Le Vieux-Monde

Une fabuleuse découverte

Quand ce matin, Elly annonça à sa sœur qu'elle allait chez Tom, elle s'attendait à passer une journée banale avec son ami. Elle prit son sac, son skate et s'engagea sur la route. Comme d'habitude, en passant par la rue Clairvaux elle sentit une odeur de ciment frais ce qui ravivait en elle de vifs souvenirs, en passant devant chez Mme. Butterfield, cette grand-mère sénile si drôle lui adressa un signe de la main en tenue de bowling, et en arrivant dans le quartier de son ami elle vit toutes ces belles maisons, alignées dans une file interminable, comme une rangée de moutons attendant de passer à la tondeuse. Comme d'habitude, elle gara son skate à côté du petit bosquet fleuri reposant à côté des marches, cachant en fait une caméra de surveillance, fit un grand sourire à la caméra, toqua à la porte de Tom, et comme d'habitude, entra sans en attendre l'autorisation.

Les parents de Tom étaient toujours ravis de la voir. Ils disaient qu'elle avait bonne influence sur lui. « S'ils savaient... », se disait à chaque fois Elly.

Tom est un garçon plutôt réservé. Il est timide, n'a pas beaucoup d'amis et n'est pas friand d'activités extrascolaire. Elly lui donnait ce peps qui manquait en lui. Elle l'embarquait toujours dans ses aventures depuis leurs six ans. Quand elle était là, Tom abandonnait son image de garçon timide, pour revêtir un autre costume, celui de l'homme joyeux. Avec elle, Tom souriait toujours, et devenait très abordable. Comme une autre personne. Il était devenu rapidement un très bon compagnon de jeu pour Elly depuis qu'elle l'avait sorti de sa coquille, le meilleur même. Personne ne savait comment ils étaient devenus amis, eux pourtant si différents, mais depuis la maternelle, ils ne se lâchaient plus. Leur amitié restait un mystère pour tout leur entourage et sûrement pour les plus grands scientifiques du pays.

Elly passa devant le salon où Mr. Todd, semblait-il, réparait la télévision, et devant la cuisine où sa compagne rangeait le lave-vaisselle. Chacun lui adressa le bonjour joyeusement et l'invita  rejoindre Tom dans sa chambre. Elle grimpa les escaliers quatre à quatre et ouvrit à la volée la porte de la chambre de son ami. Sans surprise elle découvrit le même spectacle que d'habitude. Le garçon était là, à son bureau en train de faire ses devoirs d'un air sérieux, ses lunettes sur le nez, dans sa chambre rangée de façon très organisée. Il était tout le contraire d'Elly. Elle faisait souvent ses devoirs le matin même, pendant qu'elle prenait son petit-déjeuner, et sa chambre était dans un état incroyable. Elly avait le don de garder toute babiole qu'elle trouvait. Tout était important d'après elle. Du vieux bout de papier reportant une conversation avec une amie faite en classe jusqu'à un sac en plastique venant d'une boutique de vêtements, en passant bien sûr, par tous les posters qu'elle pouvait trouver.

En entendant sa porte claquer contre le mur, le jeune homme sursauta

Tom: Elly! Ne me fais plus jamais ça!

Elly, en riant: Désolée, mais je n'ai pas pu m'en empêché, tu devrais te voir à travailler comme un nerd!

Tom: Je fais mes devoirs! Contrairement à toi, je ne veux pas être puni parce que je n'ai pas fait mon travail!

Elly riait aux larmes, bientôt rejointe par son ami, qui ne pouvait pas s'empêcher de rire face à sa meilleure amie.

Tom éprouvait une tendresse infinie envers son amie, comme s'il se sentait obligé de la protéger. Mais il savait que s'ils se faisaient agresser, Elly riposterait par une réplique amère et par une prise de karaté, alors que Tom se contenterait de rester derrière elle, tétanisé de peur et tout tremblant. Tom était très triste de savoir qu'en cas de besoin, Elly ou quiconque n'aurait besoin de lui tellement il était trouillard. Il n'arrivait pas à s'empêcher de craindre le pire dans chaque situation critique.