III | 𝐌𝐞𝐠𝐚𝐧

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III

𝙼𝚎𝚐𝚊𝚗

Solide.

Je me suis arrêtée et je me suis mise à pleurer en silence dans le doux et déchirant calme du mois de septembre, j'en avais besoin. Car m'efforcer à rester solide en restant immobile est plus épuisant qu'admettre que je suis faible en arrêtant de courir après l'opinion que les gens ont de moi.

Car malgré tout ce que je fais, personne ne sera jamais satisfait.

Le vent, l'atmosphère et les gens qui passent créent entre moi et le monde une barrière impénétrable. Ou presque.

Car je n'avais pas prévu que quelqu'un y pénètre.

Les secondes défilent et je crois sentir
la présence de quelqu'un au dessus de moi. Personne n'ose m'approcher ni même m'adresser la parole d'habitude. Mais nous sommes en dehors de Wastford Hills, alors les rumeurs ne s'appliquent pas à l'extérieur.

Les larmes qui s'écoulent de mes yeux se déversent en atterrissant tel un fracas de verre,
et ils ont fait plus de bruit que je ne l'aurais voulu. Je me retourne malgré moi, après avoir entendu la voix d'un timbre rauque m'interpeller :

— Tout va bien ?

Suis-je censée répondre ? Voilà la questions qui m'est passée par la tête au même moment où j'ai dû lever la tête au point d'avoir un torticolis pour le voir.

C'est un garçon assez grand de taille, portant
un pull gris sous un manteau noir à capuche, un jeans noir ainsi que des baskets blanches. La tête abaissée, il me scrute avec désarroi. Son sac sur le dos, il me détaille en silence.

Je ne l'ai jamais vu.

Il doit sûrement me trouver horrible avec ce
que j'ai sur les cils, mais c'est pas vraiment ce qui m'importe à l'instant même.

Mais plutôt ce qu'il veut de moi.

Je remarque que je ne lui ai pas répondu alors pour me débarrasser de lui, je réplique d'une volée :

— Je vais bien, merci... Dis-je en époussetant mon jeans avant de reprendre mon sac pour ensuite me relever.

Je me suis retournée en serrant mon sac contre moi, sûrement pour me protéger de cette intrusion si soudaine. Un réflexe.

— Tu vas bien ? Répète t-il avec dédain. Alors si tu vas si bien comme tu le prétends, pourquoi tu chiales en pleine rue ? Lance-t-il comme un couteau remuant des plaies devenues bien trop profondes pour être recouvertes.

Ouch.

Il me devance en soupirant pour continuer son chemin, en direction du lycée. Je me mord la lèvre inférieure, encore frustrée de cette altercation. J'ai demandé au chauffeur du bus d'arrêter en urgence son véhicule après avoir trouver un endroit où m'asseoir, en prétextant avoir oublié des cahiers. Je n'aurais peut-être pas dû car je risque fortement d'arriver en retard dès le premier jour, mais j'avais besoin de prendre l'air.

J'étais déjà étouffée par l'air que j'étais sur le point de respirer.

Wastford Hills est à portée de vue, mais je reste encore dans ma bulle quelques instants avant de devoir l'éclater, même si celle-ci l'a déjà été depuis l'apparition de ce type, qui m'a bizarrement fais penser à l'allégorie de mes souvenirs.

« Alors si tu vas si bien comme tu le prétends, pourquoi tu chiales en pleine rue ? », voilà ce que m'aurait dis mon passé.





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