémissement contenus au fur et à mesure de son avancée dans le couloir. Accélérant le pas, craignant pour la vie de son aînée, le sorcier s'arrêta cependant dans l'embrasure de sa porte entrouverte en entendant quelques mots à peine audibles.

- Tu me dégoûte, pestait la Chasseuse d'Ombre d'une voix éteinte et rendue rauque par son chagrin. Honnêtement, qui voudrait de toi ? Tu n'es rien de plus qu'une merde...Ce sont eux qui ont raison, tu ne mérite pas de faire partie de leurs rangs. Tu n'es rien, tu n'as absolument aucune valeur...En fait, tu me donne envie de vomir...Qui pourrait aimer un monstre comme toi ? Tu n'es qu'une erreur de la nature...Tout le monde te disait d'aller avec lui, que vous seriez heureux ensemble, mais non, il a fallu que tu gâches tout, et à cause de quoi ? D'une fille qui ne sait même pas que tu existe ? Tu es lamentable...Ordure...

Ne comprenant pas à qui pouvait bien s'adresser sa tante, Max poussa timidement la porte tout en restant discret, de manière à voir et à entendre sans être lui-même vu, ni entendu, et il se figea brusquement, son coeur dégringolant dans sa poitrine pour venir se briser à ses pieds, ses larmes montant à ses yeux bleus électrique. Clary ne s'adressait à nulle autre qu'à elle-même, face à son miroir, s'insultant ouvertement. Ressentant dans son empathie le dégout de soi de sa tante, Max comprit aisément ce qu'elle n'acceptait pas chez elle. Il devait réagir, c'était trop douloureux de la voir comme ça, s'insulter comme la pire des trainée alors qu'elle n'avait rien fait de mal. D'un geste habile du poignet, il transforma son reflet pour y laisser quelque chose de plus marquant.

- Pourquoi est-ce que tu dis des choses méchante comme ça ? Demanda le reflet en s'animant.

Clary poussa un crit de surprise et fit un bon en arrière avant d'appercevoir une petite fille d'à peine cinq ans la dévisager avec surprise, debout dans le miroir.

- Qu'est-ce que....? Souffla-t-elle sans comprendre, s'agenouillant à hauteur de l'enfant.

- Pourquoi tu dis de mauvaises choses ? C'est méchant..., répéta le reflet avec tristesse.

- Je...Ce n'était pas contre toi ma puce, tu n'as rien fait de mal, je parlais de....Moi..., chuchota-t-elle en observant avec attention l'enfant, réalisant alors qu'il s'agissait d'elle lorsqu'elle était petite fille.

- Mais c'est pas gentil ! Rétorqua la petite, blessée. Tu as pas le droit de dire des choses méchantes comme ça !

- Tu ne comprends pas, tenta de s'expliquer la rousse. Ce n'est pas toi qui as fait quelque chose de mal, c'est moi...

- Pourtant je suis toi...Quand tu t'insulte, c'est envers moi que tu es méchante...Si vraiment tu penses tout ça contre toi, alors redis le moi, exigea l'enfant avec peine, mais également avec la maturité d'une adulte. Dis moi encore que je suis un monstre, répète le, dit à une petite fille que c'est une ordure...

Face à son miroir, Clary fondit en larmes, refusant d'ouvrir la bouche et d'insulter son reflet une fois de plus. Son alter-ego la laissa pleurer quelques minutes pour la laisser souffler avant de reprendre.

- On est pas un monstre, ni une ordure. On est amoureuse. C'est chouette d'être amoureuse, sourit-elle avec sincérité. Tu me dis son nom ?

- C'est...C'est Isabelle..., renifla l'adulte.

- Elle doit être gentille, sourit encore l'enfant. Tu sais, je la connais pas mais je suis sûre qu'elle serait d'accord avec moi pour dire que tu es une princesse, et que c'est pas grave si tu aime les autres princesses. Tu serais fâchée, toi, si je te disais que j'étais amoureuse d'une princesse ?

- Non, avoua Clary en essuyant ses larmes. Je serais heureuse pour toi ma puce...

- Alors va dire à la princesse Isabelle que tu l'aimes. Elle non plus c'est pas un monstre. Ne nous insulte plus, on a le droit d'aimer qui on veut. Respecte nous. On a grandi mais on a pas changé, on est toujours enfant dans l'âme, et personne n'a envie de dire toutes ces méchantes choses à des enfants, rationalisa le reflet avant de s'estomper lentement.

Clary pleura encore de longues minutes, et Max préféra s'éloigner pour lui laisser de l'espace. Revenant sur ses pas, il croisa sa tante Izzy qui, justement, cherchait après Clary. Le jeune immortel lui expliqua la situation et laissa la brune retrouver sa cadette. Elles auraient sans doute beaucoup de choses à se dire, mais au moins Clary avait appris quelque chose : se faire du mal, c'est faire du mal à l'enfant que nous étions, et le respect de soi commence par le respect de cette innocence que chacun a jadis possédé. Maintenant, elle savait. 

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Respectez toujours l'enfant qui est en vous. A demain pour le prochain thème : Lesbienne...

TMI Pride Month 2023Où les histoires vivent. Découvrez maintenant